Dark wedding

Chapitre 19 - Maïa

J'ai très mal dormi cette nuit.

Rien d'étonnant vu que mon cerveau s'est repassé en boucle le diner d'hier soir. Je suis en dessous de tous. Evan m'a offert l'opportunité d'allier le plaisir à cette farce.

Mais je me connais.

Je dois protéger mon cœur.

Alors j'ai refusé, aussi tentante que soit l'idée.

Habituellement, j'aurai passé plusieurs heures au téléphone avec le duo infernal pour décortiquer entièrement notre conversation. Essayer de lire entre les lignes. Voir s'il n'y avait pas des choses à comprendre, des sous-entendues.

Mais non.

Quand j'ai su que je devrais le suivre dans toutes ses apparitions, que ce soit public ou au sein de la mafia, j'ai bien cru défaillir sur place. Je vais devoir prendre sur moi. Ravaler mes peurs, les affronter, et me mettre en tête qu'Evan n'est pas comme mon père.

Femme de Parrain...

Si l'on m'avait dit, il y a encore un mois, que j'allais me marier à un mafieux, j'aurais fini par m'étouffer avec mon fou rire.

Comme quoi, il peut se passer pas mal de choses en très peu de temps.

Je descends dans la cuisine me préparer un grand café pour me mettre dans les meilleures conditions possible pour la journée qui m'attend. Si la mariée arrive au shooting avec les yeux qui ne sont pas en face des trous, ça donne une mauvaise image.

Ou alors l'image d'une nuit de noces de folie.

Encore une fois, idée tentante, mais non.

— Alors c'est toi la croqueuse de diamants ? me demande une voix féminine, froide comme la glace.

Oh non, pas encore.

Je me retourne lentement vers l'entrée de la cuisine, mon mug de café chaud entre les mains, où se tient une magnifique jeune femme, environ mon âge.

Et encore une blonde aux cheveux longs.

Qu'est-ce qu'il me trouve franchement ? Je ne ressemble à aucune des belles plantes avec qui il sort habituellement. Je suis même leurs exactes opposée !

Ses yeux couleur chocolat me fusillent sur place. Si un regard pouvait tuer, je serais déjà morte.

Son air irascible ne laisse rien présager de bon. Sa posture droite et les bras croisés sur sa poitrine indique clairement qu'elle est sur la défensive.

C'est pourtant elle qui m'agresse.

Son nez en trompette est froncé de dégout quand elle tombe sur ma main où il est supposé se trouver une bague.

Oups.

— Pas de bague ? Celle qu'il t'a offerte pour sa demande n'était pas assez chère pour que madame la porte à son doigt ? me crache-t-elle au visage.

Je sens mon irritation monter en flèche. Elle avance d'un pas dans ma direction, sûrement dans l'optique de m'intimider avec ses 20 centimètres supplémentaires.

Je commence à en avoir ma claque de ces nanas qui se pense tout permis.

— Bonjour, je suis Maïa, la fiancée d'Evan. Je te dirais bien enchantée, mais ce ne serait pas sincère. Si tu es là pour me faire une crise de jalousie, il va falloir faire la queue. Tu n'es pas la première cette semaine et tu ne seras sûrement pas la dernière, lui dis-je avec un sourire plus que faux.