Chapitre 11

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Les palpitations agressèrent sa peau comme autant de mauvais pressentiments. Le son de ces arbres déracinés comportait un " déjà-vu " à l'augure néfaste.

— Qu'est ce que c'était que ça ? S'inquiéta Thomas, qui l'observait comme s'il en attendait une réponse clairvoyante.

Hanté par le souvenir d'une précédente et interminable nuit, Max frémit à l'idée que l'histoire se reproduise. D'un doigt, il imposa le silence et dressa l'oreille.

Peut-être y'a t'il une raison à l'absence de vie de cette forêt.

Le bruissement se dirigeait vers le nord, à l'opposé de leur direction. Unique bonne nouvelle qui s'échappa de sa bouche en un soupir discret.

— Est-on encore loin du village ? Demanda t-il à voix basse.   

— Deux heures tout au plus je dirais, lui répondit le marchand.

— Bien, ne perdons pas de temps. Mettons nous en route.

Le groupe se hâta de seller les chevaux et d'étouffer les braises de leur feu de camp. Ils reprirent la route à la lueur de leurs torches, priant pour qu'elles n'attirent pas l'attention. Dans un silence de mort, ils parcoururent le sentier flexueux devenu beaucoup plus inquiétant. Le vent s'était tu et seuls les sabots des chevaux, ainsi que des hennissements occasionnels, accompagnaient leur progression. Les yeux de Max balayaient à tour de rôle, chaque côté des bois lorgnant sur la sente, en quête de n'importe quelle malveillance dissimulée dans ses tréfonds. 

Après une marche muette, dont la durée parut démesurée, les abords d'un ruisseau se dévoilèrent, traversés par un rustique, mais robuste pont de bois. À la vue des premières maisons de bois de l'autre côté, un murmure soulagé se diffusa au sein du groupe.

— Ouf, nous y sommes enfin, souffla le jeune Atis.

— Hehe, si tu voyais la multitude de couleurs que ton visage a pris pendant ce voyage, le taquina Thomas en accompagnant ses paroles d'un coup d'épaule. 

Le chariot roula sur les planches plaintives, lorsqu'une tache pourpre logée sur la rambarde capta l'attention de Max. Il tira son épée hors de son fourreau et poursuivit son avancée.

— Prudence, il y a du sang ici, annonça t'il en tempérant sa voix.

Les compagnons de fortune s'armèrent à leur tour, avec les outils à disposition. Aucune lueur, aucun signe de vie. Un silence de mortel régnait dans les allées du village de Corsilva. Un immense trou creusait l'un des toits de chaume les entourant, tandis que de nombreuses traces de roues marquaient les différentes rues boueuses du village.

— Qu'est ce qu'il s'est passé ici ? S'inquiéta Atis en avalant sa salive.

— Presque toutes les portes sont encore ouvertes, une attaque de bandits ? Supposa le négociant.

— On dirait que les habitants ont fui en grande hâte, se hasarda Anya à l'adresse de Max.

— Et si les barbanes avaient attaqué le village ? Renchérit le jeune assistant, rongé par la peur.

— Non, ils sont encore loin d'ici. J'ai entendu parler les gardes en ville, les barbanes doivent obligatoirement emprunter le Détroit de Fénard avant de marcher sur la capitale. Le prince mène son armée pour les affronter là-bas, le rassura Max en posant une main réconfortante sur son épaule. Je doute que l'on en croise par ici.

Etonnée, Anya eut un haussement de sourcil à son encontre. 
Le chemin principal serpentait entre les maisons et remontait jusqu'à une modeste église en bois de pins, comme le reste des bâtisses du village. Différentes empreintes de pas se rejoignaient jusqu'à son huis entrouvert, et des rigoles de sang imprégnaient la terre à mesure que le groupe s'approchait.

Voyage vers l'île des mortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant