« Septième séquence »

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10 juillet, le lendemain
Chambre 420

Elle s'était réveillée en sursaut, un bras surgissant en vitesse de la couette blanche du métis qu'elle fit glisser le long de son corps afin de sortir du lit. Il faisait clair dans la pièce et durant quelques secondes, ses yeux clairs avaient été aveuglés par les premiers rayons de soleil. Elle ouvrit rapidement son sac à main en cuir brun foncé et en sortit son cellulaire, seulement vêtue de ses sous-vêtements violets en jolie dentelle. Elle jeta ensuite un regard à Zayn qui dormait toujours avant de décrocher et d'aller se faufiler dans la salle de bain pour s'y renfermer.

_ Il n'est que six heures du matin, papa, pourquoi tu téléphones? râla-t-elle.
_ Je voulais te dire que j'arriverai pendant l'après-midi, tu as bien fait signer les papiers comme quoi tout te revenait?

Ses yeux s'écarquillèrent.

_ Tu parles du départ de Zayn?
_ Tu l'appelles par son prénom?
_ Papa, je ne l'ai pas viré, chuchota-t-elle, avec un ton agacé.
_ Marion, c'est quand même incroyable que tu es incapable de faire ce que je te demande, c'est pour toi tout ça, Monsieur Malik a très bien géré notre hôtel à New-York, et maintenant c'est terminé, il le savait que ce ne serait pas définitivement lui qui s'en occuperait.
_ Mais cet hôtel je ne le veux pas, je te l'ai toujours dit, soupira-t-elle, je regrette d'avoir fait une spécialisation en économie, ça ne sert à rien, viens pas tout perturber s'il te plaît. Monsieur Malik est très serviable, totalement à l'écoute de ses employés et il est très sympa avec moi depuis plus de trois ans. Tu veux que je sois à la tête d'un truc dont je n'ai rien à battre?
_ Vire-le moi pour 14h30, Marion, souffla-t-il avant de raccrocher.

Elle soupira bruyamment avant de se regarder devant le miroir et de remarquer qu'elle avait une tête à faire peur à toute la population. Ses cheveux châtains n'étaient plus aussi lisses qu'avant, ils étaient ondulés, sans aucune tenue. Elle s'était démaquillée le soir dans la chambre du pakistanais lorsqu'elle avait fait comprendre à ce dernier qu'elle squatterait sa chambre pour la nuit. Elle passa donc un peu d'eau sur son visage et l'essuya avec une serviette qu'elle prit dans l'armoire en dessous du lavabo. Elle pensait aussi que ses seins avaient grossi en se regardant dans la glace. Elle rajusta son soutien-gorge et haussa finalement les épaules avant de rejoindre le matelas du chanteur, sans aucune délicatesse.

_ Hé Zayn, tu dors?
_ J'essaye, murmura-t-il, les yeux toujours fermés.
_ Je dois te parler d'un truc, répondit-elle, sérieusement.
_ Tu vas m'avouer que j'étais bon au lit? T'as quel âge en plus de ça?
_ Zayn, je rigole pas, ricana-t-elle.

Elle était tournée vers lui alors qu'il était de dos à elle.

_ Non mais sérieusement Marion, t'as pas aimé ce que je t'ai fait?
_ T'es pire qu'un adolescent.
_ Je ne sais même pas l'âge que tu as, dis-moi au moins ça, sourit-il, doucement.
_ Mon père me demande de te virer depuis des mois , lâcha-t-elle en s'allongeant sur le dos.

Elle fixa le plafond pendant une bonne dizaine de secondes en attendant que le basané réagisse. Mais il ne répondait rien, il ne bougeait plus. Elle commençait même à se demander si il respirait encore. Elle lâcha un soupire d'agacement et d'impatience avant de tourner la tête vers lui. Elle fut stupéfaite lorsqu'elle remarqua qu'il s'était lui aussi tourné vers elle, ses lippes s'étendant au fur et à mesure que les secondes passent.

_ Oui, ça fait environs quatre mois que tu dois le faire, et tu ne l'as toujours pas fait.
_ Pardon? demanda-t-elle directement en se redressant.
_ Il n'y avait pas dix milles raisons qui m'ont poussé à te demander pourquoi je n'avais pas cette envie de partager ma vie avec toi. La seule raison pour laquelle je l'ai fait, c'était parce que je me demandais pourquoi tu ne me virais pas.
_ Mais enfin, Zayn, s'écria-t-elle, les sourcils froncés, ça n'a absolument rien à voir!

Elle s'était légèrement rapprochée de lui. Il venait tout juste de caler ses mains derrière son crâne, continuant de faire un sourire qui permettait à la brune de ne pas s'alarmer. En plus de ça, il s'était permis de poser aisément les yeux sur son corps seulement vêtu de ses fins sous-vêtements. Elle ne disait rien, c'était un peu trop le cafarnaum dans sa tête.

_ Tu crois quoi? T'es pas le seul à être réticent à ce qu'on tente un truc.
_ Ah oui?
_ Zayn, t'es pas mon genre de mec.
_ Ah oui?
_ Oui, fit-elle en sortant du lit. Et t'es viré.
_ Marion, je t'ai entendue avec Tamara, souffla-t-il, en fermant les yeux.

La jeune femme était allée récupérer sa robe beige qu'elle avait posée sur un fauteuil hier soir, un peu avant d'avoir été rejoindre le pakistanais dans son lit. Elle l'enfila rapidement, ne supportant pas spécialement savoir que le métis avait la possibilité de reluquer ses jolies formes. Elle faisait entre temps semblant de ne pas avoir entendu la dernière phrase de son directeur d'hôtel mais finalement elle avait vraiment cette envie de lui demander ce qu'il avait entendu. Et rien que cette idée lui faisait peur, elle qui, habituellement, ne se prenait que très rarement la tête pour quoi que ce soit.

_ T'as entendu quoi?

Et puis non, il préférait attendre que ce soit elle qui lui en parle. Il allait lui dire autre chose de moins important mais qui était tout de même arrivé à ses oreilles.

_ Que le jour où je ne travaillerai plus ici, tu aurais un petit peu moins de joie de vivre.

Elle lui jeta furtivement un regard suivi d'un sourire avant de plonger un pied puis l'autre dans ses jolis escarpins et de prendre son sac à main. Elle ferma la porte et traversa le couloir afin de pénétrer dans sa chambre à une trentaine de mètres plus loin. Elle soupira lorsque son téléphone vibra, une fois celui déposé sur son lit. Elle s'attendait à ce que soit un message de Zayn, et puis son sourire disparu.

de: Adam - 6:11
oui, je t'aime à ce point Marion, réfléchis...

Elle voulait juste oublier ce qu'il lui avait demandé quatre jours plus tôt. Elle en avait parlé à Tamara le lendemain, autour d'un cocktail près de la piscine ou encore une fois Zayn n'avait pas arrêté de passer près d'elles avec des sourires charmants et enjôleurs. Elle sortit de ses pensées lorsque son portable vibra à nouveau.

de: msieur le directeur d'hôtel - 6:12
tu sais Marion, si un jour tu veux te confier, dire un truc qui te bouffe de l'intérieur, il n'existe pas que Tamara. Je suis là, moi aussi.. xx

Si seulement elle savait qu'il avait entendu plus qu'il ne lui avait dit tout à l'heure, elle se rendrait compte qu'en réalité, qu'au plus profond d'eux, ils recherchaient exactement la même chose. Même si ils se disaient réticents de s'aimer.

Reluctance | z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant