Prologue

429 33 37
                                    

J'avais dix ans, alors je ne comprenais pas. Je ne savais pas qu'en ce jour, ma vie entière allait basculer.

Maman est malade. Papa dit qu'elle a un cancer et qu'elle a besoin de mon aide pour ne plus être malade.

Je ne sais pas ce que je peux faire, mais je décrocherai la lune pour elle. Pour maman, je peux tout faire.
Je veux seulement qu'elle aille mieux.

La voir dans un état faible me fait mal au coeur.
J'ai toujours pensé que mes parents étaient immortels, mais plus je la contemplais, plus les doutes s'immisçaient. On aurait dit qu'elle s'éteignait lentement.

Scotchée à son lit, j'embrasse sa main avant de partir.
Papa veut m'emmener dans un endroit secret, un endroit qui pourrait aider maman.

Dans la voiture, il ne fait que me rabâcher à quel point il m'aime, il ne me l'avait jamais dit auparavant.
Ni lui, ni maman.

Main dans la main, nous arrivons dans un entrepôt bondé de monde.

Un grand chauve est venu parler à papa, m'a attrapée et m'a emmenée sur la scène.

Je crois que mon cœur s'est arrêté à ce moment-là.
Les regards des hommes me scrutant de haut en bas me stressent.

Où sommes-nous ?
Est-ce que ces hommes vont pouvoir aider maman ?

— On commence les enchères à vingt mille dollars pour cette demoiselle âgée de dix ans. Nora est soumise et obéit au doigt et à l'œil. Avec elle, pas de caprices et d'après ce qu'on m'a dit, elle apprend très vite. dit-il tout fier en me lançant un clin d'œil.

Quoi ?
Qu'est-ce qui se passe ?
Pourquoi me décrit-il comme s'il allait me vendre et pourquoi dit-il que je suis obéissante ?
Que veut dire soumise ?

Je ne comprends rien, trop de questions fusent dans ma tête.

Je lance un regard vers papa, complètement apeurée.
La tête baissée, ses yeux scrutent ses pieds.
Il semble tout aussi désemparé que moi.

Je ne bouge pas, les pieds ancrés au sol comme une statue de pierre.
Je n'écoute plus les gens, ni ce monsieur qui, d'ailleurs, me tient toujours le bras fermement, et je me concentre sur papa.

Il a l'air si triste, je crois que c'est à cause de la maladie de maman.

— Je propose quarante-huit mille dollars.

— Qui propose davantage ? Quarante-huit mille. Je répète, quarante-huit mille. Alors c'est adjugé, vendu ! hurle l'homme en me lâchant le bras pour me pousser hors de la scène.

Je trébuche de celle-ci, me faisant mal à la cheville, lorsqu'un autre inconnu me rattrape avant de tendre une somme d'argent à celui qui m'a poussé.

Vendu ? Comment ça, vendu ?
Je suis un objet.

Mon coeur bat la chamade, les pensées se bousculent dans ma tête comme si on m'avait donné un violent coup à la tête.

Soudain, je comprends tout.
Lorsqu'il me disait que maman avait besoin de mon aide, elle avait en fait besoin d'argent.

Je sais que les soins médicaux ne sont pas gratuits, et je sais aussi que nous ne sommes pas assez riches pour nous permettre un tel luxe.

— Papa ! crié-je à pleins poumons.

Je ne le trouve plus, il n'est plus là.

Je me débats pour que cet homme me lâche, mais en vain...

— Papa ! retenté-je, mais ma voix s'étouffe parmi celles des hommes présents dans la salle.

— À partir de maintenant, je serais ton nouveau papa. déclare-t-il en sortant de l'entrepôt.

Son odeur de tabac me monte au nez.
Papa, lui, ne fume pas.

Non, il ne fume pas, il me regarde partir avec cet inconnu sans rien faire.

Il m'installe de force dans sa voiture et m'attache.

Je tente alors d'ouvrir la portière, mais mon ravisseur an mis la sécurité enfant.
Je suis prise au piège.

— Je veux mon papa.

— Enchanté ma jolie, je suis papa Ernest.

Il ne me laisse pas le temps de répliquer puisqu'il augmente le son de la musique.

Papa m'a abandonné.
Les larmes coulent et je ne me retiens pas.

Prise dans un élan de colère, mes poings heurtent la vitre.

Je ne sais pas ce que j'espère en faisant ça, mais ça me fait du bien de me défouler.

— Eh, tu vas te calmer, oui ?

Il me gifle de sa grande main.
Je ne m'y attendais pas.

Ma joue me brûle et me fait mal, mais ce n'est pas pire que la douleur que je ressens au niveau de mon cœur.

Je crie à m'en déchirer les cordes vocales, sachant très bien que personne, à part ce fou, ne m'entend.

Que va-t-il faire de moi ?

Peut-être que papa reviendra me chercher quand maman aura eu ses soins médicaux, grâce à cet argent.

Papa, maman, ne m'abandonnez pas, s'il vous plaît.
Ne m'oubliez pas...

Adjugée, vendue [CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant