TARBAMO: le Nouveau monde [ RÉÉCRIT ]

Chapitre 2: Véra Vira Bauva ✦

Un long frisson d'excitation remonta jusqu'à sa nuque.

Les flashs étaient éblouissants, mais elle continuait de sourire, la tête haute. Le présentateur lui tendit le micro pour qu'elle puisse dire quelques mots. Elle commença à parler et tous les spectateurs étaient suspendus à ses lèvres, et buvaient ses paroles, pleins d'admiration.

Alice rêvassait. Elle s'imaginait sous les feux des projecteurs, acclamée par tous, adorée.

La jeune femme blonde était accoudée à sa fenêtre, admirant le ciel étoilé.

Alice rêvait de grandeur. Elle voulait vivre des aventures intrépides et être félicitée pour ses exploits par la Terre entière.

Après de longues minutes à imaginer le discours qu'elle tiendrait pour la cérémonie des Oscars, ou bien celle des prix Nobel, elle prit froid.

Le vent avait soufflé plus fort que d'habitude et Alice ne voulait pas tomber malade. Alors, elle se dépêcha de rentrer au chaud. Mais avant de quitter le beau paysage en fermant sa fenêtre, Alice admira une dernière fois la nuit. Une lueur cependant retint son attention. C'était une étoile filante. Elle ferma aussitôt les yeux et souhaita de toutes ses forces de vivre une aventure passionnante, autant que celle d'Alice au pays des merveilles, pensa-t-elle dans un sourire.

Son souhait formulé, elle ferma définitivement la fenêtre et alla se coucher, emmitouflée dans sa grosse couverture bleue.

Elle se retourna plusieurs fois et s'endormit dans un sommeil sans rêves.

Une sonnerie stridente la tira de son sommeil. En pestant contre elle-même qui avait oublié de désactiver son réveil un jour férié, elle l'éteignit et se recoucha.

Mais rien à faire, son sommeil s'était envolé.

De mauvaise humeur, elle sortit de son lit, saisit son téléphone, se tourna vers la porte et poussa un cri aigu.

Elle recula près de son lit, regardant l'intruse qui était assise sur un fauteuil en cuir noir.

C'était une jeune femme qui devait avoir environ son âge. Elle portait une robe rouge carmin de soirée, qu'elle avait mise avec des grandes chaussures noires à plateforme. Ses cheveux étaient aussi blonds que les siens, mais étaient coupés assez court, dans une coupe qui lui allait plutôt bien. Une mèche lui cachait le visage, renforçant son air mystérieux. Et à son cou, un pendentif garni de diamants en tous genres scintillait. Elle supposa qu'ils formaient des lettres, mais elle était trop loin pour confirmer ses propos.

Elle essaya de paraitre confiante en demandant son identité, mais sa voix tremblante la trahit aussitôt.

"Q-qui êtes-vous, et que faites-vous chez m-moi ?"

Un sourire amusé et un claquement de doigts plus tard, l'inconnue apparut soudainement au pied du lit, aidée par une magie quelconque.

Toujours sur son fidèle fauteuil, elle croisa ses jambes et elle lança : " Je suis Véra Vira Bauva, mais tu peux m'appeler tout simplement Véra. Je suis la cheffe de la première division de l'Élite Noire. Et on recrute

Alice était sans voix.

— Ça ne justifie pas votre présence ici !

— On recrute. Et ton profil nous intéresse. Ça te plairait d'être couverte de gloire ? Sans compter les délicieux plats de la cantine. Alors ?"

Elle voulut parler, mais Véra la coupa aussitôt :

— "Ne dis rien, je sais, le monde rentrerait en guerre rien que pour avoir la dernière part de tarte à la myrtille du chef. Tu ne veux pas te décider à parler ?"

Elle fit la moue. "Tu vas me vexer."

Alice reprit ses esprits et formula une phrase qu'elle jugea cohérente : "Comment je suis censée vous croire ?"

Elle voulait la tutoyer, mais Véra l'impressionnait trop. 

— Vous m'excuserez, mais je ne fais pas confiance aux personnes qui rentrent chez moi sans ma permission, elle compléta d'un air mauvais.

Eh bien, il faut croire qu'elle ne l'impressionnait pas assez pour refouler son habitude d'avoir la langue bien pendue.

Véra sourit, amusée par son caractère. Alice avait suffisamment d'audace bonne pour prétendre au poste de capitaine de son équipe.

— C'est vrai, tu as raison, je m'excuse. Je n'aurais pas dû débarquer chez toi sans ta permission. Ensuite, pour répondre à ta question, fais-toi confiance. Je sais que tu as la réponse au fond de toi.

Alice réfléchit.

— Comment tu as réussi à te déplacer aussi vite, tout à l'heure ? Tu as des pouvoirs ou quelque chose comme ça ?

Véra se leva de son siège, dépoussiéra ses vêtements, claqua des doigts et un portail apparut.

Alors attention, ce n'était pas du type portillon vert qu'on assortit avec des nains de jardin. Non, celui-là était plus du type coloré, étrange, et qui vous emmène dans une autre dimension.

Il faisait la taille d'environ deux baguettes ou alors d'un panier de basket. En tout cas, il était grand.

La spirale qui semblait vouloir tout aspirer captivait Alice d'une manière étonnante. Si elle s'écoutait, elle aurait déjà plongé toute sa main dans l'amas de couleurs qui rappelait les nuances de son tapis violet lilas.

"Tout le monde en a, voyons. Il faut juste les réveiller. C'est une des premières choses que tu apprends quand tu rentres dans l'Élite Noire... Mais j'ai assez parlé, tu viens ou non ?"

Et elle lui tendit une main amicale.

Bizarrement, Alice n'était pas effrayée. Elle était très curieuse. Elle avait l'impression de la connaître depuis toujours et d'être familière avec la magie depuis sa plus jeune enfance.

Elle avait toujours su qu'elle était destinée à de grandes choses, elle le méritait.

Elle se tourna vers Véra :

—"Gloire et prestige, tu disais ? Où allons-nous déjà ?

—A Tarbamo."

Elle saisit la main tendue et elles franchirent le portail d'un accord commun.

La matière était froide, et étrange au toucher. Pendant leur petit voyage en portail magique, étrangement, Alice se revit tenir le discours qu'elle avait imaginé la veille. Tout lui semblait si réaliste qu'elle se sentait partir. Sa tête tournait, et elle ne sentait plus ses jambes. La seule chose qui lui permettait de garder la tête sur les épaules, c'était la pression froide de la main de Véra dans la sienne.

Alice sentit une grande secousse résonner à travers elle tout entière, et elle ouvrit les yeux.