Chapitre 6

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La princesse avait l'habitude de se réfugier dans la serre depuis un moment. Elle aimait contempler les plantes exotiques, offertes par des figures royales étrangères.
En ce moment même, elle était debout face à un "Strelitzia reginae". En admirant les petites fleurs orangées, elle essayait de se changer les idées. Malgré ça, le sentiment de culpabilité l'emparait.
Amélie était plongée dans ses pensées, quand le claquement de la grande porte en verre l'interrompit. Gabriel aperçu le bas de la robe jaune que portait aujourd'hui la princesse.

- Il faut que nous parlions ! Annonça-t-il d'un ton sérieux.

- Tu as raison. Nous avons commis une erreur. Je n'aurais pas dû te demander de...

- "De m'embrasser" c'est ça que tu voulais dire ? L'interrompit Gabriel.
Tu ne peux pas nier notre attirance depuis notre rencontre. Ajouta-t-il.

- Je suis fiancée. Comment puis-je faire ? Rétorqua la jeune fille tourmentée.

- Quand est prévue le mariage ?

- Dans cinq jours... Déclara la jeune femme tout en passant sa main sur son visage.

- Il faut faire un choix. Soit, nous passons le peu de temps qu'il nous reste ensemble à condition d'être discret, soit nous arrêtons tout contact, ce qui serait difficile vu mon rôle au sein de la cour.

- Je ne peux pas... J'ai besoin de toi... Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n'était. Répondit Amélie, avançant vers le jeune homme.

- Nous allons trouver une solution. Termina Gabriel.

Ils se prirent dans les bras, réfléchissant tous deux à une issue.

Jour 1 :

Le samedi soir, se déroulait un bal masqué pour fêter les fiançailles des deux jeunes prince et princesse. Gabriel avait évoqué un nouveau stratagème pour passer du temps en la compagnie d'Amélie, sans éveiller de soupçons : se déguiser en un duc espagnol, Fernando de la Torre, soi-disant ancienne connaissance de la princesse. Ils étaient dans la garde-robe du château à essayer toutes les combinaisons de tenues extravagantes. Des perruques avec une robe à dentelle, en passant par un uniforme de cocher accompagné de coiffe de bonne, ou un chapeau hautes-forme et un corset. Parmis cette fantaisie, Amélie finit par trouver une tenue adéquate pour le jeune homme. Une veste longue ocre jaune avec des coutures dorées ainsi que des chaussures luisantes en cuir, sans oublier un masque orné de plumes et de pierre jaune. Elle, porterait une robe de bal, rose poudré aux manches bouffantes, accompagnée de dentelle sur le jupon. Elle sera également vêtue de gants et de parures argentés ainsi que son masque orné de dentelle et de plumes.
Une fois prêts, ils se rendirent dans la salle de fête. Déjà pleine de membres de la cour et de personnes de haut-rang. Les deux jeunes gens essayèrent de se frayer un chemin parmi la foule. Ils atteignirent le buffet et commencèrent à se servir quand quelqu'un interpella la jeune fille. Malgré le masque qui recouvrait son visage, ses cheveux roux (les seuls cheveux roux de la cour) la trompèrent. Son fiancé se tenait devant elle.

- Amélie, tout va bien ? Hier, vous...

- Je ne me sentais pas bien à cause du thé. L'interrompit la jeune femme.

Le prince acquiesça et se tourna vers le jeune homme à côté de la princesse. L'interrogeant du regard, il attendait d'être présenté.
Amélie commença :

- Je vous présente le duc Miguel de la Torre. C'est un ami d'enfance. Il est venu d'Espagne pour nous féliciter pour nos fiançailles. N'est-ce pas ? Interrogeant Gabriel.

- Oui, félicitations ! Répondit-il avec un faux accent espagnol.

Nicolas allait demander une danse avec sa fiancée quand il fut interrompit par deux hommes qui le demandaient.

- C'est donc lui le fameux prince ? Il n'a vraiment rien de spécial. Se moqua Gabriel une fois ce dernier parti.
Amélie rit puis rajouta :

- C'est vrai, tu es beaucoup plus intéressant et agréable à regarder.

- Tu avais raison, sa coiffure est horrible. Souffla le jeune homme à l'oreille d'Amélie avant d'avaler un grain de raisin.
Il se fondit dans la foule, regardant Amélie au loin. Elle plongea son regard dans le sien. Ils se regardaient paisiblement. Lui avec ses bouclettes brunes qui lui tombaient sur les yeux, elle avec ses cheveux roux noués en chignon  d'un ruban blanc au-dessus de sa tête. Ses yeux bleus perçaient les yeux verts de la princesse. Il l'invita à le rejoindre au milieu de la salle. La jeune femme s'exécuta. Ils commencèrent une danse sans se soucier des conséquences. À la fin de la valse. Ils se séparèrent et se rejoignirent longeant les bords de la salle. Une fois réunis, ils ne purent s'empêcher de se tenir la main. Heureusement, personne ne s'en aperçu, jusqu'à ce qu'un homme vêtu d'un bas de pantalon et d'une chemise mal attachée interpella le jeune homme.

- Eh, c'est toi qui m'as volé mes affaires !

Les deux jeunes prirent la fuite en passant par l'une des grandes portes de la salle tout en riant. Ils s'arrêtèrent au fond du jardin essoufflés et s'asseyèrent dans la fraîcheur de l'herbe, côte à côte. Une fois avoir repris leur esprit, Amélie annonça :
- Si seulement cela pouvait rester comme ça l'est actuellement... je ne veux pas te quitter pour quelqu'un d'autre. Tu es merveilleux. Depuis que je suis avec toi, le sentiment de solitude me quitte peu à peu. À la place s'installe un sentiment, que je ne connaissais pas. Je pense à toi jours et nuits. Toutes mes pensées me ramènent vers toi. Elle posa sa main sur celle de Gabriel et leva les yeux vers lui. La lumière de la lune illuminait le bleu de ses yeux. À son tour, il livra ses pensées.

- Je veux passer le restant de mes jours en ta compagnie. Tu es tellement douce et gentille. Je ne peux pas m'imaginer te perdre dans quelques jours.

- Nous devons profiter du peu de temps qu'il nous reste et profiter de chaque moment.

- Commençons par celui-ci. Termina Gabriel.

Ils se regardèrent et s'embrassèrent face au grand astre céleste qui illuminait l'horizon.

L'amour est la seule chose qui grandit quand on le partage.

Au fond de notre cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant