Une vie de rêve...

Un réveil difficile

Affaiblie par le manque d'air et épuisée par sa journée, c'est sans surprise que Layla perdit connaissance sur le sol de la chambre quelques minutes plus tard, pratiquement dans la même position que celle dans laquelle Karl l'avait laissée. Cette nuit-là, elle rêva de ce que sa vie aurait pu être avec Marc, son ex petit ami, et non avec Karl qui l'avait presque laissée pour morte à côté de son lit. Lorsqu'elle se réveilla, elle fit battre ses paupières pour s'habituer à la lumière du jour qui inondait la pièce. Elle se trouvait toujours dans la chambre, mais plus sur le sol. Elle était dans le lit, toujours habillée, mais bien bordée pour éviter qu'elle n'aie froid. Ses yeux noisettes analysèrent l'entièreté de la pièce sans y détecter âme qui vive. Elle se remémora les quelques instants précédant sa perte de connaissance en constatant que le pistolet qu'elle avait utilisé pour braquer Karl gisait toujours sur le sol, au même endroit que lorsqu'il l'avait fait valser de sa main. Elle passa alors une main prudente sur son cou et sentit les ecchymoses laissées par la main de son époux lui faire mal au passage de ses doigts. Elle repoussa alors la couette, non sans mal, et parvint à se redresser pour s'asseoir. Elle se sentait extrêmement faible, et cela venait du fait qu'elle avait vécu une dure journée sans manger depuis la veille au midi. Elle se hissa sur ses jambes et dirigea d'abord ses pas vers la salle de bains. En allumant la lumière, elle constata avec horreur les marques laissées sur son cou. "Mais quelle abrutie... pensa-t-elle. Il me faisait confiance et j'aurai pu en profiter, maintenant c'est mort..." Dans un long soupir, Layla éteignit la lumière de la salle de bains et sortit de la chambre pour commencer sa route vers les escaliers. En passant à côté du bureau de Karl, elle se demandait si elle ne devait pas présenter ses excuses pour la veille, histoire d'apaiser la colère et la rancune qu'il devait ressentir contre elle. Elle frappa timidement à la porte, mais personne ne répondit. Ne voulant pas braver une nouvelle interdiction aussi tôt, elle n'essaya pas d'entrer et commença à descendre les marches une par une. Le majordome, Phil, s'affairait au rez-de-chaussée à nettoyer la table de la salle à manger avant de préparer de nouvelles denrées. Il se redressa en voyant Layla approcher.

-Madame, comment allez vous ? s'inquiéta-t-il.

-Je sais pas... J'ai faim... avoua la jeune femme encore perdue. Savez-vous quelle heure est-il Phil ?

-Il est bientôt onze heures du matin Madame, mais je peux vous préparer un petit déjeuner si vous le désirez. Ce serait mieux pour vous faire regagner des forces.

Layla se contenta simplement de hocher la tête avant de venir s'asseoir à table à son rythme. Elle voyait le maître d'hôtel travailler en cuisine et scruta un peu les alentours. Elle n'avait pas encore visité le rez-de-chaussée, seulement l'étage.

-Où est Karl ? demanda-t-elle finalement.

-Monsieur s'est endormi sur le canapé, il était trop contrarié par le coup d'éclat d'hier soir pour dormir, il est donc descendu après son entretien et après vous avoir déposée dans votre lit pour regarder la télévision jusqu'à tomber de fatigue.

-C'est lui qui m'a couchée !? s'étonna-t-elle.

-Et il m'a demandé de venir régulièrement voir comment vous vous portiez, en hochant la tête.

Layla ne savait plus quoi penser. Il avait failli l'étrangler, mais avait pris soin d'elle ensuite... Et c'était comme ça toute la journée. Soit noir, soit blanc. Soit trop, soit pas assez... Elle dirigea un regard vers le sofa qui était dos à elle et se demanda vraiment ce qu'elle devait faire. Phil qui continuait ses préparations en dardant de petits regards vers la nouvelle maîtresse de maison, savait pertinemment ce qui était en train de se passer dans la tête de la demoiselle. Il servit une belle part de pain toasté recouverte de confiture à la framboise pour sa nouvelle patronne et s'assit en face d'elle, avec un air visiblement désireux de s'investir.