5.

117 19 1
                                    


𝑻 𝑯 𝑬 𝑶


CERTAINS ÉVÉNEMENTS DE LA VIE nous font comprendre qu'on vieillit. Le premier cheveu blanc, le mal de dos, la première ride.

Pour mon cas, il s'agissait des gueules de bois. Plus le temps passait plus je les sentais passer.

Et ce matin, j'avais l'impression de vivre l'une des pires. Les membres lourds et mes mouvements las, je m'assis sur le bord de mon lit, laissant entendre un profond grognement. Le goût amer du whisky logeait encore dans le fond de ma gorge comme un rappel brutal de la soirée mouvementée que j'avais passé.

Mes yeux scannèrent ma chambre, à peine éclairée par la lumière du jour qui traversait mes rideaux. Il me fallut peu de temps pour constater que l'alcool coulait encore dans mes veines.

— Putain. Gémissai-je, la voix plus enrouée que d'habitude.

Je n'avais même pas le souvenir d'avoir autant bu la veille.

Je n'avais que vingt-sept ans bordel, pourquoi mon corps agissait comme si j'étais sur le point de crever ?

Il fallait peut-être que je pense à mon assurance vie et à mon testament. Qu'est-ce que je vais léguer à ma famille à part ma collection de Nike ?

Je restai pendant probablement dix minutes à fixer une chaussette à terre et à remettre en question mes derniers choix de vie. Je me décidai enfin à sortir constater les dégâts dans les autres pièces de mon appartement.

Mon groupe d'amis n'était pas réputé pour faire des soirées calmes. Avant même d'ouvrir la porte, je m'attendais déjà à voir toutes mes affaires sens dessus-dessous et des corps à terre.

À ma grande stupéfaction, aucun corps inconscient ne gisait à terre et une tornade n'était pas passée dans mon salon. Simplement des bouteilles d'alcool sur la grande table et une horrible odeur de renfermé.

— Ah, la Belle au bois dormant est enfin réveillée.

James sortit de ma cuisine, un bol de céréales dans la main. Il avait l'air plutôt en forme pour quelqu'un qui était bourré avant tout le monde.

— Tout le monde est rentré ? Marmonnai-je en frottant mon visage, cherchant à me débarrasser de cette sensation de fourmillement.

— Yep, saints et saufs. Confirma-t-il en enfonçant une première cuillère dans sa bouche.

J'ouvris mon frigo et attrapai une bouteille d'eau.

— Il s'est passé quoi hier ?

L'eau était sincèrement la chose la plus délicieuse de ce monde. Elle dépassait toutes boissons confondues.

— Trop de trucs, mec. Je suis même surpris que rien ne soit cassé. Au passage, je serais toi, je nettoierai la salle de bain avec des gants parce que Mike et Priya ont niqué là-dedans.

J'avalai de travers, déclenchant une crise de toux. Je me tournai vivement vers mon pote, l'air exaspéré.

Il était encore trop tôt pour ça, putain.

— Tu déconnes ?

Il haussa les épaules avec nonchalance.

— J'en ai pas la certitude parce que j'écoute pas aux portes mais ils y sont restés longtemps. Insista-t-il d'une manière très suggestive.

Certaines personnes allaient être bannies de chez moi.

— Priya ferait pas ça. Cherchai-je à la défendre.

Where the heart belongsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant