VII. les amants

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Point de vue Esteban :

Nous enjambons un à un le corps de cet homme, évitant comme nous pouvons de ne pas tacher nos chaussures de sang ou de morceau de cervelle.

C'est très amusant d'avoir la main mise sur la vie de quelqu'un, mais après l'avoir tué, c'est toujours embêtant de voir le désordre qu'il provoque.

Comme quoi, les humains sont emmerdants, mort comme vivant.

Avant de sortir de la salle, je me penche vers ce corps inerte pour de le dépouiller.

Je dépouille une dépouille. Vraiment ironique.

Cette pensée me fait sourire, m'attisant par la même occasion quelques regards horrifiés de la part des hommes restants. Je n'y prête pas le moins du monde attention, continuant de fouiller toutes les poches avant de tomber enfin sur mon pesant d'or, son téléphone.

Rapidement, je rejoins les autres dans l'ascenseur.

- Qu'est-ce que tu faisais, James Bond ? M'interroge Juan.

Il fait référence au jour où nous nous sommes confessés sur quelle personne nous rêvions d'incarner. Pour notre défense, nous étions sous l'emprise de l'alcool. Et, depuis ce jour, il me nomme ainsi.

- Ce ne sont pas tes affaires Tupac.

Je vous laisse deviner quelle personne il rêvait d'incarner en tant qu'afro-latino qui se respecte.

- C'est plus Tupac là, c'est Tupars, intervient Antonio, hilare de sa blague.

- Sal raciste, insulte Juan, sans doute vexé par sa réflexion.

- Rho ça va, c'était une plaisanterie, Kanye Ouest dit Alejandro avant d'exploser de rire avec Antonio tels des gamins prépubères.
Il fait allusion à un rappeur afro-américain connu sous le nom de Kanye West et dont les traits du visage ressemblent légèrement à ceux de Juan, d'où la parodie du nom.

- Qu'est-ce que tu faisais ? M'interroge cette fois-ci Victoria, un sourire aux lèvres, coupant court à l'acharnement des garçons contre Juan.

Je dégaine le téléphone de ma poche pour lui montrer ma trouvaille.

- J'ai pensé que ça pouvait nous aider dans nos recherches, je lance.

- Muy ingenioso, menos mal que estás aquí. (Très ingenieux, heureusement que tu es là.)

- Olala, je n'ai jamais vu un aussi gros lèche-cul que toi ! Lance Loren à mon égard.

- Culotté venant d'un gay. Je réponds.

Les autres se mettent à rire de cette réflexion. Je ne dirais pas que je suis parfait, mais il est vrai que je maîtrise l'ironie à la perfection comme d'autres domaines contrairement à ces êtres.

Si Victoria n'était pas présente pour compenser le manque d'intelligence de ces êtres, il y aurait bien longtemps que je serais parti.

Entre Antonio qui n'est jamais satisfait, Alejandro qui joue le mec mystérieux, Juan et sa débilité et Loren,... qui est juste Loren. Il y a de quoi perdre quelques neurones.

Mais, il est très surprenant de constater que les sept dernières années en compagnie de ces cinq personnes à créer un certain attachement, il faut le reconnaître.

De retour à la villa, je ne perds pas de temps et retourne dans ma chambre. Une fois la porte fermée, je me permets de souffler réellement.

Je n'aime pas particulièrement parler, mais ces cinq énergumènes sont ma famille et leur présence m'apporte je l'avoue un certain calme intérieur.

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