★ Chapitre 6★

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Le jour est levé depuis longtemps à présent et la lumière commence même à décliner. J'aurais dû rentrer depuis longtemps mais je n'ai pas le courage de devoir jouer le simulacre plus longtemps.
À moitié humaine.
Voilà ce qui explique bien des différences entre moi et les autres... Combien étaient au courant ? Combien me l'avait sciemment caché ? Et oncle Reihn, pourquoi ne me l'avait-il pas dit ? Et... Comment mes parents sont morts ? Selon lui, ils étaient des aventuriers ayant franchi la frontière. J'ai toujours pensé qu'il s'agissait de la Bordure, mais s'ils avaient simplement emprunté une porte ?

Je lance un nouveau caillou dans l'eau du lac de la Bordure et contemple les ondes se propager dans un éclat doré. Minute. Un éclat doré ? Je scrute les profondeurs de l'étang et vois sur une pierre le symbole que je cherchais. Ni une ni deux, je plonge. 

Le fond est plus loin que je le pensais. Je le tâtonne dans l'espoir de trouver la porte et finis par la débusquer. Je bats violemment des jambes pour parvenir à la traverser et j'ai l'impression que mon cerveau se retourne plusieurs fois dans mon crâne. Je tente de remonter à l'air libre car je commence à manquer sérieusement d'air mais je n'arrive plus à distinguer où est le fond et où est la surface.
Des points noirs commencent à danser à la périphérie de mon champ de vision. Je tente de les repousser mais c'est peine perdue.

Je vais mourir.

Je ne le veux pas.

Ma vie est à peine commencée qu'elle est déjà finie.

Personne ne sait où je suis.

Personne ne pourra me venir en aide.


Je tente de respirer tout en crachant l'eau que j'ai avalé ce qui à pour seul résultat de m'étouffer.
Je parviens enfin à respirer et avale goulûment une bouffée d'air frais. Je me redresse en grimaçant, ma robe humide est couverte du sable blanc de la plage. Je hurle en voyant allongé à côté de moi un cadavre.

Cadavre qui au son de mon cri se met debout et me tend la main.

– Tu vas mieux ?

Je pousse un nouveau cri.

– Tu... tu n'es pas mort, on est d'accord ? dis-je une fois calmée.
– Pas encore, dit-il en riant. Au grand dam de mon petit frère !

Il s'interrompt le temps de m'aider à me relever.

– Je m'appelle Akos, et toi ?
– Leïra.

Il a la même teinte de peau que moi, brunie par le soleil. Ses yeux marrons foncés semblent noirs sous ses cils. Je rougis en m'apercevant que je tiens toujours sa main dans la mienne. Il surprend mon regard et rougis à son tour.

– Oups... murmure-t'il en dégageant sa main.
– Ce n'est pas grave, lui dis-je sur le même ton en la reprenant.

Sa main est chaude dans la mienne. J'effleure doucement ses cals du pouce.

– Je ne t'ai jamais vue auparavant, d'où viens-tu ?

Je réponds machinalement :
– D'Eikäno, et toi ?

Lorsque je m'aperçois que j'ai sous-entendu que je suis une elfe, je plaque ma main contre ma bouche. Heureusement, il ne semble pas avoir compris.

– Je n'en ai jamais entendu parler, désolé. Moi je suis de Janina, la ville juste à côté. D'ailleurs, tant que j'y pense, je ne t'ai pas vu entrer dans l'eau, comment cela se fait ?
– Oh... C'est une longue histoire...
– Tu n'auras qu'à me la raconter plus tard. (Il réfléchit un instant.) Mmm... Si tu veux, il y a un café sympa.
– OK ?
– Alors, tu es dispo... dans deux jours ?
– Ça me va ! À dans deux jours alors ?
– Oui !

Akos est sympa. Par contre il va falloir que je me renseigne pour savoir ce que café et jours peuvent bien vouloir dire...

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