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Je ravale un juron quand je constate que la pluie battante ne s'est pas calmée depuis ce matin. Elle s'est même empirée. Je peux l'assurer car en l'espace de deux jours, je viens de massacrer un deuxième parapluie. Apparemment, si les grenouilles raffolent de la pluie, elles ne sont pas friandes des rafales de vent puisque celle-ci n'a pas tenu plus de deux minutes à l'extérieur.

Je lève les yeux vers le ciel assombri par les nuages grisâtres. Le torrent qui s'y déverse m'empêche de voir à plus de trois mètres devant moi. Il est clair que je serai trempée jusqu'aux os avant de pouvoir attraper le prochain tram. Je regarde ma montre et je grimace. La fin de la prochaine heure de cours est dans un quart d'heure, si je veux éviter de faire le chemin du retour avec une cinquantaine de personnes qui me détestent probablement, je dois partir maintenant. Pour ma part le choix est vite fait, il est hors de question que je joue les bêtes de foire une minute de plus, j'estime avoir assez donné pour la journée.

Avant de retourner affronter la tempête et le tonnerre, qui a décidé de se manifester, je consulte l'application météo, dans l'espoir de découvrir un éventuel éclaircissement qui serait programmé dans les trois prochaines minutes. C'est avec regret mais sans surprise que je réalise que ce n'est pas le cas. La pluie est destinée à déferler pendant encore plusieurs heures.

Je soupire à cette nouvelle. Puis encore une nouvelle fois quand les notifications de messages noient littéralement mon téléphone, qui n'est capable désormais que de vibrer au risque de frôler la surchauffe. Un parapluie en moins me suffit largement alors ne tenant pas à ajouter un portable à la liste de mes objets ayant rendu l'âme, je le laisse vibrer.

60 appels manqués de Maman.

22 appels manqués de Papa.

5 messages de Maman.

Léonie, on a reçu un appel de ton université. Rappelle-nous rapidement.

C'est quoi encore toute cette histoire?

Liam Moreau? Sérieusement? Tu as intérêt à ce que ce soit faux.

Je sais que tu nous ignores, alors cesse c'est enfantillages.

Tu as intérêt à vite nous contacter, si tu ne veux pas que l'on se déplace.

1 message d'Ava

J'ai l'impression que tout s'est un peu calmé au sein de la promotion, probablement parce que tu ne t'es pas pointée en cours mais je suis assez optimiste quand je dis que toute cette histoire appartiendra au passé ! Comment s'est passé ton entretien avec le doyen? Tiens-moi au courant.

1 message de Liam

Léonie, j'ai été convoqué chez le doyen. J'ai réussi à écarter les doutes de mon côté, j'espère qu'il en sera de même pour toi. Appelle-moi dès que possible.

N'ayant pas la motivation de répondre à qui que ce soit, je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et m'assure que mon sac à main soit bien fermé avant de m'engouffrer sous l'averse.

J'entreprends de courir afin d'essayer d'esquiver les gouttes mais je me rends rapidement compte que c'est inutile. D'autant plus que cinq pas sont nécessaires pour que mon pied gauche glisse dans une flaque d'eau. Alors que je me voyais déjà percuter le sol, je réussis par je ne sais quel miracle à maintenir mon équilibre.

Je soupire de soulagement et décide que, mouillée pour mouillée, la marche est bien plus prudente que la course sous ce temps de chien. Je rejette ma tête en arrière pour dégager mon visage des mèches brunes humides qui obstruent ma vue mais celles-ci reviennent se plaquer contre ma joue à cause d'une rafale de vent.

Le ProfesseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant