New-York.
Ville active, en constante évolution, pleine de vie... Mais aussi une ville dangereuse. Sauf que ça, ce n'était guère le plus gros souci de Layla. La jeune femme poussait la porte du domicile familial dans le quartier d'Astoria, dans le Queens. Une maison raisonnablement grande et propre avec de la place à l'extérieur pour garer deux véhicules, mais malgré ses vingt-trois ans, Layla n'avait toujours pas de voiture à elle. C'est à cela qu'elle devait son air épuisé dû à la marche qu'elle avait dû faire pour revenir de son travail. Elle referma la porte derrière elle et traîna des pieds jusqu'au canapé avant de s'écrouler dessus. Elle retira ses chaussures sans les mains et plongea le visage dans l'un des coussins en poussant un petit gémissement de fatigue. Ses vêtements de marque lui servant de tenue de travail étaient trempés de sueur, la marche sous le soleil d'été ayant été longue depuis le magasin de vêtements dans lequel elle avait réussi à décrocher un poste. Mais elle gardait toujours des changes, sachant très bien qu'elle aurait à réitérer l'opération le lendemain. Les yeux fermés, elle laissait ses pensées divaguer, profitant du peu de temps qu'elle avait seule chez elle. Mais elle releva vite la tête en entendant le bruit d'un moteur qu'elle connaissait par cœur. La sueur sur son front avait emprisonné une mèche de ses cheveux bruns qui s'était retrouvée collée jusqu'à son nez, mais elle ne prit pas le temps de l'arranger et sauta du divan, ramassa ses chaussures pour se précipiter vers l'escalier. Elle grimpa en quatrième vitesse et s'enferma dans sa chambre, soupirant de soulagement. La porte d'entrée s'ouvrit au loin, des bruits de pas se firent entendre ainsi qu'une voix d'homme qui criait à l'attention de la fameuse jeune femme.-Layla ! Dépêche toi de descendre, on a du monde ce soir et la maison est une porcherie !
-C'est bon Charles ! Laisse moi le temps de me changer je suis à peine rentrée !
Avec un lourd soupir, la demoiselle laissa s'échapper de ses lèves un silencieux "connard" avant de se lever et de commencer à retirer ses vêtements. Elle les lança avec succès dans son panier à linge sale à l'autre bout de la chambre et se servit dans son armoire pour enfiler un jean et un t-shirt trop grand pour elle sur lequel il était écrit "God Save America". Elle prit une grande inspiration, déverrouilla la porte et sortit dans le couloir. Elle descendit pas à pas les marches, toujours en chaussettes, et tendit l'oreille pour déterminer la localisation de ce Charles, mais c'est à ce moment que la porte s'ouvrit de nouveau et qu'une femme entra. La vision de cette personne étira un large sourire sur le visage de Layla qui se jeta immédiatement à son cou.
-Maman ! s'écria-t-elle. C'est pas toi qui rentre la première d'habitude ? Quand j'ai entendu la voiture de l'autre abruti, j'ai limite cru que tu avais eu un problème.
En entendant les mots de sa fille, Judy la repoussa par les épaules avec un air offensé tout en prenant le visage de Layla dans ses mains.
-Mais enfin ! Ma chérie, combien de fois dois-je te dire de ne pas parler de ton beau-père comme ça ?! Et puis porter ce t-shirt devant lui, c'est assez provoquant quand-même...-Mais maman ! C'est un tyran brutal et alcoolique ! La première chose qu'il fait en rentrant c'est me gueuler dessus et je devrais me taire et faire comme si de rien n'était !? Je dois marcher une heure chaque soir pour rentrer du travail parce que je n'ai pas le droit d'avoir une voiture ! Et puis ce t-shirt c'est tout ce qu'il me reste de Papa. D'ailleurs, tout serait tellement différent s'il était encore là...
Sur ces mots durs, la jeune femme se retourna et remonta les escaliers deux par deux, laissant sa mère avec un regard triste et mélancolique. Toujours dans sa tenue de travail d'infirmière, elle ne savait pas comment faire pour donner à sa fille la vie qu'elle méritait. Il y a trois ans, Charles semblait pourtant si galant, si bon pour elles... Mais après six mois, son problème d'alcool s'était aggravé, ainsi que son addiction aux jeux d'argent. Malheureusement, il avait déjà pris le contrôle des comptes de la famille. Et même si son travail lui permettait de gagner assez d'argent pour tout le monde, les restrictions pour les deux femmes devenaient littéralement invivables par moments. C'est pour cette raison que Layla avait trouvé un job de son côté et qu'elle devait marcher au retour chaque soir, car son beau-père désapprouvait et ne voulait pas l'aider. Judy craignait que les choses ne dégénèrent bientôt. L'ambiance dans la maison était déjà électrique, mais s'envenimait de jour en jour.Dans sa chambre, Layla s'était adossée à sa porte, assise sur le sol, un cadre serré contre la poitrine. De chaudes larmes coulaient sous ses yeux noisette alors qu'elle contemplait de temps à autre l'homme se trouvant sur la photographie. Karl Patterson, le père de Layla et ancien mari de Judy Patterson, était décédé quatre ans auparavant dans l'exercice de ses fonctions de policier. La relation qu'il entretenait avec sa fille était plus que fusionnelle, et sa perte avait causé tellement de problèmes pour elle. Elle avait commencé à s'attirer de gros ennuis, à fréquenter de mauvaises personnes, mais une relation qu'elle avait finalement entretenue avec un jeune policier juste avant la rencontre entre Judy et Charles l'avait remise dans le droit chemin depuis. Malheureusement, la rapide prise de pouvoir de la part de Charles a fait que cette histoire n'a pas duré au grand désespoir de la jeune femme, mais elle n'a pas replongé dans ses mauvaises habitudes pour autant. Aujourd'hui, elle essaie simplement d'économiser assez d'argent pour s'enfuir et avoir sa vie à elle.
