Chapitre 8

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L'après-midi, aussi ennuyeux que cela paraissait, se termina enfin.
Amélie pouvait à présent mettre ses idées au clair. Elle s'apprêtait à ouvrir la porte pour faire entrer Gabriel, quand elle se rappela qu'il était attendu pour une réunion sur le mariage. Elle passa donc la soirée à imaginer sa vie si elle ne se mariait pas dans quelques jours avec Nicolas. Des mariages "forcés", elle en connaissait. Les mariages étaient organisés pour des buts politiques afin de renforcer les alliances entre les pays. Cependant, les fiancés apprenaient à s'apprécier et finissaient par tomber amoureux. Mais les mariés, elle, n'avaient pas d'amant. Ce dont Amélie avait peur, c'était que ce qu'il s'était passé pour sa cousine Juliette. Elle s'était marié à un duc, et un peu moin de 3 semaines après le mariage, elle attendait un enfant. Mais ce ne fut pas 1, ni deux, mais des triplés. Rien que l'idée de se marier lui faisait tourner la tête, mais avoir des enfants si vite, ce n'était même pas imaginable.
Il faisait à présent nuit. Tout le monde au palais s'était couché depuis un bon moment. Mais Amélie n'arrivait pas à fermer l'œil.  En pleine réflexion, elle fut intérompu pas le bruit d'un caillou qui venait de taper la fenêtre en verre de sa chambre. Elle se leva en sursaut de son lit, et se pencha à la fenêtre. Gabriel était en bas. Il agitait les bras en l'air pour saluer la jeune femme. Puis, il fit un signe pour qu'elle le rejoigne. Hésitante, elle enleva sa robe de chambre et enfila une tenue plus légère et moins encombrante. Elle se hissa en dehors de sa chambre, escaladant le mur de pierre extérieur. Elle montait et escaladait des arbres. Un mur ne pouvait pas être plus difficile, même en robe.

- Que fais-tu ici ? Demanda la jeune femme, intriguée par cette soudaine apparition en pleine nuit.

- À toi de me suivre. Je vais te montrer où je me réfugie quand je ne me sens pas bien.

Ils traversèrent le jardin du palais, esquivant les gardes qui surveillaient les alentours. Ils passaient à travers la lueur vacillante des lampadaires. Une fois sortis de la zone de contrôle, ils traversèrent un champs, puis une petite rivière.
Ils arrivèrent enfin au sommet d'une colline. Gabriel y posa son chandelier. Et s'allongea sur l'herbe fraîche. Amélie fit de même. Ils admirèrent ensemble le ciel étoilé. Les étoiles brillaient comme des diamants étincelants, jetant des éclats de lumière, qui semblaient danser dans les ténèbres du ciel. La lune, pleine et ronde, éclairait tout le paysage, illuminant les nuages. Les ombres douces et les reflets argentés sur les surfaces environnantes paraissaient presque irréels.

- J'aimerais traverser le monde. Annonça soudainement Gabriel.

- C'est un de mes plus grands rêves, également, voyager.

- As-tu déjà imaginé ta vie si tu n'étais pas la princesse ?

- À vrai dire, j'y pense chaque jour. Mais cela est discutable. Il y a des avantages comme des inconvénients. Les membres royaux sont privilégiés dans toutes les situations, cependant les autres, non. Il faut assurer la lignée, ce que les souverains attendent dès leur premier enfant. Étant une fille, je ne peux que servir à ça. Le monde est si injuste parfois.

- Les femmes ne sont réduites qu'à ça.

- Oui, pourquoi elles ne peuvent pas porter les mêmes vêtements que les hommes. Nous sommes obligés de subir les corsets à répétition et tous les autres vêtements désagréables à porter. Elles ne peuvent pas accéder à l'éducation et je rêverai de faire des études.

- Pourquoi une femme est obligée de se marier pour diriger un royaume ?

- Pourquoi ne peuvent-elle pas donner leurs avis. Trop de questions sans réponse fondé.

Un petit silence s'installa entre les pensées des deux jeunes. Puis Gabriel repris :

- Que rêve-tu d'étudier ?

- Les étoiles, le ciel, les plantes, les animaux, tout ce qui nous entoure. Depuis petite, je suis passionnée du monde. Je rêve de découvrir de nouvelles choses, de nouvelles personnes.

Avant de répondre, Gabriel sourit se tournant vers la jeune femme.

- C'est étrange, j'ai l'impression de me voir à travers tes paroles. Conclut-il.

Après avoir aperçu quelques étoiles filantes, Gabriel se redressa et sortit de sa poche intérieure deux petites bouteilles carrés.

- Tiens, boit une petite gorgé de ça. Ça va te faire tourner la tête au début, mais après, tu ne sentira plus trop le goût amer.

Amélie attrapa la flasque que lui tendait Gabriel et avala cul-sec la moitié de la bouteille.

- Oh, du calme... Dit Gabriel d'un rire étouffé tout en reprennant la bouteille des mains de la jeune femme.

- Ne t'inquiète pas, j'ai déjà bu du whisky. Mon père a l'air d'un homme droit et strict d'un point de vu extérieur, mais quand l'alcool prend le dessus, il pourrait te servir un verre de vin croyant que c'est du jus de raisin, ou un verre de whisky pensant que c'est du jus de pomme.

Ils rirent tous les deux puis Gabriel annonça en cognant sa flasque à celle de la jeune femme :

- À notre amour impossible !

Puis, ils restèrent à contempler le ciel pendant plusieurs heures.

Le véritable amour ne se voit pas avec les yeux, mais avec l'âme.

Au fond de notre cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant