Chapitre 20

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Isaac

Le poids du corps de Tyana dans mes bras est une charge insupportable, une réalité crue que je transporte vers l'obscurité du réseau.

J'en ai porté des cadavres, mais celui-là, je ne pensais pas le porter un jour.

Le regard dur de mon père rencontre le mien, et je peux voir la question non dite dans ses yeux.

Sans un mot, je lui fais signe vers le corps étendu.

L'expression sur son visage se fige, une fissure dans la façade impénétrable du leader qu'il incarne.

Mon père s'incline légèrement en signe de respect, puis disparaît avec le corps de Tyana que je lui tends, dans les profondeurs du réseau, emportant avec lui le fardeau de la mort de Tyana.

— ELI ! hurlé-je en entrant dans son bureau.

— Eh calmos, il n'y a pas le feu, qu'est-ce qui se passe ?

— Tyana est morte. lui dis-je sans passer par quatre chemins.

Il se lève rapidement, les yeux et la bouche grand ouverts.

— Non, non, je ne te crois pas.

— Arrête de nier, tu sais très bien que jamais, je ne ferai de blague sur la mort de nos proches.

Il pose ses deux coudes sur le bureau et appuie sa tête dans ses mains.

— Je veux voir le corps.

— Papa l'a emmené et il faut qu'on élimine un homme.

— QU'EST-CE QUI EST PLUS IMPORTANT QUE SA MORT ? explose-t-il en pleurs.

— Son tueur. On va lui faire payer son crime.

Il prend une grande inspiration, se mouche et s'essuie les yeux, mais lorsqu'il ouvre la porte, ses larmes coulent de plus belle.

Il s'assoit au sol, au seuil de la porte et éclate en sanglots. Inconsolable.

Comment réconforte-t-on ?
Je ne sais pas faire ça.
Suis-je obligé de lui faire un câlin ?

— Eli...je sais que ça te touche et que tu tenais à elle, mais pour le moment, il faut qu'on la venge.

C'était réconfortant ?

Ça a l'air de l'être car il se relève et choisit une arme avant de passer de la tristesse à la colère.

Lunatique, mais compréhensible.

— Nom, prénom, adresse, motif et...ordonne-t-il sans finir sa phrase.

— Et ?

— Taille et poids, parce que j'ai peur des hommes grands et imposants comme toi.

— Ce n'est pas le moment de plaisanter, petit con, et en plus, tu insinues que je suis gros ?

— Non, imposant ne veut pas dire gros, et puis ce n'est ni une insulte ni péjoratif.

Ne voulant pas poser de questions aux filles pour ne pas les bousculer, je décide d'allumer l'ordinateur pour regarder les caméras de surveillance.

Adjugée, vendue [CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant