Esprits tourmentés

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Karl avait pris le temps de boire son verre de Scotch en laissant ses pensées divaguer. Dehors, le temps s'était gâté, et la pluie tombait à flots malgré la chaleur de l'été. Le temps était à l'orage, et pas uniquement de manière météorologique. Les relations entre les familles mafieuses de New York allaient elles aussi tourner au vinaigre à ce rythme. Mais en attendant, les gardes patrouillaient autour de la maison, et il y avait même un homme, Carter, qui gardait la chambre de la femme de Karl. Celle-ci était restée dans un coin de la pièce depuis le retour du couple. Plongée dans une ambiance sombre, presque nocturne, elle se repassait en mémoire l'interrogatoire du prisonnier qui avait assassiné plusieurs hommes de la mafia. Tant de violence... Mais Karl avait tout de même réussi à obtenir les informations qu'il voulait, dont une qu'elle n'arrivait pas à accepter. Elle était la cible d'un contrat sur sa tête. Alors qu'elle ne connaissait Karl que depuis une semaine ! Est-ce qu'elle pourrait encore seulement sortir de la maison sans avoir sur le dos une bande de mercenaires ou un tueur à gages ? Est-ce une vie à laquelle elle aimerait adhérer ? Tant de questions sans réponse, et ses amis qui lui manquaient de plus en plus. Elle qui était d'une sociabilité hors norme se retrouvait à devoir discuter avec uniquement deux personnes... Et c'était extrêmement difficile pour elle. Mais c'est alors qu'elle entendit frapper à sa porte. D'humeur solitaire, elle ne répondit pas, et se contenta de garder ses yeux fixés dans le vide. Elle serrait contre elle son ours en peluche ramené de chez elle, écoutant la pluie battre violemment la fenêtre. N'entendant aucune réponse, Karl décida d'ouvrir pour vérifier que tout allait bien. Il avait dans ses mains un plateau qui contenait un beau plat de Mac and Cheese. Lorsqu'il constata l'obscurité dans laquelle se trouvait la jeune femme, il la chercha du regard et détecta une forme humanoïde dans un coin, recroquevillée sur elle même. Il déposa son fardeau sur les couvertures et s'accroupit devant elle. Il posa son doigt sous son menton et le fit lentement se relever pour qu'elle le regarde. Elle avait vraiment l'air en sale état. Vulnérable. Elle qui avait l'air d'une femme fatale avec une force mentale herculéenne dans cette superbe robe avait été très affectée par cette journée. De nombreux souvenirs traumatiques des violences qu'elle avait subi avec Charles avant qu'elle ne soit lâchement vendue remontaient à la surface malgré elle. Elle observa le visage de Karl qui s'assurait qu'elle allait bien, et finit par articuler quelques mots.

-Alors... C'est ça qui m'attend si je fais un faux pas ? La torture... Et la mort...

Elle libéra son menton de l'emprise de son époux et enfouit son visage dans ses mains. Le jeune homme soupira, et se releva avant d'aller à la porte et de demander à Carter qu'il n'apporte une bouteille de Scotch. Un petit verre l'aiderai sûrement à se détendre. Soudain, une détonation déchira le silence, et un flash lumineux illumina la pièce. Layla poussa un cri de terreur, se recroquevillant encore plus dans son coin de la pièce. Karl accouru à toute vitesse et reprit place auprès d'elle, posant sa main sur l'arrière de sa tête en essayant de la rassurer.

-C'est rien... Tout va bien, qu'est ce qui t'a fait peur ainsi ?

-A ton avis gros malin !? explosa-t-elle. J'ai peur de l'orage depuis toute petite !

-Alors viens, dit-il en tendant ses bras vers son épouse.

Celle-ci, sceptique, ne voulait pas se laisser avoir par cet homme qu'elle savait violent, et un meurtrier des personnes proches de lui. Elle déclina en tournant la tête malgré sa peur viscérale des orages.

-Non... Laisse moi... Vas tuer ou torturer quelqu'un comme tu sais si bien le faire...

-Bien, comme tu voudras. Je serais dans ma chambre si tu as faim ou si tu veux juste un peu de compagnie.

Karl reprit le plateau de Mac and Cheese et sortit de la pièce sans plus de manières, laissant la pauvre demoiselle dans son coin. Il entra dans son antre et déposa la nourriture sur la table de nuit, avant d'allumer la télé se trouvant en face du lit. Il s'allongea en soupirant, mais ne regardait pas vraiment le programme qui passait, il était songeur. "Les Martinez se fichent de moi depuis le début... Je dois leur envoyer un message fort... Mais lequel ?"

Une vie de rêve...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant