Chapitre 5

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Rafael

C'est un terrible cauchemar dont je vais me réveiller d'ici quelques instants. Ça ne peut pas en être autrement.

Je prends plusieurs inspirations dans la cuisine et essaie de me calmer. Je frotte mes paupières en espérant découvrir que cela n'est pas la réalité mais c'est tout le contraire. J'entends au loin les voix de Lyana et son père.

Tout est réel.

Pourquoi est-ce que la seule fille avec qui je m'autorise à vivre quelque chose le temps des vacances doit être ma demi-sœur ?

J'avais pourtant un mauvais pressentiment que j'ai de suite oublié quand j'ai vu Lyana dans la cuisine. Avec elle j'arrive à être positif et insouciant, j'aurai dû me fier à mon instinct même si je ne m'attendais pas à un retournement de situation aussi gros.

Et je ne pouvais même pas m'en douter parce que, honnêtement, je ne savais pas que ma demi-sœur s'appelait Lyana. Tout le monde l'appelle toujours Lylie. Je trouve ça dommage qu'ils n'utilisent pas Lya, c'est mignon. Mais bon, au moins j'ai le privilège d'être le seul à l'appeler ainsi... Jusqu'à ce qu'elle me dise d'employer le même surnom que les autres. Je ne sais pas si elle était sérieuse mais ça m'a blessé. C'était un petit truc qu'on avait qu'entre nous deux et j'ai l'impression qu'elle a envoyé notre histoire valser dans le décor.

Et comme le dernier des imbéciles que je suis, j'ai appelé mon meilleur ami quand je suis parti changer de tee-shirt, pour lui dire que j'ai retrouvé mon amour d'été. Il était aussi enthousiaste que moi et avait hâte de la rencontrer.

Qu'est-ce que je vais faire ?

De plus, nous allons emménager tous ensemble dès que le mariage sera passé. Je vais devoir la voir et refouler mes sentiments à chaque heure de la journée.

J'inspire, j'expire.

Elle ne reste pas pour toujours mais seulement pour la fin des vacances. Je suis capable de survivre quelques jours, non ?

Je me prépare un verre d'eau pour finir d'encaisser la terrible nouvelle quand j'entend la porte menant à l'extérieur claquer. Je me tourne et découvre Lya. Son visage est fermé et je ne l'ai jamais vu aussi sombre.

— Il faut qu'on parle, lance-t-elle en croisant les bras.

Il faut avouer que je ne suis pas encore prêt à avoir cette discussion mais autant le faire maintenant et en être débarrassé.

— Je ne crois pas qu'il y ait grand chose à dire...

— Je pense le contraire, s'énerve-t-elle.

Je souffle, déjà énervé par la conversation. Elle passe une main sur son visage et a l'air bout.

— J'arrive pas à y croire. Comment on a pu passer à côté de tout ça ?

— J'ai pas plus de réponses et de solutions que toi, Lylie.

J'insiste sur son surnom pour lui montrer à quel point elle m'a blessé.

— Raf... Je veux pas que tu m'appelles comme ça, j'ai dit n'importe quoi. J'ai paniqué !

— De toute façon on ne peut rien faire, je suis ton demi-frère. Comme tu l'as dit tout à l'heure, volontairement ou pas, je suis comme tout le monde pour toi. Je ne suis plus une personne qui doit avoir plus d'importance ou qui peut te donner un surnom mignon... Il n'y a plus de nous.

Ses yeux brillent et je lutte pour ne pas la prendre dans mes bras.

— Tu me brises le cœur Raf.

Elle renifle en levant les yeux au ciel pour retenir ses larmes. C'est mon cœur à moi qui se brise en sachant que c'est de ma faute si elle est dans cet état.

Juste le temps d'une soiréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant