« Neuvième séquence »

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19 août, un mois et quatre jours plus tard
Chambre 479

_ Franchement, Marion, t'abuses complètement, souffla Adrienne.

Le fait qu'elle soit la nouvelle directrice de cet hôtel ne changeait rien à sa vie privée et ne modifiait ni même en rien ses occupations habituelles, à part peut-être le fait qu'elle avait le droit de donner davantage d'heures supplémentaires à Olivia, cette réceptionniste qui la dévisageait à chaque fois que leurs regards se croisaient.

En cette douce matinée, Marion était retournée à sa chambre à une vitesse folle lorsqu'elle eut reçu un message d'une personne qu'Adrienne avait instinctivement devinée comme étant le pakistanais. Et maintenant, dix minutes après la lecture de ce fameux message, elle comprenait la réaction excessive de la brune qui faisait sa valise, un demi-sourire aux lèvres, les membres légèrement haletants et un air anxieux qui habillait son visage peu maquillé.

_ Il t'a demandée de le rejoindre à Londres, et tu fais vraiment ce qu'il souhaite?
_ J'ai eu une discussion avec lui, un soir, à propos de Londres, répondit-elle à son amie, et si il m'a demandé d'aller le retrouver là-bas, c'est que c'est important.
_ T'as l'air émue en tout cas, continua la brune, couchée sur le lit de Marion, t'es sûre de ce que tu fais au moins? Et n'oublie pas que si il t'offre des roses, c'est suspect hein.

Elle haussa les épaules, hochant néanmoins la tête pour faire comprendre à la brune qu'elle avait pris note de cet avertissement. Elle ne savait pas si elle devait aller le retrouver mais comme toujours, elle n'avait pas cette envie de se poser des milliers de questions qui pourraient finalement la faire changer d'avis. Elle était fonceuse comme fille, et pas assez peureuse peut-être.

_ Je peux le dire aux filles que tu pars?
_ Ouais, évidemment, il fait chaud à Londres tu penses?

Et elle sursauta lorsque son portable vibra dans la poche de son short en jeans bleu clair. Elle était peut-être un brin trouillarde finalement. Son cerveau n'arrivait pas à être concentré à cause d'un garçon, à cause de ce Zayn qui lui faisait tourner la tête depuis trois années consécutives et qui tout compte fait, n'était absolument pas son type d'homme. Elle savait qu'elle faisait n'importe quoi, mais à nouveau, elle ne voulait pas se l'avouer, les choses seraient moins excitantes si elle prenait la peine de réfléchir.

✖✖✖

Ses yeux un peu endormis à cause des longues précédentes heures de vol se posèrent sur un panneau interactif lui permettant de voir que les rayons du soleil avait réchauffé le nord du Royaume-Uni à une bonne vingtaine de degrés. Il était environs dix-sept heures trente et elle tenta de récupérer ses bagages, ses jambes un peu engourdies. Elle avait les bras croisés et elle sentit une main l'enlacer subtilement au niveau de la taille et surprise, elle se retourna vers le jeune homme.

_ Tu as fait bon voyage?

Elle resta stupéfaite, plus surprise encore et ses yeux ensommeillés étaient maintenant écarquillés, peut-être à cause de son cœur qui avait raté un battement. Elle attrapa très vite sa valise sans desserrer les dents. Elle n'avait pas la force. Elle ne savait pas quoi dire.

Adam la regardait, amoureusement et ce sourire, cet homme qui restait stoïque devant elle lui avait procuré une sensation atroce dans le creux de son ventre. Elle ne l'aimait pas, elle n'avait aucun sentiment pour lui, et c'est là, qu'elle avait tout compris. Elle avala durement sa salive, éberluée de comprendre qu'avec Zayn, elle aurait eu cette envie soudaine de le prendre dans ses bras, elle aurait éprouvé une sensation de bonheur et aurait souri. Le blond qui fronçait doucement les sourcils attendit que Marion n'hoche la tête avant de prendre la valise de cette dernière en main et de l'accompagner en dehors de l'aéroport.

_ Ecoute Marion, je sais que tu ne m'as pas rappelé mais je veux que tu prennes ton temps pour réfléchir et...
_ Je ne peux pas, Adam, répondit-elle sans attendre, froidement.

C'était la troisième fois seulement qu'elle mettait les pieds en Grande-Bretagne et comme toujours, elle se retrouvait admirative des quelques bâtiments ordinaires mais elle adorait cette ambiance. Elle se disait qu'elle devait y aller plus souvent mais elle savait que Zayn y allait aussi, assez régulièrement, alors ça la bloquait.

_ Où est Zayn?
_ T'aimes ce type? répondit-il, la conduisant jusqu'à une voiture.
_ Je suis venue ici pour Zayn, tu ne dois même pas avoir lieu d'être alors, dis-moi où il est et ce que tu fiches ici.

Elle avait tout doucement l'air de se réveiller.

_ Ton père l'a appelé pour qu'il s'occupe d'un de vos hôtels ici et quand j'ai appris qu'il y était pour le mois, soupire-t-il, je me suis dit que c'était l'occasion de voyager un peu, j'ai demandé un échange de personnel à ton père et je suis allé rejoindre Zayn. T'avais vraiment pas remarqué que je n'étais plus à New-York?
_ Non, j'avais seulement remarqué que Zayn n'y était plus.

On pouvait entendre de la souffrance dans sa voix. Marion n'était pas cette fille qui se lamentait habituellement. Elle ne savait d'ailleurs même pas pour quelle raison elle lui avait répondu de cette manière. Elle avait dû le blesser à en voir sa tête toute déconfite. Ils arrivèrent une vingtaine de minutes plus tard, après un trajet continuellement silencieux, et sans attendre la jeune femme se précipita à la réception, endroit moins bruyant et presque semblable à l'atmosphère qui régnait à l'intérieur d'une bibliothèque, contrairement à New-York où le bruit perpétuel des passants et des nombreux arrivés ruinait tout le calme de l'accueil.

_ Alors mangeuse d'hommes, a-t-on fait bon voyage? surgit une voix dans son dos.

Premièrement, ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire.

Puis, une délicieuse sensation s'empara de l'entièreté de son corps.

Et enfin, elle se demandait si le prendre dans ses bras serait un geste qui pouvait mal être interprété, alors, elle se retourna, hésitante, et au lieu de foncer, elle s'appuya contre le bois vernis noir de la réception et elle fixa le métis s'avancer lentement vers elle, le costard cravate parfaitement enfilé, tout comme cette cravate grise qu'elle avait pris peine d'enlever le fameux soir où ils avaient dormi ensemble. Elle le regardait l'approcher et elle termina par croiser les bras, venant de baisser les yeux, l'air bizarrement intimidée. Ils s'étaient quittés la dernière fois après avoir mis fin à une conversation délicate qui concernait Adam ainsi que sa demande en mariage et c'était également ce fameux jour-là du mois dernier que le basané avait très clairement fait comprendre à Marion qu'il vivait mal le fait de ne pas se rapprocher d'elle autant qu'il le voulait et qu'il était contrairement à elle, apte à aller à l'encontre de cette réticence.

_ Pourquoi, Zayn? demanda-t-elle en prenant conscience du fait qu'il se tenait très proche d'elle.
_ Je suis certain que ce que tu recherches au plus profond de toi est ici, Weiss, répondit-il, confiant.

Elle retenait son souffle, jamais leurs lèvres n'avaient été aussi proches.

_ Je t'empêche de l'épouser et au fond, c'est vraiment ce que je veux, t'as dû le comprendre.
_ Pourquoi t'as fait en sorte que je le voie, sérieusement? souffla-t-elle s'en prendre en compte sa dernière remarque.
_ N'as-tu pas remarqué la différence entre ce que tu ressentais pour lui et ce que tu ressentais pour moi en le revoyant?
_ Mh non, fit-elle désolée, et joueuse à la fois.

Bien sûr que si.

_ Je peux avoir mon numéro de chambre? demanda-t-elle rapidement lorsqu'elle vit Adam se diriger vers eux.

Zayn lui tendit une clé dans la seconde et en voyant le numéro inscrit sur cette dernière, la jeune femme eut le souffle coupé. Elle releva instinctivement la tête vers Zayn qui lui souriait, alors que les yeux bleus de la demoiselle lui donnaient un air angoissé.

_ 420? demanda-t-elle.
_ Ce n'est pas parce que c'est un hôtel différent que fatalement le numéro de ma chambre doit aussi être différent.

Il venait de lui afficher un joli sourire, presque rempli de promesses.

Reluctance | z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant