🌿Chapitre XVI : Début d'une amitié

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Le pépiement des oisillons et le brouhaha des armes qui s'entrechoquaient dans les entraînements matinaux réveillèrent Anémone. Elle se leva de bon pied en se frottant les yeux pour éclaircir sa vue et s'étira de tout son long en bâillant. Quelques larmes remplirent ses yeux, mais elle ne pleurait pas, c'était comme ça à chaque fois qu'elle bâillait, ça se faisait tout seul.

Elle remarqua alors qu'elle avait une terrible envie d'aller aux toilettes. Elle s'habilla donc en vitesse en choisissant un chandail à manches courts, un pantalon 3/4, etc., des vêtements d'été, en tout cas. Ensuite, elle se brossa les cheveux et les dents distraitement, mais rapidement. Cela faisait un jour qu'elle habitait dans le château de l'enchanteresse depuis qu'elle avait combattu Nuit-Sans-Éclats, et chaque matin, elle avait des courbatures et des bleues.

Hier avait été le pire jour de sa vie, car dès le matin, elle avait eu d'immenses douleurs insupportables et pendant tout le long de la journée, elle avait été prise dans le lit, avait des dizaines de cataplasmes, de pansements et de bandages.

Anémone mit ses sandales et sortit de sa chambre, qui portait le numéro 386. Et oui, c'est un grand nombre, hein ? Ce qui veut dire qu'il y avait au moins 386 chambres dans le château de l'enchanteresse, mais en fait, il y en avait 600. La population comptait environ 2000, alors ça se pourrait très bien qu'elles soient toutes remplies après une bataille, comme il y en avait une à chaque deux semaines.

Sinon, Lotus avait aussi 100 chambres bonus dans le sous-sol. Sa sœur Alysson, elle, avait une chambre avec un nombre plus petit : 097, car elle avait commencé à loger ici plus tôt qu'elle.

Bon, pourquoi elle pensait à ça déjà, elle n'en avait aucune idée, donc autant se concentrer sur sa route vers les toilettes, parce que maintenant, elle avait vraiment envie...

Anémone marcha le long du corridor du troisième étage, qui abritait les chambres 300 à 399, et tourna à gauche une fois au bout, puis à droite un peu plus loin. Elle se retrouva dans un mince couloir qui se séparait en deux sur le mur gauche. Elle rentra dans la partie pour les filles/femmes handicapées et choisit la première cabine disponible qu'elle voyait : la deuxième à droite.

Quand elle eut terminé, elle se lava bien les mains avec du savon... aux amaryllis ! Sa sœur aurait été tellement contente de l'utiliser, mais elle n'était plus là. Certains la pensaient morte, comme Dalia, l'apprentie de l'enchanteresse, tandis que d'autres pensaient qu'elle était partie de son plein gré en allant vivre en solitaire. Mais sa famille ne pensait rien de tout ça, car elle la connaissait, et savait qu'elle ne ferait jamais des choses pareilles.

Chaque fois qu'elle pensait à Amaryllis, elle pensait aux paroles de l'Îmalienne qu'elle avait combattu, Nuit-Sans-Éclats, celle qui était maintenant emprisonnée dans le cachot de la reine Perce-Neige. Elle avait dit qu'elle n'avait pas perdu Amaryllis et que ce soir-là, les trois sœurs étaient dans la même salle. Mais pouvait-ce être possible, à part si Nuit-Sans-Éclats était bel et bien sa sœur perdue...? Mais non, impossible, Amaryllis était gentille, patiente, généreuse, enthousiaste et une Humaine-Fleurs loyale, comment pouvait-elle être l'opposée de ce qu'elle était ?

Une fois avoir rincé tout le savon parfumé, la Fleurise de 12 ans se prit un papier brun et sécha ses mains en enlevant l'eau avec le papier.

Mais lorsqu'elle sortit du cadre des toilettes, un garçon un peu plus vieux qu'elle le fit en même temps. Et comme le couloir était vraiment étroit et minuscule, ils se cognèrent de côté, puis tombèrent les deux au sol en gémissant un petit "Aoutch".

Le garçon leva sa tête de son épaule endolorie et regarda la jeune fille avec attention et intérêt.

« Ça va ? Désolé de t'avoir fait une blessure de plus, hum, je ne m'attendais pas à ce que tu sortes en même temps que moi, et pis, le couloir et si mince... bref, je sais que c'est quand même ma faute, mais, hum, oui, j'aurai dû faire plus attention..., s'excusa-t-il en balbutiant, la tête basse et les joues écarlates.

— Oh, ça va. Ce n'est rien, dit Anémone, même si elle grimaçait un peu lorsqu'elle bougeait son bras. Ce n'est pas entièrement ta faute, j'aurai dû faire plus attention aussi et regarder avant de sortir à une vitesse pareille, ajouta-t-elle avec un petit rire malaisant. »

Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Je cogne un gars inconnu et je lui fais une blague dès ma troisième phrase. Je suis tombé sur la tête ou quoi ?

« Content de l'apprendre, alors. Je m'appelle Mélèze de Feu, apprenti guerrier de Fleuronia, et toi ?

— Anémone d'Ombre et Fleurise de Fleuronia.

— Cool, enchanté. Bon, en tout cas, je crois vraiment qu'on devrait se lever, y'a tout le monde qui nous regarde là et c'est super humiliant.

— Tu as raison. »

En effet, des personnes qui rentraient et sortaient des toilettes ralentissaient leur marche pour observer bizarrement les deux individus tombés et chuchoter des mots à leurs amis ou camarades en les fixant du regard. De plus, tout le monde était très coincé.

Après s'être relevée et épousseté son pantalon, ainsi que saluer Mélèze une fois avoir franchi l'horrible corridor et atteint la porte de la chambre de son "ami", Anémone tourna la tête et se prépara à rejoindre la sienne, lorsque la voix de Mélèze lui parvient.

« Attends ! Je... je voulais savoir... ben, si ça ne te dérange pas, bien sûr, qu'on fasse des trucs ensemble, un jour, tu vois... vu qu'on n'a rien à faire ici et que ce n'est pas facile de se faire des amis...

— Ah, euh... bonne idée, pourquoi pas. Ma chambre, c'est la 386, si c'est ce que tu voulais savoir de plus », répondit-elle, gênée qu'il lui demande son numéro* dès la première rencontre.

Non, mais j'ai vraiment un gros problème ! Je ne le connais presque pas et j'accepte sa proposition alors que je ne sais même pas si c'est une blague de gars niaiseux. Et en PLUS, JE ME SENS HYPER PAS BIEN ET MALAISÉE AVEC LUI !!! JE PARIE MÊME QUE JE LUI SOURIS BIZARREMENT, CONTRAIREMENT À CE QUE JE DEVRAIS RESSENTIR ET FAIRE AUPRÈS D'UN INCONNU, SÉRIEUX !!! Il faudrait absolument que je me change les idées, ce soir. Je crois que j'ai peut-être une fièvre très intense, parce que mes joues brûlent comme pas possible.

« Super ! Et la mienne, c'est la 343. Donc... À la prochaine ! À plus ! salua-t-il une dernière fois en lui adressant un sourire sympathique qui fit sortir Anémone de ses pensées.

— Bye ! » répondit Anémone en espérant qu'elle l'avait fait avec un ton enjoué, car elle avait perdu tout son bonheur à cause de son indignation.

Sur ce, les deux Humains-Fleurs partirent dans deux directions opposées, le cœur léger et lourd (à la même fois ???).

*ATTENTION : c'est le numéro de chambre, pas le numéro de téléphone.

(La photo représente le couloir étroit.)

❀ 𝔏𝔢𝔰 𝔉𝔩𝔢𝔲𝔯𝔰 𝔡𝔲 𝔓𝔬𝔲𝔳𝔬𝔦𝔯 ❀ : 1- FleuroniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant