Chapitre 3

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La jeune fille avait l'habitude de passer des nuits annimées. Mais lorsque qu'un évènement, si agréable soit-il,  mais plus particulièrement étrange au niveau sentimental, les chances d'avoir une nuit tourmentée étaient casi-pleines. Surtout quand un bel inconnu aux yeux ténébreux rend visite à la princesse en pleine nuit. Et pour couronner le tout, ne se trouve qu'à quelques mètres de l'intéressée.

Allongée sur ce lit disproportionné, Amélie ouvra les yeux. Elle se rappela alors de la veille. Quand Gabriel passa la porte. Prise d'une forte envie de faire la connaissance de cette mystèrieuse personne qui lui avait provoqué une insomnie, et éveillé en elle des sensations dont elle ignorait leurs existence, elle bondit de son lit et enfila la robe posée sur un fauteuil. Elle ouvra la porte d'une telle force que le jeune homme, adossé sur cette planche, manqua de tomber en arrière. Il se retourna et commença à suivre la jeune femme qui avançait au pas de course dans le long couloir.

- Suivez-moi ! Annonça-t-elle.
Amusé, il rattrapa son retard et se plaça à-côté de la princesse.

- Vous n'êtes pas censé marcher derrière moi ? Lança-t-elle en insistant sur l'avant-dernier mot.
Il se corrigea et se plaça derrière Amélie.

- Je plaisante voyons ! Je me fiche royalement (c'est le cas de le dire) des règles de bienséance. Revenez donc à mes cotés, ordre de la princesse.

Enjoué par l'entrain de cette dernière, et plus principalement curieux, il la suiva, ne sachant pas où ils se rendaient.

Après quelques minutes de marche endiablé, les deux jeunes gens arrivèrent à hauteur d'une grande porte en verre. La jeune femme ouvrit la porte, laissant Gabriel entrer en premier.
Elle se plaça dans le centre de la pièce et commença :

- C'est ici, dans le jardin exotique où je me rends parfois pour me réfugier quand j'ai besoin de réfléchir. D'habitude, je me perche dans le grand chêne du jardin, mais, c'est certainement le premier endroit qu'ils vérifieront quand ils s'appercevront que la princesse a disparu. Mais, je suis en sécurité avec mon majordome n'est-ce pas ? Questionna la jeune femme, d'un air suggestif, un sourir au coins des lèvres. Elle commença à se ballader dans la grande salle en verre.

- Vous avez remis la robe d'hier ? Je pensais que votre garde-robe était plus variée. Annonça Gabriel faisant mine d'être déçu.

La jeune femme baissa les yeux sur sa robe et s'aperçut de son étourdissement.

- Et vous, vous n'avez pas nettoyé votre pantalon. Lança la princesse. Ils rirent tous les deux à gorge déployé, et Amélie se ravisa.

- Parlez-moi de vous. Si je dois me sentir en sécurité, il faut bien que j'en sache un minimum sur vous. Demanda Amélie, prête à percer la coquille du jeune homme.

- Eh bien, d'après ce que l'on peut penser, je ne viens pas d'une famille noble. Je suis fils de paysans, et  le cadet d'une fratrie de six enfants. Puis, il y a un an, mes parents sont morts tous deux de la tuberculose, emportant un de mes frères avec eux. Un jour, une gentille jeune femme et venue me demander si j'étais intéressé par cet emploi et ne sachant pas quoi répondre face au désespoir qui se marquait sur le visage de cette petite femme, j'ai accepté. Maintenant, je suis ici, devant vous.

- Et êtes-vous satisfait de votre emploi ? Demanda-t-elle en toute innocence.

- Comment pourrais-je ne pas l'être ? Je me retrouve à m'occuper de la plus jolie princesse que j'ai pu servir, ce qui est étonnant en vu de mes nombreuses expériences dans la peau d'un majordome ! Lança-t-il en riant.

Amélie, flattée par ce compliment, sentit de la chaleur monter dans ses pommettes. Elle se cacha derrière une des nombreuses plantes de la pièce.
Gabriel, ayant perdu de vue la princesse, souleva les longues feuilles qu'il rencontrait sur son chemin. Il finit par soulever la feuille où se cachait derrière la princesse. Cette dernière plongea son regard dans les yeux sombres et envoûtants du jeune homme.

- À présent, parlez-moi de vous.

Flattée que l'on lui accorde un peu d'attention, elle commença à raconter son histoire, se cachant de feuilles en feuilles, sont complice la suivant, relevant les feuilles qui tombaient sur le sol.

- Ma vie n'a rien d'exaltant. Je suis la seule fille du couple royal de France. J'avais un grand frère, mais il est décédé à l'âge de 5 ans. Depuis, je suis formée au mariage, ce qui est le plus grand souhait, mais également la plus grande angoisse de la reine. Mais, mon souhait, est que l'on me laisse choisir mon propre destin, et avec qui je veux me marier. J'aime être libre. Ainsi, mes parents ont trouvé un bon parti : le prince d'Italie, Nicolas de Santoro. Je dois désormais cerner ses qualités, malgré le fait qu'il ait une coupe de cheveux affreuse et le charisme d'un âne. Ils sourirent et elle reprit. Je n'ai que quelques jours avant de faire mon choix. Sinon, j'imagine que je deviendrai une vielle fille, ayant raté ma vie.

Sur ces mots, les deux jeunes gens se rendirent compte qu'ils avaient fait le tour de la serre.

- Vous n'êtes pas comme je l'imaginais. Annonça Amélie.

- Vous voulez dire que vous êtes déçue ?

- Non, au contraire, agréablement surprise ! Vous n'avez rien du majordome que l'on m'avait prôné toute mon enfance. Vous êtes drôle et m'avez l'air de bonne compagnie.

- Je me permets d'agir de cette façon après l'incident d'hier soir. Je ne pouvais pas agir sérieusement après ça. Mais, si cela vous dérange, faites-le-moi savoir. Ajouta Gabriel.

- Non, surtout, ne changez pas, restez comme vous êtes. Termina Amélie en posant une main compatissante sur l'épaule de Gabriel.

La vie est pleine de surprise.

Au fond de notre cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant