Chapitre 27

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Nora

Récemment, je regardais ces pères avec leur fille dans la rue, me demandant ce que j'ai fait pour mériter ça.

Chaque souvenir d'enfance heureux est maintenant obscurci par la terreur que je ressens en sa présence.

Mes yeux parcourent l'obscurité de l'entrepôt, cherchant un moyen de m'échapper de ce cauchemar. Mais les liens qui me retiennent sont trop solides, et l'espoir semble lointain.

Pourtant, je refuse de baisser les bras. Je sais que mes amis, mes alliés, feront tout en leur pouvoir pour me retrouver.

Les portes grincent et ses pas, qui se rapprochent lentement de moi, se font entendre.

Je me force à rester calme, à garder mon sang-froid malgré la panique qui menace de m'engloutir. Je me concentre sur ma respiration, essayant de trouver un semblant de courage au fond de moi.

Quand il se tient enfin devant moi, je lève les yeux pour rencontrer son regard.

— Papa...murmuré-je en retenant mes sanglots.

— Quand j'aurai descendu ces types avec qui tu trainais, on rentrera à la maison.

— Tu ne comprends pas... ces types, comme tu dis, sont ma famille. Les seules personnes qui ne me trahissent pas et qui me protègent quoi qu'il arrive.

— Je ne t'ai pas trahi, j'ai essayé de sauver notre famille ! crache-t-il avec mépris.

Je sens la colère monter en moi, mêlée à une profonde tristesse. Comment peut-il être si aveugle, si incapable de voir la vérité ?

— Notre famille ? dis-je avec un rire amer. QUELLE FAMILLE, PAPA ? Tu m'as vendu pour aider maman avec les soins, mais elle est morte et tu n'es jamais revenu. Maintenant, il est trop tard, il n'y a plus de famille. Je n'en ai plus eu depuis que tu m'as vendu.

Il lève la main comme pour me gifler, mais je ne flanche pas. Je refuse de me soumettre à sa tyrannie même si la peur coule à flot dans mes veines.

Je ferme les yeux, attendant que sa main atteigne ma joue mais cela n'arrive pas.

Sa main reste suspendue dans les airs puis la baisse avec un semblant de culpabilité dans les yeux.

— Je vais nous réparer. décide-t-il finalement.

— Tu ne peux pas me réparer, pas après ce que j'ai vécu avec Ernest.

Mais une question que j'hésite à lui poser me brûle la gorge. Il faut que je sache sauf que je ne suis pas sûr que la réponse me plaira.

— Est-ce que maman savait ? Je veux dire...maman savait que tu allais me vendre ?

Voyant son étonnement, je regrette aussitôt ma question.
Avant de me répondre, il s'assit en face de moi, mais je détourne le regard.

— On l'a décidé ensemble, mais je l'ai fais, car elle n'avait pas le courage d'y participer.

Quoi ?
J'ai toujours pensé qu'elle me croyait chez mes grands-parents en France, puisqu'on n'avait pas assez de moyens pour nourrir trois bouches.

Adjugée, vendue [CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant