Chapitre 8 - Evan

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Assis derrière le volant de ma Mercedes, je ferme les yeux et prends une grande inspiration.

Voilà maintenant deux jours que j'ai déjeuné avec Andréa et je n'ai finalement pas eu le temps d'aller le voir plus tôt. Deux jours que je dors mal à me retourner le cerveau pour savoir ce qui se passe pour que tout parte en vrille au même moment. Deux jours où je n'ai pas croisé Maïa. Deux jours entiers passés au QG pour faire parler mon ancien passeur qui a fini par mourir sous les coups d'Alex pas plus tard que ce matin.

Résultat ? Nous n'en savons toujours pas plus.

Le messager qui a approché le marinier pour le débaucher n'a donné ni nom, ni adresse, ni numéro de téléphone, rien. Il devait repasser deux jours après pour avoir sa réponse. Et son physique est celui d'un homme lambda. Donc autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Bref, c'est vraiment la merde en ce moment.

Je réouvre les yeux et me frotte le visage des deux mains dans un geste de lassitude. Je suis garé devant le manoir de mon grand-père depuis maintenant vingt minutes, mais je n'ai pas encore eu le courage de sortir l'affronter. Personne n'est venu me chercher.

Mon grand-père me connait et sait que j'ai besoin de temps pour faire le tri dans mes pensées.

Mon regard pivote vers la façade baroque. L'endroit que j'ai considéré le plus comme un foyer, un havre de paix dans lequel je peux me ressourcer depuis la mort de mes parents.

Sa devanture de pierre blanche est une beauté architecturale qui a vu le jour dans les années 1750. Construite par mes ancêtres, cette demeure est dans notre famille depuis pas mal de générations. Les moulures dans les murs, ainsi que les colonnes qui entourent la propriété, sont à couper le souffle. Ce manoir fait la fierté de mon grand-père.

Après avoir soufflé un bon coup, j'ouvre la portière et sors enfin de la voiture pour me diriger vers les marches de l'entrée.

Une grande porte noire en fer forgé, accompagné de deux grandes vitres qui nous laissent apercevoir le hall, s'ouvre avant que je n'aie eu le temps de sonner.

Devant moi se trouve Albert, le majordome, qui m'a vue devenir un homme au fil des années.

— Bonjour Albert. Est-ce que mon grand-père est là ?

L'homme d'une cinquantaine d'années se décale pour me faire entrer dans la résidence.

— Monsieur Evan, je suis content de vous revoir. Bien sûr, pour vous, Monsieur Moore est toujours disponible — il fait un petit geste du bras pour me montrer le chemin — je vous laisse passer dans le petit salon, je vais le prévenir de votre venue, me répond Albert dans une courbette, avant de partir en direction du bureau de l'étage qu'Evan Senior ne quitte jamais.

Le petit salon est tout sauf petit.

Dans un manoir, les pièces sont démesurées, leur nombre affolant, et, pour la plupart, ne servent pas à grande chose, voire pas du tout.

Une décoration au gout du jour avec un grand canapé d'angle de couleur blanc assorti à une jolie table basse en verre où repose une plante verte.

Une cheminée aux pierres grises se situe face à la porte et de chaque côté se trouve deux meubles transparents où l'on voit alcool et verre de toute sorte.

Je m'approche d'eux et regarde les photos disposées dessus, à la vue de tous.

La première est une photo de mes parents le jour de leurs mariages. Souriant de toutes leurs dents, les yeux plongés dans ceux de l'autre, avec un regard de pur bonheur et d'amour.

Dark weddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant