★ Chapitre 11 ★

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- C'est elle !

Une foule est réunie devant la maison et nous encercle, comme des loups autour de leur proie. Le froid éclat métallique des fourches et des armes brille  dans leurs rangs.

- Elle était au café ! J'ai aussitôt su que c'était un de ces démons quand elle a parlé de l'Eïkano.

Leur étau se resserre autour de nous. Je tourne la tête et regarde Reihn qui est pâle comme la mort. Il secoue sans cesse la tête comme pour chasser un mauvais rêve.

- Ça recommence, non, non, non...

Je m'adresse à la gérante du café qui m'avait accueilli si chaleureusement.

- Laissez nous passer.
- Pour que vous reveniez avec vos amis et que vous nous maudissez ? (Elle se tourne vers la foule enragée.) Ils viendront nous égorger et brûler nos récoltes ! Tuons-les avant qu'ils ne nous tuent !

La foule lève les poings et répète ses paroles tel un mantra.

- Non, pourquoi ferions nous ça ? Je vous en prie ! Laissez nous partir. Vous ne nous verrez plus jamais !
- Ces créatures du diable n'ont aucune parole ! Ne l'écoutez pas proférer ses inépties !

La foule rugit en guise d'assentiment.

-  On fait quoi ? dis-je à Reihn.
- On court.

Il me tire par le poignet et nous nous mettons à courir.

- Attrappez-les !

Nous bifurquons dans une ruelle pour essayer de leur échapper. Nous accélérons et finissons par les distancer. La ruelle se rétrécit progressivement, comme un goulot et nous finissons par arriver dans un cul de sac.

- On est coincés. Que fait-on ?
- Tu rentres à l'Eïkano pendant que je les occupes.
- Non ! Pas sans toi !
- Leïra, j'ai promis à tes parents de te protéger. Vis ta vie. Et... je suis fier de toi.

Il me tire derrière lui et forme avec sa magie une bulle dorée autour de moi qui se met à m'emporter, mais pas suffisamment vite pour m'éviter de le voir mourir.Je vois ses lèvres reformer les mots qu'il m'a dit une seconde auparavant. Vis ta vie.  Je ferme les yeux pour me connecter aux auras de ceux qui l'ont tué et déchaine en eux toute ma puissance dévastatrice mais elle ricoche et je la reçois de plein fouet. Je me plie en deux, le visage tordu par la douleur tandis que la bulle pénètre dans le monde des elfes avant d'éclater.

C'est seulement là que je réalise vraiment.

Reihn est mort.

Et je ne peux même pas tuer ceux qui ont commis cet acte car je suis une elfe.

Les elfes ne savent pas commettre d'actes meurtriers.

Sauf ceux...

Peace ★ 420 mots

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