Chapitre 21 - Evan

2K 90 24
                                    


Je me suis dégonflé.

Voilà 20 minutes que je suis assis à mon bureau, la tête entre les mains, en train de me repasser la journée d'aujourd'hui dans les moindres détails.

Après l'interview, j'ai déposé Maïa à la villa et me suis enfui en prétextant une urgence au QG.

C'est faux.

J'ai couru me réfugier dans un endroit où je me savais inaccessible. Pouvoir me cacher aux yeux du monde, et surtout aux siens. Pouvoir réfléchir sens avoir l'odeur de son shampooing à la pomme qui me déconcentre, sans avoir la sensation que ses yeux de biche sondent mon âme pour avoir la réponse à ses questions, sans avoir notre incontestable et incontrôlable attraction qui pousse nos corps à vouloir se mêler.

Elle m'obsède, me captive.

Après Sophia j'ai dit stop. Stop aux relations amoureuses. Dans ma position, j'ai trop à perdre si je tombe sur une personne mal intentionnée.

Et ce fut le cas avec elle.

Alors même si Maïa n'a rien à voir avec Sophia, je ne pense pas être assez objectif.

La porte de mon bureau s'ouvre sur Alex et son rictus amusé s'accentue devant mon air pitoyable.

Il avance jusqu'au fauteuil devant mon bureau, avant de se laisser choir dessus.

— Vu la tête que tu tires, je partirai sur une femme. Il n'y a qu'elles pour nous mettre dans des états pareil. Allez, raconte tous à tonton Alex (il se penche vers moi) qui t'a retourné le cerveau comme ça ? Une jolie Russe peut-être ? rigole-t-il.

Je grogne, le visage toujours entre mes mains, pour les passer ensuite dans mes cheveux avant de m'adosser à mon siège.

— Elle me rend dingue et je ne sais pas pourquoi (je fais une pause pour réfléchir) j'ai l'impression d'être un ado devant son premier porno. Et putain, je ne dois pas m'approcher d'elle ! C'est tous sauf une bonne idée.

— Tu m'as perdu là. Pourquoi est-ce une mauvaise idée ? dit-il, perplexe.

— Peut-être parce que c'est la fille du parrain de la Bratva ? Que si je la baise et ne la rappelle pas, comme toutes les autres, il pourrait me le faire payer à travers l'organisation ?

— Je ne comprends toujours pas... c'est une grande fille, elle n'a pas besoin de papa pour se défendre. Et puis pourquoi parler d'un coup d'un soir ? Tu l'aimes bien cette fille, non ?

Il en fait exprès, ce n'est pas possible d'être aussi con.

— Un seul mot : Sophia.

C'est à son tour de grogner, un regard incrédule posé sur moi.

— Tu es sérieux ? Tu refuses d'avancer, de te construire un possible avenir avec une super nana, tout ça par ce qu'une salope t'a fait du mal il y a quatre ans ? Passe à autre chose, mec !

— Vendre nos infos à nos concurrents et ennemis, tu appelles ça « faire du mal » toi ? Moi j'appelle ça un coup de pute magistrale ! Cinq ans de ma vie à me faire baiser dans tous les sens du terme. Désoler de ne pas vouloir recommencer l'expérience.

Repenser à cette partie de ma vie me laisse un gout de bile dans la bouche. Je lui avais tous donné. Je m'étais plié en quatre pour elle, je l'avais demandé en mariage, je lui passais tous ses caprices, j'essayais de lui donner toute l'attention et l'amour dont j'étais capable, mais elle n'en avait jamais assez. Et puis un jour elle me laisse un mot pour me dire qu'elle se barrait avec Ivan, le parrain de l'Est. Avec sous le coude, beaucoup trop d'infos sur la localisation de nos entrepôts, certains noms de nos collaborateurs, et j'en passe.

Dark weddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant