★ Chapitre 7 ★

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J'attends cinq bonnes minutes après qu'Akos soit parti pour réemprunter la porte. Cette fois je m'en sors mieux, et surtout, sans passer à deux doigts de la noyade bien que mes vêtements alourdis par l'eau m'aient ralentis.

Je regagne la forêt de l'Eikäno et nos nids. Malgré ce que j'aimerais, j'ai encore besoin de mon oncle. Je monte dans le nid principal.

– Leïra, je me suis fait un sang d'encre ! Où étais-tu passée ? (Ses petits yeux noirs me scrutent.) Et, pourquoi es-tu aussi trempée ? (Il saisit un pan de ma robe et l'essore comme pour me le prouver. )

Akos m'avait fait oublié ça. Comment dire qu'oncle Reihn venait de faire disparaitre ma bonne humeur plus rapidement qu'il n'en faut pour claquer des doigts ? Sa simple présence me faisait horreur... Je n'en revenait toujours pas qu'il ait pu me cacher mes origines si longtemps...

– C'est pas tes oignons.

Il me regarda, sans rien dire, comme choqué.

– Écoute Leïra, je peux tout t'expliquer... me supplie-t-il.
– Expliquer quoi ? Comment tu m'as menti ? Comment as-tu pu faire ça ! Durant tout ce temps, tu as raté mille et une occasions de me dire la vérité sur mes origines  mais non. C'était trop dur pour monsieur. Tu ne peux pas ne serait ce que imaginer ce que j'ai dû endurer. Espèce de... de lâche !

Je crache ce dernier mot, dégoutée. Il inspire profondément et s'assoie.

– Je savais que tu finirais par l'apprendre mais je ne pouvais pas m'empêcher de croire que...

Je le coupe :
– Abrège.

Il me fait signe de le rejoindre sur le fauteuil voisin. Quand je suis installée, il reprend :

– Tu te souviens de l'histoire que je te racontais avant. Celle du...
– Je ne suis pas là pour entendre tes histoires de gamins. Et arête de changer de sujet.
– Je ne change pas de sujet. Cette histoire est vraie Leïra. C'est ton histoire.

J'accuse le choc, stupéfaite. Un long silence s'installe, seulement troublé par le bruit du ruissellement de la pluie sur le toit qui s'est mise à tomber.

– J'aurais aimé ne pas l'apprendre par erreur. Aurais-tu seulement eu l'intention de me le dire ?

Il baisse la tête, honteux. Je pense qu'il ne va pas le répondre mais il le fait.

– Je te l'aurais dit mais... je ne sais pas quand.
– Et pourquoi me dire que c'était des aventuriers ?
– Eh bien... (Il rougit encore plus.) Ce dont des aventuriers de l'amour en quelque sorte. Ils sont allés plus loin que quiconque : personne n'avait jamais aimé en dehors de son monde.

Mon oncle enlève un collier d'en dessous de son haut et me le tends. Je le saisis. Une chaîne dorée retient un pendentif ouvragé en forme de cœur. Je le serre dans mon poing et un discret clic se fait entendre. Je rouvre ma main et écarte les deux battants centraux du bijou, révélant 3 parties. Sur celle de gauche, ma mère, sur celle de droite mon père. Ils regardent tous deux la partie centrale, celle où figure une photo de mes parents me tenant bébé dans leurs bras. Ils ont l'air tellement heureux...

– Ces photos ont été prises peu de temps avant leur disparition.

Je lui suis reconnaissante qu'il ne dise pas mort.

Je reste songeuse. Je m'imagine la vie que j'aurais pu avoir, avec mes parents. J'aurais été comme les autres elfes si ce n'est que ma mère, Cyrha – son nom glisse sur ma langue comme de la glace fondue, aurait été une humaine.
Je pense que c'est pour m'éviter ce genre de questionnement qu'oncle Reihn ne m'a rien dit. Mais malgré moi, je ne peux pas m'empêcher de me les poser.

– Je veux y aller.

Il relève la tête, surpris par ma prise de parole.

– Je veux dire, je veux aller voir là où ils vivaient.
– Leïra, c'est trop dangereux  je ne veux pas te perde comme je les ais perdus.

Je soutiens son regard. Il cède en premier.

– D'accord. Mais pas aujourd'hui.

J'ouvre la bouche pour négocier mais il me devance :

– Pas de discussion.

Je hoche la tête. Rien ne m'empêchera d'aller chez les humains sans lui. Je l'ai déjà fait et rien ne m'en empêchera.

– Dis-moi oncle Reihn, qu'est ce qu'est un jour ?

Il me regarde, suspicieux :
– Pourquoi cette question Leïra ?
– Moi ? Euh... C'est euh... Ah oui ! C'est ça, c'est maître Nëugo nous l'a demandé. (Je décide de tenter le tout pour le tout.) Et café aussi.

Je vois bien qu'il ne me crois pas, d'autant plus que je ne suis pas allée en cours, mais il me donne quand même les réponses à mes questions.

– Un jour est l'équivalent humain d'un soleil et un café est soit une boisson soit un endroit où boire avec des amis.

J'acquiesce lentement. Ce qu'Akos m'a dit prend tout son sens. Un café sympa, dans deux jours. Il ne m'a pas dit lequel, mais je trouverai bien.

Peace ★ 811 mots

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