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𝑰 𝑵 𝑨 𝒀 𝑨


La simple vue du présentoir d'alcool de Theo me mis mal à l'aise. Je m'en voulais d'avoir cédé aussi facilement à la tentation. J'étais dans un moment de détresse mais rien n'excusait pas cet abus.

Lorsque je me tournai, le regard persistant de mon voisin se trouvait déjà sur moi. Est-ce qu'il me jugeait toujours par rapport à la nuit précédente ? En même temps qui ne le ferait pas ? Lors de notre première rencontre, j'avais insisté sur le fait que je ne buvais pas et il avait fini par me retrouver avec une bouteille de whisky à moitié vide.

Prise d'un sentiment humiliant, je jouais avec mes doigts, nettoyant ma gorge.

— Tu viens de te réveiller ? Tu ne m'aurais pas volontairement ignoré... j'imagine.

Il s'avança vers moi avant de s'asseoir sur l'accoudoir de son fauteuil.

— Je sens du jugement dans ta voix. Leva-t-il les sourcils.

— Pas du tout. C'est juste qu'il est...tard ?

Je ne savais plus quoi faire de mes mains alors je les glissai dans les poches arrière de mon jean.

— Et je me suis couché tard. Répondit-il simplement en se levant. Tu veux quelque chose à boire ? J'ai de l'alcool mais si tu veux mon avis, il est encore trop tôt pour ça.

Tandis qu'il m'offrit ce sourire faussement innocent, ma mâchoire tomba. Il n'avait pas osé ? Je poussai ma langue contre ma joue en le regardant ouvrir une petite bouteille d'eau provenant de son frigo.

— Ça va, pour ce que tu m'as fait subir, j'ai le droit de te taquiner un peu. Reprit-il.

Je fronçai les sourcils. « Subir » ? Qu'est-ce que j'avais bien pu faire pour qu'il emploie un terme aussi fort ?

— Ok, est-ce que tu veux bien me dire ce qui s'est passé ? Je n'arrive pas à m'en rappeler.

Il avait dû ressentir la frustration dans ma voix. En même temps, ça faisait deux jours que je me trainai ce trou de mémoire. J'avais retrouvé des bribes. Mon téléphone qui avait sonné des appels de mes parents. Moi fixant le plafond, me demandant pour la énième fois si je devais abandonner ma passion ou non. Mais, je n'avais même pas le souvenir d'ouvrir la porte à Theo. De le laisser volontairement rentrer chez moi.

— Tu ne t'en souviens pas du tout ? Demanda-t-il, vraisemblablement étonné.

Je secouai la tête, appréhendant l'histoire. Qu'est-ce que j'avais pu bien faire sérieux ?

— Tu ne te souviens pas m'avoir appelé depuis ton balcon ?

— Non.

— Ni de m'avoir forcé à manger les bonbons avec toi en pleurant parce que tu culpabilisais sur ta prise poids ?

Je fermai les yeux, embarrassée. J'étais irrécupérable. C'était tout à fait moi et je pouvais très bien m'imaginer la scène.

— Ni même d'avoir chanté à plein poumons toute la discographie de Queen ?

Mes yeux s'écarquillèrent, les battements de mon coeur s'accélérant.

— Tu mens. Lançai-je, immédiatement.

C'était impossible. Jamais je me serais autant ridiculisée à ce point et encore moins devant une personne avec qui je n'étais pas totalement à l'aise. Pleurer sans cesse ? Je pouvais le croire. Déblatérer je-ne-sais quel livre qui m'avait laissé frustré sans qu'on me demande mon avis ? Bien sûr que c'était plausible. Mais chanter devant Theo ? Ça relevait de la fiction.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 15 ⏰

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