Une vie de rêve...

Sombres desseins

Il n'était pas très loin de vingt-deux heures lorsque la porte s'ouvrit. Et c'est ainsi qu'elle apparut, comme descendant du ciel dans sa robe immaculée, piquée de magnifiques pierres rouges par endroits. Son bouquet de roses ainsi que son maquillage accentuaient la couleur des joyaux et tous les regards exprimaient de l'admiration. La salle de réception avait été réaménagée en salle de cérémonie, remplie de chaises, laissant une allée pour la mariée, et menant à un autel. Là, Karl l'attendait, dans le même costume que lors de leur arrivée, et la personne qui avait l'air de présider le mariage serait apparemment le père de son futur époux. Il attendait avec un morceau de papier dans la main, ravi de voir son fils enfin prendre femme, malgré les circonstances qui n'avaient pas l'air de le déranger tant que ça. De son côté, Karl ne put s'empêcher de sourire en voyant sa promise approcher. Elle était tellement belle. Il dut bien reconnaître qu'elle ferait un bon parti pour un mariage, si elle n'était pas aussi exaspérante et potentiellement dangereuse. Layla s'arrêta alors aux côtés du jeune homme et fit face à son futur beau-père qui attendait de pouvoir commencer. Il déplia alors son morceau de papier sur lequel un discours était écrit, se raclant un peu la gorge avant de commencer.

-Mes amis, nous sommes réunis aujourd'hui afin d'unir la vie de mon fils, Karl Wilson, à cette charmante jeune femme se trouvant à ses côtés, Layla. Il est important de préciser qu'après la fin de cette cérémonie, mon fils, tu seras officiellement et définitivement le chef de l'empire des Wilson et tu héritera de manière immédiate de l'ensemble de mes biens.

A partir de ce moment, Layla n'entendait plus rien. Elle ne pouvait plus, elle était trop concentrée. Sa colère l'empêchait de penser correctement, ou de se concentrer sur les paroles de Wilson Senior. "Tu vas mourir ce soir..." pensa-t-elle en jetant un petit regard faussement amoureux vers son fiancé. Elle avait, pendant le temps de préparation, concocté un plan simple. Elle s'emparerait de l'arme qui reposait dans la table de nuit et qu'elle savait chargée et armée et mettrait fin à cette mascarade. Il n'y avait aucune raison que ce plan ne fonctionne pas. Ce n'est que plusieurs minutes plus tard, lorsque le père de Karl terminait son discours qu'elle reprit ses esprits et revint à la réalité.

-Karl, acceptes-tu de prendre Layla Paterson pour épouse,
et de t'engager à continuer de l'aimer,
de la chérir et de l'honorer,
de la respecter et de l'encourager,
à rester à ses côtés dans la santé et la maladie,
la richesse et la pauvreté,
et ce jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

-Oui, je le veux, répondit-il avec une douceur qui lui était étrangère.

-Layla, acceptez-vous de prendre Karl Wilson pour époux
et de vous engager à continuer de l'aimer,
de le chérir et de l'honorer,
de le respecter et de l'encourager,
à rester à ses côtés dans la santé et la maladie,
la richesse et la pauvreté,
et ce jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

-Oui, je le veux, annonça Layla en se voulant la plus convaincante possible.

-Cette famille vous unis donc désormais, et je vous transmet ma chère Layla, le pouvoir de faire de mon fils le nouveau chef de cette grande famille.

Il retira lentement sa chevalière et la posa sur le coussin de velours, sur lequel un anneau doré reposait déjà.

-Portez désormais ces anneaux, signe de votre amour et de votre volonté de vous demeurer fidèles, et vous pouvez désormais, Layla, arborer ce modeste présent pour vous souhaiter la bienvenue parmi nous.

Avec une infinie douceur, Karl cueillit les doigts de sa belle dans les siens, et passa délicatement l'alliance à son annulaire gauche. Sa délicatesse la faisait douter. Elle le regarda dans les yeux lorsqu'il passa autour de son cou le collier que lui tendait son père. Et si elle attendait de voir ? "Non, songea-t-elle. Sinon je serais prisonnière toute ma vie." Elle s'empara de la grosse chevalière que chaque chef de cette famille devait porter à l'annulaire, et la glissa sur le doigt en question de Karl avant de se reconcentrer sur le chef de la cérémonie.