★ Chapitre 13 ★

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J'ouvre le livre de Quintel. Les pages légèrement jaunissantes sont constellées de tâches d'un rouge écarlate. Je survole le texte, m'arrêtant sur quelques passages mais l'essentiel raconte surtout l'histoire de l'esprit. Je finis enfin par trouver ce qui m'intéresse : l'incantation.

Με το εκδικητικό πνεύμα του Quintel, αφήστε τον θυμό μου να εκφραστεί για να μπορέσω να ολοκληρώσω την εκδίκησή μου. Ω πνεύμα! Έλα κοντά μου και κατοίκησε με και γέμισε με με την οργή σου. Επιτρέψτε μου να εκδικηθώ!

Je tâche de prononcer sans erreurs :
- Me to ekdikitikó pnévma tou Quintel, afíste ton thymó mou na ekfrasteí gia na boréso na olokliróso tin ekdíkisí mou.
O pnévma! Éla kontá mou kai katoíkise me kai gémise me me tin orgí sou. Epitrépste mou na ekdikithó!

Au début, je ne sens rien. Puis, c'est comme si on enserrait mon cœur dans un poing impitoyable qui  semble se refermer inexorablement sur lui, le comprimer jusqu'à l'étouffer. Je tombe à terre, la vue brouillée par la douleur.

Elle reste longtemps au sol, roulée en position fœtale. Elle finit par se relever mécaniquement, comme un pantin dont on tire les ficelles. Elle franchit la porte, le pas raide et le regard vide.

Mais la douleur de mon cœur n'est pas la pire. Je sens comme une profonde déchirure dans mon âme et je me vois arriver dans le monde des humains d'une manière détachée, coupée de toute émotion et ressenti.

Elle marche dans les rues, animée par quelque force invisible. Enfin, elle s'arrête face à Akos qui tient le bras d'un homme.

– Keîve. Après tout ce temps te voilà enfin.

Sa voix suintante de venin tranchait l'air comme un glaive acéré.

– Que... je ne comprends pas. Attendez vous êtes...

– Non j'en ai marre d'attendre. Pourquoi ces meurtres ?

Elle plongea dans son don et expulsa sa douleur. L'homme ploya sous sa puissance avant de s'affaisser au sol, mort.

Elle se tourna vers Akos, le visage tordu de fureur. 

– Toi aussi tu étais avec lui ? Je te faisais confiance mais tu m'as trahie.

Elle sortit un poignard et s'élança sur lui.

– Non ! 

J'essaie de dévier la direction du poignard mais je n'y parviens pas, emportée par mon élan et la rage de Quintel.

Le poignard décrit un arc étincelant dans la lumière du soleil couchant et pénétra dans le cœur du garçon. Du sang gicla et lui aussi tomba au sol.

- L'homme... C'était mon père.

Je sentis la fureur qui m'habitait partir aussi brusquement qu'elle était venue quand le regard d'Akos devient vitreux.

– Non... je suis désolée, je ne voulais pas !

Les larmes envahissent mes yeux et dévalent mes joues. Je pousse un hurlement déchirant auquel il me semble entendre un unique rire diabolique en réponse. Qu'ais-je fait ? Une puissante douleur m'envahit et je me sentis me dissiper sous le poids de la culpabilité.

Son corps sembla se décomposer en sable et s'envoler sous l'ultime rayon du soleil. 

On raconte que si on regarde au bon moment et au bon endroit, on peut encore voir le fantôme de Leira revivre sa mort pour l'éternité.

Peace ★ 502 mots

Fin.


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