« Première séquence »

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1er juillet 2020
Times Square, New-York

Il reposa sa cigarette entre ses lèvres et ses yeux se posèrent sur la silhouette d'une jeune femme qui venait de passer devant lui. Il l'avait regardée jusqu'aux pieds, une nouvelle fois. Elle n'avait pas fait attention à lui et venait de rentrer dans l'établissement luxueux de cette avenue tellement culte de New-York. Elle suivit la longue et large moquette rouge du sol en enlevant ses lunettes de soleil avant de les accrocher à sa chemise blanche dont le décolleté offrait une jolie petite vue sur sa poitrine. Elle avait prévu de retourner à sa chambre pour y déposer ses paquets lorsqu'une main se posa sur son épaule. Elle se retourna, stupéfaite, et le découvrit face à elle. Costume noir, cravate bleu marine, lunettes de soleil dans une main, mégot dans l'autre, le regard intense, des lèvres désirables et un charisme puissant.

_ Tu peux pas ralentir la cadence? Tu cours depuis ce matin, la retint-il.
_ Laisse-moi, souffla-t-elle.

Elle était restée indifférente face à lui. Elle s'en sentait un peu obligée, en fait. Elle venait de partir dans le corridor pour aller vers l'ascenseur d'une démarche rapide, comme d'habitude, alors que de son côté, il avait tout aussi rapidement été déposer sa cigarette dans le cendrier près des portes vitrées de l'entrée. Elle marchait toujours vite cette jeune femme aux cheveux châtains clairs.

_ Dépêche-toi surtout, on va être en retard.
_ La ferme, lui cria-t-elle en lui montrant posément son majeur.

Elle était tellement excitante cette fille, se disait-il, mais en même temps il n'arrêtait jamais de la charrier, la taquiner ou encore de lui faire toute une série de petites remarques sympathiques mais qu'elle n'appréciait pas. Elle n'avait pas le sens de l'humour, il l'avait évidemment remarqué. Le basané préféra donc la suivre rapidement dans le couloir de ce somptueux hôtel duquel il s'occupait déjà depuis trois années consécutives. Rien de mieux que de laisser un hôtel entre les mains d'un homme riche et célèbre de vingt-sept ans. C'était les choix du père de cette jeune femme lorsque ce dernier avait dû s'investir dans un autre projet. Zayn rentra dans l'ascenseur avec elle et elle ne semblait guère enchantée de se retrouver là avec lui. Ils étaient le premier juillet, on ne pouvait pas oublier cette date, mademoiselle allait être diplômée en psychologie dans pas moins de deux heures.

_ Sinon, elle sera là aussi ta copine?
_ Mh? fit-elle, pour l'ennuyer.
_ Ta copine là, Tamara, la petite blonde super jolie courtisée par des dizaines de mecs.
_ Oui, elle sera là, souffla-t-elle.
_ Adrienne, Sabrina et Meg aussi?
_ Tu m'énerves, putain, je te jure que si tu dis un seul mot pendant ces deux heures, je te plaque contre un mur et je te fais stériliser par des professionnels, fit-elle en sortant de l'ascenseur, alors maintenant tu ne me suis plus, parce que je ne veux pas que tu saches où est ma chambre.
_ Le numéro 479 est inscrit sur la carte électronique que tu as dans ta main droite, miss.

Elle continuait de le regarder, ses yeux d'un bleu des plus communs ayant viré au noir. Elle baissa ensuite la tête vers sa main et soupira. Elle en avait marre de le voir en face d'elle, il était tellement collant, tellement séduisant aussi. Elle était nerveuse à chaque fois qu'elle le voyait, à chaque fois qu'elle lui parlait et à chaque fois qu'ils posaient ses yeux sur sa silhouette, mais ça ce n'était évidemment qu'avec lui. Elle s'était habituée avec le temps. Les portes métalliques de l'ascenseur allaient se refermer mais il plaqua ses mains sur chacune d'elle, la brune croisant ainsi les bras sous le sourire faux et victorieux de monsieur le fabuleux directeur de l'hôtel.

_ Il est quinze heures moins le quart, je crains fort que tu n'arriveras pas à l'heure.
_ Vas-tu te taire? lui répondit-elle en partant vers sa chambre tout en secouant la tête.
_ Je t'ennuie tant que ça, Weiss? ricana-t-il.

Elle n'en pouvait plus de lui. Il avait beau être plus âgé qu'elle, c'était un gamin. Il allait sur la trentaine quand même, se répétait-elle. Elle savait bien qu'au fond, il la taquinait car ça faisait longtemps qu'ils se voyaient tous les jours mais il y avait des fois où ils dépassaient les bornes, comme aujourd'hui par exemple. Elle se détestait de lui montrer qu'elle était angoissée par quelque chose car tout le monde la connaissait pour être la fille qui prenait tout comme ça venait, qui ne se souciait de rien et qui trouvait toujours une solution à tout, et lui, il faisait tout capoter. Elle le détestait pour ça. Et puis, elle ne voulait pas le détester car elle lui préparait un mauvais coup. Elle n'était pas du genre à faire des mauvais coups pourtant. Elle se détestait vraiment, ces derniers jours. Il la regardait s'éloigner de lui petit à petit et il voulut en rajouter une couche.

_ Tu viendras à mon bureau hein, quand t'auras enlevé tes bigoudis et que t'auras mis tes faux cils.
_ T'es pénible, Zayn, soupira-t-elle bruyamment, tu sais que c'est pas mon truc, les faux cils.
_ Je sais.
_ Alors fais pas chier, râla-t-elle.
_ À tout à l'heure, Marion.

Reluctance | z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant