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𝑰 𝑵 𝑨 𝒀 𝑨


— VOUS POUVEZ POSER ça juste ici. Pointai-je ma chambre du doigt.

Les deux livreurs soulevèrent mon énorme carton et le posèrent près d'un mur dégagé de ma chambre. Une heure plus tôt, j'avais parfaitement rangé ma chambre et rien — mis à part mes livres empilés et mes pointes — ne dépassaient.

L'un d'eux poussa un lourd soupir en se relevant et posant ses mains sur ses hanches.

— Et vous allez monter tout ça toute seule ? Me demanda-t-il.

— Ahh, tu connais les femmes d'aujourd'hui, elles peuvent construire une maison sans notre aide. Rit son collègue.

Je ne savais pas vraiment comment le prendre alors, je me contentai de sourire en leur assurant que j'allais pouvoir me débrouiller. Dans tous les cas, je n'allais pas avoir le choix puisque leur entreprise ne proposait plus d'aide.

Je leur donnais deux billets de 20 en guise de pourboire avant de fermer la porte. Il était tout juste 14 heures et j'avais nettoyé tout mon emploi du temps de cet après-midi pour pouvoir me concentrer là-dessus. Le petit livret d'instruction indiquait qu'il fallait 1 heure 30 pour monter totalement le meuble mais cela n'allait certainement pas être mon cas.

Et sans grande surprise, il ne me fit pas plus de 15 minutes avant de me laisser tomber sur mon lit. Monter des meubles ne faisait pas partie de mes compétences. Depuis toute petite, mon père s'occupait de ces choses là. Et lorsque ce n'était pas lui, le personnel le faisait pour nous. Ça avait toujours été plus facile de payer quelqu'un pour le faire à ma place.

Découragée, je fixai les plaques en désordre sur mon sol avant d'allonger mon dos.

Même lorsque Lucy reviendrait, on n'allait jamais s'en sortir. Elle était encore plus dépendante que moi.

Mes pensées se redirigèrent vers la proposition de mon voisin. C'est vrai que je voulais me débrouiller seule pour apprendre par moi-même mais là, le défis était beaucoup trop grand. Son aide allait probablement me sauver.

En moins de trente secondes, mes sandales étaient enfilées et je me tenais devant sa porte, en attente d'une réponse.

Et si son offre n'était plus valable ? En soit, il ne me devait rien et il avait sûrement quelque chose de mieux à faire un samedi après-midi.

Et il voudrait aussi quelque chose en contre partie. De l'argent ? Un service ?

La porte s'ouvrit, coupant court mes pensées. Theo, dans un ensemble survêtement Nike noir, se trouvait devant moi et je dus faire un pas en arrière.

Une délicieuse odeur de viande et d'épices vinrent caresser mes narines. Il cuisinait ?

— Oh, tu es là. Fut la première chose qui passa mes lèvres.

De la confusion marqua son visage et comme si je venais de dire quelque chose de drôle, il rit finement.

— T'es bien la seule personne que je connaisse qui sonne chez les gens en espérant qu'ils ne soient pas là.

— Je pensais pas que tu serais chez toi. Avouai-je.

— Pourquoi ? Je t'ai dit que je serais là.

Sa voix rauque avait perdu quelques octaves pendant qu'il me détaillait. Il s'appuya contre le seuil de sa porte, les bras croisés.

— Que puis-je faire pour toi, en ce samedi ensoleillé ?

Where the heart belongsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant