Where the heart belongs

3.

𝑻 𝑯 𝑬 𝑶

— PLUS VITE. Pivote. Enchaîne. Plus vite. Bien !

Dégoulinant de sueur, j'effectuais une dernière série en tapant et esquivant les pattes d'ours de mon entraîneur. Le parquet de la salle de boxe résonnait du crissement de mes chaussures. À chaque grognement que je poussais, je sentais l'adrénaline monter, chaque coup porté était une victoire personnelle.

Mon entraîneur, un homme dans sa cinquantaine, avec une barbe broussailleuse et une voix rauque qui portait des années d'expérience, me poussait au-delà de mes limites.

— Sois plus fluide sur le crochet ! Me cria-t-il.

Quelques coups s'enchaînèrent encore avant qu'il ne repousse violemment le dernier mouvement que j'envoyai pour me signaler la fin de la session.

— Bien joué, champion ! Tu vois, tes crochets sont plus précis. Travaille encore ta vitesse et tu vas taper là où ça fait mal.

Essoufflé, je reposai mes mains gantées sur mes hanches pour récupérer. Ma gorge et mon thorax me brûlaient.

— Et n'oublie pas la défense. Tu peux pas seulement compter sur l'attaque sinon tu t'épuiseras plus vite que ton adversaire. Il faut que tu puisses bloquer et esquiver les coups plus vite.

Je hochai la tête, sentant un point tirailler dans mes côtes.

— Demain, on passe au niveau supérieur, ok ? Je dois encore te montrer deux-trois trucs.

Avant qu'il ne quitte le ring, il se tourna de nouveau vers moi.

— Ah, et si tu vois James, dis-lui que c'est pas la peine de me chercher. Ce petit se fout constamment de ma gueule. Grommela-t-il en partant.

J'eus à peine le temps de me remettre de mes efforts que la douleur du point de côté s'élança violemment dans mon côté droit. Je grinçai des dents, en poussant mon poignet contre la douleur.

—Argh, putain. Grimaçai-je.

Cette journée d'entrainement avait été éprouvante mais elle était loin d'être terminée puisque j'avais encore un shift au restaurant à faire.

Contrairement à ce que certaines personnes de mon entourage pensaient, la boxe ne payait pas si bien que ça. Du moins, pas à mon stade. Les matchs où je pouvais empocher un gros cachet étaient beaucoup trop ponctuels pour que je puisse compter là-dessus.

À l'instant où j'ouvris mon casier, je vérifiai les notifications de mon téléphone. Depuis l'incident d'hier, Mia ne voulait plus m'adresser la parole. J'avais tenté une autre approche plus tôt dans la journée mais visiblement ça n'avait pas fonctionné.

Je poussai un soupir, le front contre le métal froid.

— Quoi de beau, Romeo ? Encore une femme qui te malmène ?

Je sursautai à la voix inattendue de James. Il portait ce sourire niais habituel.

— Non, en revanche, je serais toi, je me ferais discret. Coach Brown risque de te tomber dessus. L'avertis-je.

— Raah, ça va. Il devrait apprendre à se détendre de temps en temps celui-là. Souffla-t-il en se laissant tomber sur le banc, son visage marqué par de la frustration.

— T'étais où ? Demandai-je, un ton plus sérieux.

— En garde-av'.

Je fronçai les sourcils. Encore ?