Après avoir craqué pendant plus d'une bonne heure, elle alla déposer le cadre avec soin sur sa table de nuit, l'observa encore un dernier instant avant de détailler la fenêtre de sa chambre. La tentation de faire le mur ce soir était trop grande, et elle ne voulait pas passer la soirée en compagnie des camarades de beuverie ou de jeu de son abruti de beau-père. Elle s'empara donc d'un stylo, arracha une feuille d'un vieux carnet de dessin, et griffonna sur le papier pour le poser sur son lit à l'attention de sa mère qui était la seule personne qui s'inquiétait vraiment pour elle. Ce message disait "Je sors manger je serais rentrée avant vingt-trois heures." Elle se changea donc une deuxième fois, arborant cette fois un haut plus adapté à sortir, elle prit avec elle une petite veste pour contrer la fraîcheur du soir et ouvrit la fenêtre. Ayant déjà opéré cette sortie un nombre incalculable de fois, elle mit pied au sol en glissant le long du mur grâce à un mur de lierre sans soucis. Après avoir réajusté sa tenue et vérifié qu'elle ne s'était pas salie, elle commença à marcher en direction d'un fast-food, les mains dans les poches, ses écouteurs dans les oreilles, le tout en observant Manhattan au loin de l'autre côté de l'East River.
Sur le chemin, elle envoya un message à l'une de ses amies pour lui donner rendez-vous et pouvoir avoir de la compagnie dans la soirée. Le trajet jusqu'au McDonalds du coin ne prit qu'une vingtaine de minutes environ, mais Cindy attendait déjà devant la porte de l'établissement quand Layla arriva. Les deux amies se saluèrent en se serrant dans leurs bras, et commencèrent immédiatement à bavarder de tout et de rien, de garçons, de vêtements pendant qu'elles commandaient ainsi que pendant qu'elles attendaient leur commande. Mais alors que leur repas venait d'arriver à leur table, le téléphone de Layla se mit à sonner. Le nom "Connard de service" apparut sur l'écran, ce satané beau-père. Elle leva les yeux au ciel et l'envoya sur la messagerie, mais il ne passa pas dix secondes avant qu'il ne rappelle.
-Oh mais il me fait chier lui ! s'exclama t-elle
Elle raccrocha une deuxième fois et mit l'appareil en sourdine avant de le fourrer dans sa poche et de se concentrer sur son amie.
-Tu n'as pas peur de sa réaction quand tu rentreras ? s'inquiéta Cindy
-Tu te rappelles de qui est mon ex ? On s'est pas séparés en mauvais termes, ce con me touche une fois et Marc débarque dans les dix minutes, peu importe si il est en intervention ou pas.
-Ouais mais a ta place je me méfierai, il est imprévisible, dit-elle en croquant avec appétit dans son burger.
Layla haussa les épaules et imita son amie, mangeant avec appétit sans se soucier de son retour, ou du moins c'est ce qu'elle laissait paraître. Elle préféra envoyer par précaution un message à son ex petit-ami, lui demandant s'il serait disponible dans la soirée des fois que son beau-père partirait en vrille. Après avoir reçu une réponse positive et surtout après l'avoir rassuré sur sa sécurité, elle rangea de nouveau son smartphone et se remit à discuter joyeusement avec sa meilleure amie. Pendant ce temps, les appels manqués s'accumulaient sur la messagerie de Layla, mais personne ne répondait et personne ne comptait répondre. Sans qu'elle ne le sache, son insouciance et son insolence attisaient la colère de certaines personnes qu'il n'était pas recommandé de se mettre à dos.
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Une vie de rêve...
Romantizm/!\ Trigger Warning : Violence, Torture, Contenu Sexuellement explicite /!\ Vivre avec un homme influent, riche et avec beaucoup de pouvoir ? Une vie rêvée vous vous dites. Ce n'est pas l'opinion de Layla, depuis qu'on l'a forcée à adopter cette vie...