Chapitre 10 : Réalisation

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Je me refais en boucle les trois derniers jours et toutes les choses bizarres que je ressens depuis... C'est pas possible... Non ça peut pas être vrai. Mon coeur s'emballe, j'ai du mal à respirer et je commence à avoir très chaud.

- Ça va Mino?

Alex me fait sortir de mes pensées. Il doit avoir remarqué que mon esprit n'était plus avec lui.

- Il faut que je rentre. Je me sens pas très bien d'un coup.

Je me lève et Alex me retient par le bras.

- Mino dis moi ce qui ne va pas

Je n'ai plus envie de le voir ni de l'entendre. Il faut que je rentre chez moi. J'ai besoin d'air, ça ne va pas du tout. 

- Je t'ai dit que j'étais pas bien

Je retire mon bras de sa main, je vais dans ma poche et lui donne un double de la clé de la maison.

- Rentre quand tu veux. Moi j'y vais.

- Mais Mino on vient d'arriver et tout se passait bien, c'est quoi le problème ? Explique-moi

Je me retourne et je ne peux m'empêcher de mal le regarder. Il a l'air vraiment perdu mais c'est plus fort que moi. J'ai le besoin immédiat de m'éloigner de lui.

- Tu comprends pas quoi quand je te dis que je me sens pas bien putain ? Y a pas de questions à se poser

Il baisse le regard. Il a l'air blessé. Je regrette immédiatement mes mots mais je ne les retire pas pour autant. Je pourrais faire n'importe quoi pour partir d'ici. J'ai l'impression d'étouffer. Il hoche la tête, le visage fermé et se retourner pour regarder la mer. Quant à moi je me dirige vers la maison.

Une fois rentré je fonce dans ma chambre que je ferme à clé et m'assois sur mon lit. J'essaie tant bien que mal de reprendre ma respiration. Je prends ma tête dans les mains. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive. Je ne peux pas aimer d'un homme. C'est pas possible, c'est un cauchemar je vais me réveiller. Qu'est-ce que penserait mon père... Puis je veux des enfants, une femme, une vie normale! Non je suis pas prêt à ça. Peut-être que c'est juste Alex et pas les hommes en général... Mais même si ce n'était qu'Alex! C'est déjà de trop. Je ne peux pas. Ma tête va exploser, il y a tellement de choses qui s'y passent et se mélangent. Mais d'un autre côté je comprends tout, la soirée quand j'étais bourré, son parfum qui me rend fou, le fait que je ne puisse plus me passer de lui, ce que je ressens quand je le vois, quand il me touche et quand je l'ai vu dans la salle de bain tout à l'heure...  Putain mais qu'est-ce qu'il a fait de moi, comment c'est possible de ressentir en trois jours ce que je n'ai jamais ressenti de toute ma vie... Pourquoi lui... Pourquoi moi...

Mon cerveau travail à tout allure pour trouver comment me sortir de ça. Après plusieurs minutes j'ai trouvé. Tant pis, je vais l'ignorer jusqu'à ce qu'il vive encore ici et quand il sera parti tout ira mieux. Je l'oublierai et je me concentrerai sur Alice. Je ferai semblant toute ma vie, j'en suis capable. Je ne peux pas décevoir mon père, il s'inquièterait de trop pour moi. Mais j'ai trouvé une solution, ça va aller...

Maintenant que j'ai trouvé ce que j'allais faire ma respiration se calme et je décide de mettre mes écouteurs. Je resterai enfermer le plus possible ici jusqu'à ce qu'il parte. J'en suis capable, c'est bien ce que je faisais avant son arrivée.

***

Après 1 heure, j'entends toquer à la porte de ma chambre. Mon coeur semble s'arrêter quand il comprend qui se trouve derrière.

- Mino... Ça va mieux ?

J'entends la voix d'Alex de l'autre côté de la porte. Je préfère ne pas répondre.

- Mino répond moi s'il te plaît, je suis inquiet. Je sais que tu m'entends.

Je ne réponds toujours pas. Ça me déchire le cœur de l'ignorer mais c'est de sa faute si je suis dans cet état. S'il n'était jamais venu ici ma vie aurait continué à être celle qu'elle est.

- Je vois...

Je sens dans sa voix qu'il est mal, mais il ne peut pas l'être autant que je le suis. Je l'entends rentrer dans sa chambre.

Quelques minutes plus tard j'entends mon téléphone biper. C'est lui.


ALEX: Mino... Que tu ne veuilles pas me parler, d'accord. Mais dis moi au moins si tu vas bien.


Rien qu'à la vue de son prénom, mon coeur bondit dans ma poitrine. Je ne peux pas lui répondre. Ça me brise mais il faut que je m'en éloigne. Mon téléphone bipe à nouveau.


ALEX: S'il de plaît...


Il doit s'inquiéter. Je vais lui dire que je vais bien et il me laissera tranquille.


MOI: Je vais bien. J'ai juste besoin d'être seul, tu peux respecter ça ?

ALEX: Est-ce que j'ai dit quelque chose de mal ? Je ne comprends pas...


Chacun de ses messages me brûle le coeur mais je dois résister. C'est pour mon bien. Je pose mon téléphone face contre mon lit et j'essaie de ne plus y prêter attention. Mais une, deux puis trois vibrations se succèdent à quelques minutes d'intervalles. Je lutte pour ne pas regarder mais c'est plus fort que moi. J'allume mon téléphone et me rends sur la conversation.


ALEX: Mino réponds-moi

ALEX: Tu peux pas me faire ça sans aucune explication

ALEX: Si j'ai dit quelque chose de mal je te présente mes excuses, mais dit moi ce que j'ai pu dire pour te blesser ?


Il doit être à mille lieux d'imaginer la raison de mon état. Et je ne peux pas lui en vouloir de m'avoir fait l'aimer. Bon première fois que je me l'avoue a moi-même... Ça me donne mal au ventre. Je n'arriverai jamais à vivre avec ça. Devoir l'ignorer me tue mais je suis obligé. Je vais quand même lui dire qu'il n'y est pour rien car je ne veux pas qu'il se sente coupable de quoique ce soit car il ne mérite pas ça. Et après fini. Ça sera bonjour, au revoir, le temps que je revienne à la raison et que je l'oublie. Tant pis s'il ne comprend pas ce qu'il se passe. Je trouverai bien une excuse pour mon comportement entre temps.


MOI: Ça n'a rien avoir avec toi. Laisse moi maintenant, s'il te plaît.


Il me répond presqu'instantanément.


ALEX: D'accord. Si tu as besoin de moi je suis à côté. Je suis là pour toi Mino, toujours.


Je sens les larmes qui me montent à la lecture de son message. J'aimerais tellement tout lui dire. Mais lui aussi me fuirait. Je préfère le perdre mais qu'il garde de bons souvenirs de nous que de le perdre mais qu'il garde une sale image de moi. J'aurais tant aimé conserver notre amitié en enfuyant mes sentiments mais ceux-ci sont trop puissant, trop dangereux. Je les contrôle de moins en moins et je sais que je ne pourrai jamais les contenir très longtemps. C'est mon corps qui parle quand je suis avec lui. 

Savoir qu'il est dans la pièce à côté et que je ne peux pas aller le voir, le rassurer, me rend malade. Ça va être dur sans lui, mais il faut que je tienne. J'espère qu'il ne m'en voudra pas mais  je ne pourrai pas aller à son concert demain...

Je mets mes écouteurs, la musique à fond et je m'endors dans mes larmes, tant bien que mal.

SquatteurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant