Where the heart belongs

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𝑰 𝑵 𝑨 𝒀 𝑨

Tout me paraissait lourd. Mes bras, mes jambes, ma tête. Ma langue, pâteuse.

Doucement, j'ouvris les yeux, m'accommodant à la pénombre de la pièce. Avec lassitude, je touchai autour de moi. Mon canapé. Je me trouvais sur mon canapé.

Lorsque je m'appuyais sur mon accoudoir pour me révéler, un mal de tête violent me prit.

— Ugh, putain... Grommelai-je.

Mon train de pensées fut arrêté par mon estomac qui se tordit de douleur. Et d'un seul coup, un frisson parcourut l'entièreté de mon corps. Oh non.

À une vitesse phénoménale, je me précipitai dans la salle de bain, ne loupant pas de brutalement me prendre le coin de la table basse dans la jambe droite. La douleur ne me parvint pas tout de suite. Ma première préoccupation était mon envie de vomir imminente. J'eus à peine le temps de lever la lunette des toilettes que mon ventre se vida douloureusement, puisant dans le peu d'énergie que j'avais.

Épuisée, je posai ma tête sur mes avants-bras, essayant de récupérer. Je ne pouvais pas dire à quand remontait la dernière fois que je m'étais senti ainsi.

— Soirée difficile ?

Cette voix masculine et à la texture brute me fit sursauter et mon mouvement brusque vers son détenteur causa une douleur stridente dans ma boîte crânienne. Je gémis à nouveau et l'arrivée subite de la lumière m'éblouit. Il me fallut plusieurs secondes pour discerner les traits la personne  se tenant devant moi.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Et... Et comment t'as réussi à rentrer ? Questionnai-je Theo, dans une confusion absolue.

Il se tenait debout, contre le cadre de la porte. Les mains dans les poches, ne semblant pas trouver cette scène absurde. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? 

— Pour quelqu'un qui m'a dit qu'elle ne buvait pas d'alcool, t'as plutôt bien descendu la bouteille de Jack.

Putain.

L'audition.

Merde.

Des images de la journée me revinrent et mon estomac se noua de nouveau. Maladroitement, j'attrapai d'une main le lavabo et de l'autre, la cuvette et tenta de me relever. Par manque de force, j'échouai lamentablement pour retomber sur mon postérieur. Theo eut le réflexe de s'approcher de moi pour m'aider mais je tendis mon bras pour l'arrêter.

Il venait de me voir vomir, ce qui était déjà humiliant, je n'avais pas besoin qu'il rentre dans mon périmètre.

— Est-ce que... Est-ce que tu peux me laisser toute seule. J'ai juste besoin de—...

Sans même que j'eus à finir ma phrase, il acquiesça simplement avant de refermer la porte. Seule avec moi-même dans cette salle de bain, je restai un moment à terre. Je faisais tous les efforts du monde pour recoller les morceaux de la soirée mais je n'avais qu'un trou noir.

Il y avait eu l'audition. Puis le metteur en scène. La supérette où j'avais acheté le whisky et des tas de cochonneries. Les appels de mes parents que j'avais volontairement ignorés. Et ensuite ? Comment Theo s'était retrouvé dans mon appartement ?

Par réflexe, mes mains touchèrent mon buste puis mes jambes. Un poids se leva de ma poitrine ;  Je portais encore mes vêtements.

Plus je me remuais les méninges, plus la panique montait. Ça faisait des années que je ne m'étais pas retrouvée dans cet état-là. Je détestais la sensation de l'alcool, je détestais comment il me rendait. Impuissante, vulnérable et incapable de me rappeler pourquoi mon putain de voisin se trouvait dans mon salon.