Chapitre 4 - Maïa

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L'ambiance du restaurant est chaleureuse. Les lumières sont tamisées, des tables positionnées pour avoir un maximum d'intimité, le tout agrémenté d'une décoration intimiste de bon goût. Je me dirige directement vers le fond où je vois Alex passer derrière un rideau épais de la même couleur que ma robe. Mon palpitant s'emballe pour une raison inconnue. Savoir qu'il y a une possibilité pour que ce soit une alcôve privée et de me retrouver seule avec ces deux hommes le temps d'une soirée, que je connais à peine, fait monter mon stress en flèche.

Bon, ce n'est pas comme si je venais de m'installer chez l'un d'eux...

Prenant mon courage à deux mains, j'avance vers le rideau que je décale pour passer derrière. C'est une pièce deux fois plus grande que ma chambre à la villa. Une seule table est disposée au milieu de la salle. Dans le coin gauche, au fond, un bar en bois brut est agrémenté de plusieurs bouteilles d'alcool. Accoudés sur celui-ci, Alex et l'homme froid avec qui je vais habiter, me regardent avancer dans leurs directions tels deux félins prêts à bondir sur leur proie : moi.

Je ne respire pas l'assurance, mes pas sont incertains, à deux doigts d'opérer un demi-tour pour aller me cacher sous ma couette comme une petite fille apeurée. Si mon père m'a fait venir jusqu'ici pour ma sécurité, c'est que je peux leur faire confiance, non ?

Je me rassure comme je peux.

Je me rapproche des deux hommes avec un sourire que j'espère avenant. Mon regard se pose sur monsieur Moore qui ne me lâche pas. Ses yeux de glace ont une expression indéchiffrable. Il me sonde, balaye mon corps, s'attarde sur certains endroits de mon anatomie qui me font frissonner. J'ai l'impression d'être une jument proposée pour une saillie.

Je détourne le regard pour croiser celui d'Alex qui, lui, est chaleureux. Mon instinct me dicte qu'il est quelqu'un de bien à qui l'on peut faire confiance, alors que pour son ami... il crie danger.

Une fois à leurs hauteurs, le barman se rapproche :

— Bonsoir, que souhaitez-vous boire, madame ? demande-t-il d'un ton professionnel.

— Bonsoir, un verre de vin sera très bien, merci.

— Pas de vodka ? Je suis presque déçu ! Ce n'est pas inscrit dans vos gènes normalement ? Rigole Alex avec un clin d'œil. Vous avez pu souffler un peu avant de rentrer dans le restaurant ? Je me suis dit qu'après la rencontre de ce vieux ronchon de première, vous en auriez besoin.

J'apprécie son humour qui se veut léger pour détendre l'atmosphère. Son dernier commentaire me fait sourire. Effectivement, j'en avais besoin. Eh oui, ce n'est pas la première fois que j'ai ce type de remarque sur mon choix d'alcool.

— Loin de moi l'idée de vous choquer, mais je n'aime pas la vodka. Je préfère un bon verre de vin ou un bourbon de temps à autre, dis-je d'un ton dégagé en haussant les épaules, laissant intentionnellement sa dernière question sans réponse.

Alex me regarde, perplexe, puis jette un coup d'œil vers son voisin qui n'a toujours pas décroché un mot, sirotant son verre d'un liquide brun, les yeux toujours fixés sur moi.

— Vous... n'aimez pas la Vodka... il éclate de rire, la main sur sa poitrine. Mince ! Je crois que l'on va parfaitement s'entendre tous les deux ! Cet alcool est infect ! Sans vouloir blesser vos traditions et valeurs, bien sûr.

Je lui rends son sourire tout en remerciant le barman pour le verre qu'il me tend.

J'essaie de jouer la fille désinvolte et naturelle, coincé entre ces deux hommes. Je ne sais pas quoi leur dire, quelle question poser. Je ne veux pas les offenser et prendre le risque de mettre à mal la collaboration entre eux et mon père. Je sirote mon verre en laissant mes yeux parcourir la pièce pour ensuite revenir sur mes deux accompagnateurs.

Dark weddingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant