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-Je te l'avais dit qu'il t'avait invité pour une autre motivation que les cours, déclare Ava en sirotant son cocktail à base de rhum.

-Ava, je crois que ce n'est pas le moment, commente Mathilde d'un ton accusateur.

Je prends une gorgée de ma bière alors que je les écoute débattre sur les événements de ce midi.

Après être sortie en trombe du labo de Liam, Ava a tout de suite compris que quelque chose s'était passé -autre que les plans merdiques qu'elle avait prédit. Elle s'est donc empressée d'envoyer le code d'urgence à Mathilde : "un problème = une gueule de bois".

Pour l'anecdote, au tout début de nos relations, on se contentait de se retrouver autour d'un verre pour se confier nos soucis, puis à force de se réveiller avec des maux de tête épouvantables le lendemain matin, on a fini par appeler nos réunions comme ça, sachant déjà comment la soirée allait terminer.

-Comment ça, ce n'est pas le moment ? Rétorque Ava avant de se tourner vers moi.

-Et d'ailleurs pourquoi tu tires cette tête de déterrée? On dirait que tu viens de te faire larguer. Tu regrettes de l'avoir repoussé ou quoi?

Je me mords la lèvre inférieure. Elle tire sur une corde sensible. Regretter est un bien grand mot pour décrire la situation. Sur le moment, ce que j'ai fait m'a semblé être le meilleur choix qui s'offrait à moi. Et je le pense encore, mais je ne peux pas ignorer l'attirance charnel qu'il y a entre Liam et moi depuis notre rencontre.

-Je ne sais pas, d'accord? C'est juste que d'un côté, c'est mon prof. Et de l'autre…

De l'autre, malgré l'interdit, je ne peux pas m'empêcher de revenir vers lui comme un aimant.

-Et si ça n'avait jamais été ton prof, mais le serveur de ce bar ?

Ava m'indique un homme avec calepin en train de prendre commande à quelques tables de la nôtre pour appuyer ses propos.

-La question est, si vous vous étiez retrouvés dans la même situation que ce midi, à l'exception près qu'il t'aurait invité dans les vestiaires de l'arrière salle. Est-ce que tu lui aurais sauté dessus comme te l'a suggéré dans son labo le professeur Moreau?

-Ava, sérieusement ? On ne saute pas sur les gens! Je m'offusque en posant une main sur ma poitrine.

-Arrête de faire de ta fausse prude alors que vous vous êtes littéralement envoyés en l'air toute la soirée du mariage de ta cousine et réponds à ma question.

Je soupire, voyant que je ne pourrais pas éviter la question éternellement, je décide de jouer la carte de l'honnêteté.

-Je… oui j'aurais cédé.

-Je le savais ! s'exclame-t-elle en brandissant sa paille.

-Léonie, intervient Mathilde avec un air solennel, tu sais à quel point je raffole des relations interdites.

Elle marque une pause pour avoir mon approbation. Et en effet, je ne compte pas le nombre de romans à l'eau de rose  qu'elle possède dans sa bibliothèque dans lesquels les darkromances prônent sur le reste.

-Mais, reprend-t-elle, en tant que meilleure amie, j'ai le rôle de te prévenir, même si tu n'as pas envie d'entendre cette vérité. On est dans la vraie vie là,  pas dans un livre où tout se finit dans le meilleur des mondes, céder à vos désirs respectifs pourrait courir à votre perte à tous les deux.

-J'avoue que je vais pas lui donner tort, cette fois-ci. Si les étudiants apprennent votre passif, même si vous ne vous connaissiez pas à l'époque, un tas de rumeurs se mettront à courir sur vous et je crains le pire. D'autant plus que le Professeur Moreau a déjà une sacrée réputation.

Le ProfesseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant