Chapitre 20 - Maïa

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Phil nous dépose devant un vieux bâtiment de deux étages aux briques rouges, rénové et remis au gout de jours.

Le quartier des arts est un dédale de plusieurs rues animées, avec des musiciens de rues, des spectacles itinérants, j'ai même pu apercevoir un mime. Certains murs sont recouverts de fresques plus magnifiques les unes que les autres, et un nombre incroyable de petites boutiques, comme des galeries ou des magasins de musique, y sont implantées.

Evan me guide jusqu'au studio, sa main chaude sur mes reins.

Je fais fi de la sensation que cela me procure pour me concentrer sur l'espace dans lequel nous pénétrons.

C'est une seule et unique pièce de plusieurs mètres carrés, tapisser de béton du sol au plafond. Au fond, je peux apercevoir une coiffeuse, une grande penderie où est suspendu un nombre incalculable de vêtements, ainsi qu'un paravent pour se changer en toute intimité.

Sur le mur opposé se trouvent une grande toile blanche et une multitude d'instruments professionnels disposés devant. J'aperçois aussi une grande malle où déborde un certain nombre d'accessoires : foulards, lunettes fantaisie, chapeaux de toutes les formes.

Un homme d'une quarantaine d'années, grand et très imposant, s'approche de nous. La peau hâlée de son visage, fait ressortir le vert de ses yeux. Ses cheveux noirs parsemés de mèches blanches sont remontés en chignon au-dessus de sa tête. Sa barbe mi-longue termine son look biker à la perfection.

Evan le salue en lui serrant la main, puis me présente.

— Voici ma femme, Maïa. Maïa, Filippe, le photographe pour notre séance de ce matin.

Je lui offre une poignée de main à mon tour. La sienne recouvre intégralement la mienne. J'ai l'impression que, si je ne fais pas attention, il va l'engloutir.

Assez nerveuse, et ne sachant pas quoi faire, je laisse Evan mener la danse. Après tous, c'est son milieu, pas le mien.

— Il nous faudrait des photos pour annoncer notre mariage dans la presse et sur les réseaux. Quelque chose de sobre, sans pour autant passer pour des versions bas de gamme de la famille royale. Quelques clichés plus décontractés pour la famille et pour terminer des clichés seulement pour nous, sourit malicieusement mon comique de mari.

Je reste de marbre, me retenant de lui demander de développer, et me déconnecte de la conversation où il est question d'exposition, d'ouverture et de mise au point. Du jargon inconnu au bataillon. J'en profite pour faire une retouche maquillage et coiffure.

Quand il est enfin temps de nous mettre en place, mon anxiété est à son comble.

Nous nous plaçons au centre du fond blanc et attendons les directives de notre photographe, debout, l'un à côté de l'autre comme deux statues de cire au musée de Madame Tussauds Hollywood.

Evan se penche vers moi, et plonge sa main dans une des poches de son pantalon pour en sortir une petite boite.

— Une femme mariée sans bague, ça fait mauvais genre, glousse-t-il à mon oreille.

J'étais tellement nerveuse tout à l'heure, que je n'ai même pas fait attention que cette étape avait été sautée à la mairie.

Il prend ma main tremblante dans la sienne où se trouve déjà un anneau en or, et me passe la bague au doigt. Ses yeux sont neutres, ne laissent rien passer de ce qu'il ressent. Il ne quitte pas le mien, où doit se lire un capharnaüm de sentiments mélangés.

Je détourne le regard, déconcertée par ma réaction idiote face à un simple geste.

Un geste faux, qui plus est.

Dark weddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant