Chapitre 7: Caracas

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Orion

Qu'est-ce que je fous là ?

Au vue du regard qu'elle vient de me lancer, elle ne doit pas comprendre ce que je fais ici. Je me le demande aussi.

Je suis puéril.

La pluie me fouette le visage alors que je tiens le parapluie au-dessus de sa minuscule tête qui tremble à cause de ses pleurs.

Lorsque la pluie a commencé à tomber,  la première chose qui m'a interpellé est qu'elle avait laissé son putain de parapluie sur la banquette arrière.

Rudy était occupé avec nos vols de tout à l'heure alors je n'ai pas vraiment eu d'autre choix que de venir ici. Elle serait tombée malade à cause du froid et j'ai autre chose à faire que de perdre du temps avec des rhumes.

Elle est recroquevillée sur ce sol qui commence à être boueux et je ne peux m'empêcher de la regarder avec un air exaspéré.

Peut-on vraiment se mettre dans un état aussi minable pour si peu ?

Je ne suis pas du genre à être triste pour les autres, mais j'avoue que plus je la regarde, plus le sentiment de pitié veut faire son apparition. Peut-être me rappelle-t-elle mon moi enfant à l'enterrement de sa mère.

Je refoule rapidement cet infime sentiment de tristesse qui me parcours et je n'ai qu'une envie: partir.

Je quitte son corps du regard pour les dévier sur ses proches. Je pense reconnaître facilement ses parents, ils ont l'air vraiment mal. C'est la vie.

Il y a aussi des étudiants, sans doute ses amis. En tout cas, l'un d'eux semble moins triste que les autres.

Bref, j'en ai assez de tenir ce foutu parapluie.

-On doit y aller maintenant, j'annonce en l'attrapant par le bras.

Elle n'a pas le temps de réagir ou même de réaliser ce que je viens de dire que je l'entraîne avec moi. Elle marche sans résister alors que ses pleurs ne s'arrêtent pas. Ça en devient agaçant.

Nous retournons à la voiture, j'ouvre sa portière et je la balance presque à l'intérieur. Je referme le parapluie que je lui lance dessus et je claque la portière d'un mouvement.

Rudy comprend qu'il ne doit pas poser de questions quand il voit avec quelle rapidité je démarre la voiture et quitte la route.

Ivy ne cesse de pleurer alors j'accélère de plus en plus. Peut-être que le bruit des gouttes de pluie frappant le pare-brise à toute vitesse cachera ses pleurs insupportables.

Après plusieurs minutes, nous sommes enfin arrivés à l'aéroport et Ivy s'est finalement calmée.

Rudy se retourne pour la regarder.

-Nous sommes arrivés, évite de te faire remarquer, suggère-t-il.

Je la regarde à travers le rétroviseur intérieur et elle lui répond d'un signe de la tête, encore une fois.

Je gare la voiture sur le parking situé devant l'entrée de l'aéroport puis nous sortons pour prendre nos sacs. Ivy n'en a pas, ce qui fait une chose en moins à gérer, elle a juste à nous suivre.

Nous entrons dans le hall et nous nous dirigeons directement vers le guichet. Je regarde Ivy hoqueter à force de se retenir de pleurer quand je remarque le regard insistant du secrétaire, suspectant sans doute quelque chose.

Alors pour camoufler la situation, je me place devant elle pour la cacher.

Il ne doit se douter de rien.

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