Chapitre 10

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- Mes chers membres de la cour, dans deux jours, se déroulera le mariage qui scellera l'union entre nos deux pays. La princesse Amélie De Launay, mariée au prince Nicolas De Santoro. Veuillez accueillir comme il se doit nos deux jeunes fiancés.

Amélie avançait dans sa grosse robe mauve aux manches bouffantes, vers la foule au bras de Nicolas. Lui vêtu (comme toujours) d'un costume vert émeraude taillé sur mesure et de ses chaussures pointues noires cirées. Ils ouvrirent le bal, dansant tous les deux une valse. Elle essayer tant bien que mal de se concentrer sur ses pas, mais elle ne pouvait éviter de penser à Gabriel. Cette même valse qu'ils avaient partagé il y a quelques jours de cela. Ils tournaient tous les deux, se tenant le bras, l'épaule, la taille... Puis, soudainement, elle vit en face d'elle, Gabriel. Ce n'était plus avec Nicolas qu'elle partageait cette danse, mais avec son amant. Elle avait une main posée sur sa taille fine et l'autre était appuyée sur son épaule. Ils se retrouvèrent encore une fois tous les deux sur la piste de dance. Trainant leurs pieds, comptant leurs pas... Le bruit irritant des violons interrompit son imagination. Elle revit désormais Nicolas, sa main posé sur sa taille et lautre maintenant dans sa main. Ils terminèrent tant bien que mal leur danse, malgré le fait que la princesse eu du mal à revenir à la réalité. Elle manqua de tomber à plusieurs reprises en écrasant de ses hauts talons sa longue robe qui trainait sur le sol. Ils finirent par se replacer des deux cotés de la salle. Gabriel était près de la porte extérieure. Amélie le rejoigna discrètement.

- Tu ne veux pas aller ailleurs ? Sans toi à mes cotés déguisé en duc espagnol, tous ces bals n'ont plus de sens... S'exclama la jeune femme.
Il sourit d'un air complice avant de s'éclipser, attrapant la main de la princesse.
Les deux jeunes marchèrent main dans la main dans les jardins du palais. Ils parlaient de leurs rêves, de leurs envies, trouvèrent de nouveaux points communs, de nouveaux désaccords... Ils passèrent les principales heures de la fête dehors à contempler le ciel étoilé.

- Je veux être avec toi pour toujours ! Annonça soudainement la jeune femme.

- Et si nous nous enfuyons avant le mariage.

- Tu es fou ! S'exclama la princesse en riant.

- Je t'aime Amélie. Je voulais que tu le saches avant que... tu sais... Se livra Gabriel.

Elle senti la chaleur s'emparer de ses yeux avant de laisser échapper une larme chaude.

- Je t'aime aussi.

Sur ces mots, ils échangèrent un long baiser. Puis ils s'enlacèrent sous la douce lumière de la lune. Cette dernière laissait paraître au loin une silhouette derrière les deux amants. Amélie interrompit soudainement le baiser quand elle aperçut que quelqu'un les observaient. Elle pencha la tête sur le côté pour essayer de voir par derrière le buisson devant lequel ils étaient pendant que Gabriel continuait à l'embrasser dans le cou. Elle aperçut Nicolas debout, devant les marches du jardin. Ne sachant pas s'il les avait vus, elle se détacha de Gabriel et se cacha derrière le buisson. Elle remit en place sa robe et ses cheveux puis elle se leva et s'en alla vers son fiancé en vacillant.

- Que faites-vous ici ? Demanda la jeune femme, embarassée, en arrivant à sa hauteur.

- Qui était-ce ?

La jeune femme senti la chaleur monter à ses pommettes, puis elle porta sa main à sa nuque.

- Qui donc ? Demanda t-elle d'une voix chevrautante.

- L'homme que vous embrassiez.

La jeune femme, la gorge serrée, ne dit rien. Il continua :

- Je vous ai vu, vous ne pouvez pas le nier. M'aimez-vous, ou c'est cet homme que vous aimez ? Annonça t-il, lui aussi, d'une voix faible et attristée.

- Je... Je... Elle craqua. J'étais distraite. Lâcha Amélie en sanglot. Je vous aime, vous et vous seul. Pardonnez cet égarement.

Confus, mais sans plus de colère, il annonça :

- Depuis quand ? Qui est-ce ? Je le connait ?

- S'il vous plaît, ne posez pas de questions, n'en parlez juste pas à mes parents. Je vais tout oublier. Je ne lui parlerai plus ni ne lui adresserai la parole. Nous nous marieront comme prévu. Mais par pitié ne dites rien. Supplia la princesse.

- Si vous ne voulez pas que l'on vous pose de questions, il faudrait mieux que l'on y aille. On nous attend pour la dernière danse. Annonça t-il d'un air pincé.

Elle acquiesça et passa son bras dans celui du prince, sans regarder derrière elle pour apercevoir une dernière fois Gabriel. Tandis que Nicolas regarda par dessus son épaule pour essayer de distinguer dans la noirceur de la nuit cet inconnu.

La trahison est une plaie qui ne se referme jamais.

Au fond de notre cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant