Le Professeur

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-C’était quoi, ça? S'étrangle Ava à la fin du cours de Liam. Tu peux m’expliquer?

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas exactement à quoi elle fait référence.

-De quoi tu parles?

Ava secoue son index dans tous les sens.

-Oh, ne fais pas l'innocente avec moi, Léonie! Ça ne marchera pas.

Je hausse les épaules et détourne le regard alors qu'elle me toise en croisant les bras sur sa poitrine. Parfois, Ava me fait penser à un chiot surexcité. Elle monte sur ses grands chevaux sans aucune raison et c'est à moi de suivre toutes ses extravagances sous peine d'avoir trois trains de retard.

-J’avais décidé de ne pas faire la remarque, car je pensais que tu me le dirais de toi-même mais devant ton mutisme, je vais devoir être dans  l'obligation de te tirer les vers du nez.

Ava se lance dans de grands gestes théâtraux durant ses accusations.

-Arrête de tourner autour du pot et abrège, s'il te plait.

Je regarde autour de nous afin de vérifier que personne ne remarque son agitation tandis qu'elle lève les yeux au ciel en soupirant.

-Très bien. Tout d'abord, ce matin, tu as débarqué au cours d'immunologie du cancer, ( soit le cours dont tu fais tout pour éviter depuis la rentrée), avec vingt minutes d’avance, ce qui est inhabituel puisque tu arrives toujours à la dernière minute pour passer le moins de temps possible dans cette salle.

Je déglutis.

C'est donc de ça dont elle voulait parler…

Je n'aurais jamais imaginé qu'elle aurait fait attention à ce détail.

Je hausse les épaules, mine de rien.

-Je me suis juste réveillée tôt ce matin, je m'explique d'un ton peu assuré, alors je suis allée directement en cours pour travailler un peu.

Je déforme peut-être un petit peu la vérité. Il est vrai que je me suis anormalement levée tôt. Pour être honnête, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Hier, j'étais au summum de ma frustration sexuelle que même une douche glacée n'a pas su calmer mes ardeurs. J'ai tellement cogité et pesté contre mon ego que le seul moyen que j'ai trouvé pour éprouver un quelconque sentiment de  paix est celui de me rendre plus tôt à la fac.

Je pensais que j'aurais peut-être une occasion de discuter seul à seul avec Liam pour mettre les choses au clair. A mon grand désarroi, je n'avais pas pris en compte la popularité de Liam au sein de notre promotion. Alors que certains cours sont presque déserts, près d'une trentaine d'étudiants était déjà installés à leur place une trentaine de minutes avant le début du cours.

-Et comment expliques-tu ce grand sourire sur ton visage depuis ce début de matinée ?

-Ava, on est peut-être lundi mais j'ai sûrement passé un bon week-end, tu sais ? Je soupire, exaspérée.

Ava plisse les yeux, peu convaincue.

-Tu me prends vraiment pour une idiote, là?

Je secoue la tête avec assurance. Si il y a une chose que j'ai appris tout le long de ma cohabitation avec ma mère, c'est que lorsqu'on décide de mentir, il faut toujours demeurer cohérent avec ses premiers mensonges.

-Tu as eu un repas de famille hier et tu en ressors à chaque fois plus démoralisée qu'en y allant, alors non, tu n'as pas passé un bon week-end.

Aie. Grillée.