Tillman

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Tranquillement installée derrière son bureau, Regina ne se doutait de rien, elle n'avait pas la moindre idée de ce qui était en train de se dérouler en ville. Depuis son arrivée à la mairie, elle avait été parfaitement incapable d'avancer dans son travail alors que la quantité de dossier à traiter ne faisait qu'augmenter à vue d'œil. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à sa fille et à leur petite altercation de la matinée.

Jusqu'à aujourd'hui, la blonde n'avait encore jamais discuté l'une de ses décisions, bien au contraire, elle avait pour habitude de s'y plier et ce, même lorsqu'elle n'était pas de son avis mais ce matin, rien de tout cela n'était arrivé. En plus de s'y être fermement opposée, elle n'avait pas cherché à cacher sa colère et, pire que tout, elle était allée à l'école seule puis avait refusé de venir jusqu'à la voiture pour discuter, échanger quelques mots, tout simplement lui souhaiter une bonne journée.

Était-ce de la déception qu'elle avait vu briller au fond des yeux émeraude de son enfant ? Cette idée même la terrifiait, elle redoutait de voir, un jour, le nom de son bébé apparaitre sur la liste – déjà interminable – des personnes qu'elle avait sciemment trahie ou blessée dans le seul but d'arriver à ses fins.

Elle comprenait qu'Emma était irritée par son choix, après tout, Ava et Nicholas – de leur nom à StoryBrooke – étaient les premiers enfants à l'approcher sans peur, à venir au manoir, à découvrir son immense chambre et à dormir à ses côtés comme n'importe quel groupe de copain durant une soirée pyjama. Elle n'était pas dupe, elle savait bien que sa fille se sentait seule, bien que sa solitude ait déjà énormément diminuée depuis l'arrivée de Rex dans leur vie mais elle ne pouvait tolérer une telle chose, elle ne pouvait prendre le risque de laisser ces deux enfants mettre sa fin heureuse à mal.

Si la petite blonde le désirait, elle ferait en sorte de lui offrir le monde, toutes les étoiles du ciel et même la lune. Elle serait prête à rendre l'impossible possible, à détourner les lois de la magie, de l'univers et même du monde si elle le lui demandait mais lui accorder cette amitié naissante n'était pas envisageable.

Au fond, elle se disait qu'il valait mieux couper tout lien entre les trois enfants dès à présent, après tout, ils ne se connaissaient pratiquement pas, ils n'avaient pas pu se découvrir tant que ça alors la séparation serait moins compliquée, moins brutale et l'oublie bien plus facile.

Pour la préserver de la douleur, elle irait donc récupérer les deux enfants quelques minutes avant la fin de l'école pour ne pas leur laisser le temps de fuir puis elle les emmènerait directement jusqu'à Boston pour enfin se débarrasser d'eux. Peut-être que pour se racheter une conduite auprès de sa fille, elle pourrait prendre le temps de leur acheter un cornet de glace, ainsi elle lui montrerait qu'elle n'était pas aussi mauvaise qu'elle avait semblé l'être durant leur conversation de la matinée et, par la même occasion, elle obtiendrait le calme de la part des deux enfants qui ne devraient pas poser trop de problème durant le trajet.

Il y avait tout de même un détail qui l'inquiétait particulièrement : la sortie de StoryBrooke.

Ayant provoqué la malédiction, la brune était parfaitement au courant de tous les dangers qu'encouraient ceux qui s'approchaient d'un peu trop près de la frontière. Par chance, elle en était exemptée, elle était la seule à pouvoir quitter la ville à son bon vouloir mais, qu'allait-elle bien pouvoir faire si, malgré sa présence à leur côté, Hansel et Gretel venaient à subir le contre coup de son sort ? Perte de mémoire, dédoublement de personnalité, incapacité à passer de l'autre côté de la barrière, il serait bien fâcheux de se retrouver avec les deux dans un tel état.

Elle n'était pas tant préoccupée par leur condition, bien au contraire, elle s'en fichait royalement mais elle connaissait bien sa fille. Emma ne pourrait laisser passer une si bonne occasion pour la bombarder de question sur ce qui était arrivé à ses deux camarades mais, plus elle y réfléchissait, moins elle trouvait de justification qui pourrait paraitre plausible. Comment pourrait-elle, après tout, lui expliquer que les enfants avaient subitement perdu la mémoire et développé une nouvelle personnalité simplement parce qu'ils avaient tenté de quitter StoryBrooke ? Cette excuse n'avait aucune logique et, au lieu de de la convaincre, la fillette serait plutôt tentée de constater la vérité de ses propres yeux.

Ma fin heureuse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant