Une vie de rêve...

Les fers d'un destin scellé

Voilà. C'était fait. Layla venait d'être "vendue" à une mafia pour une simple dette. Elle n'avait pas eu son mot à dire, et ne l'aurait sûrement plus avec cet homme. En tout cas, c'est ce qu'elle pensait en voyant son air dur, son silence dans la voiture, et la violence dont il avait fait preuve dans le bureau de son père, même si c'était contre Charles. Le conducteur était en train de diriger le véhicule vers Upper West Side, l'un des quartiers les plus chic de New York Jouxtant Central Park, et il s'arrêta le long de la quatre-vingt-sixième rue devant un bâtiment énorme et magnifique. "Impossible que ce soit là qu'il vit..." songea-t-elle. Et pourtant, il ouvrit sa porte, déboucla sa ceinture et sortit de l'habitacle. Ce n'est qu'une fois qu'il referma la portière que Layla l'imita, tombant nez à nez avec un garde qui se dirigeait vers la voiture.

-Prends sa valise Carter, emmène là en haut. Je m'occupe d'elle, fit Karl en se dirigeant vers le porche. Aller viens Layla, on a pas toute la journée.

"Il n'a même pas daigné me regarder..." songea la jeune femme en emboîtant finalement le pas de l'héritier de cet empire. Elle pensait avoir tout vu avec cet hôtel plus que luxueux, mais elle n'était pas au bout de ses surprises. Ce bâtiment avec un style d'apparence classique à l'extérieur arborait en fait une décoration très moderne de l'intérieur, et surtout elle avait l'impression qu'un simple mug devait coûter plus qu'un salaire à son travail. Son travail... Elle devait bien y retourner... Elle regarda autour d'elle, arrivant immédiatement dans une grande pièce de vie, puis dirigea ses yeux vers Karl.

-Dites, comment je vais faire pour aller travailler ? J'ai un job dans le Queens et je suis pas sûre que vous allez avoir le temps de me conduire là bas chaque jour...

-Tu n'iras pas. Pour ta protection tu resteras ici ou tu sortiras avec moi les premiers jours. Ensuite tu auras un garde du corps attitré. Mais ce travail dans le Queens, c'est fini.

Le ton froid et sec dans sa voix n'aidait guère la jeune femme a se sentir en sécurité, mais elle ne répliqua pas. Elle suivit son futur époux jusqu'à l'étage où il s'arrêta devant une porte. Il l'ouvrit juste assez pour que Layla puisse voir un bureau à l'intérieur ainsi qu'une table de réunion.

-C'est ici que je travaille quand je ne suis pas à l'hôtel. Tu as interdiction d'entrer sans autorisation de ma part. Respecte ça et tout devrait bien se passer.

-A quoi bon montrer un paquet de bonbons à un enfant si c'est pour lui interdire d'y toucher ? fit la jeune femme qui reprenait du poil de la bête en levant les yeux au ciel.

Le regard noir que lui lança Karl la fit déglutir avec difficulté. Elle aperçut même les muscles de sa mâchoire se contracter pendant qu'il soupirait et continuait son chemin. Il présenta à Layla les différentes salles de bains, les quelques petites chambres, la pièce de jeu et enfin il ouvrit la porte d'une dernière pièce dans laquelle il invita la belle à entrer. Il s'agissait d'une chambre à coucher beaucoup plus spacieuse que les autres. Le lit n'était pas complètement fait, mais elle était propre dans l'ensemble. La valise de Layla se trouvait au pied du lit, elle avait été apportée pendant leur petite visite de la maison.

-Voici notre chambre. Je me moque que tu dormes dans l'une des chambres d'amis, mais officiellement c'est ici que nous dormons. Tant que tu préviens le majordome dans quelle chambre tu as dormi histoire qu'il vienne la nettoyer tu fais ce que tu veux.

-Ce que je veux ? fit la jeune femme avec un air nonchalant et un sourire en coin. Je veux être ramenée chez moi.

Un long soupir s'échappa des narines de Karl qui jeta ses yeux noirs sur son invitée. En le voyant faire, son sourire s'effaça. Elle se dit qu'elle aurait peut-être dû se taire, mais qui peut lui en vouloir ? Lentement, l'homme referma la porte de la chambre et s'approcha de Layla, contenant visiblement ses émotions.