Chapitre n°31

10 3 0
                                    

La fratrie Arruda avait installé des matelas dans le salon ainsi que des couvertures et, après avoir bu tout en se contant leurs sept ans d'éloignement, ils s'étaient endormis ensemble, dans les bras les uns des autres, heureux de se retrouver enfin unis. Ce furent les premiers rayons du soleil qui réveillèrent Angélica. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu... Elle s'approcha de la fenêtre avant d'ouvrir la baie et de respirer l'air frais. Le vent d'hiver venait fouetter son visage lui donnant l'étrange envie de pleurer. Le vent lui avait tellement manqué, tout comme la chaleur du soleil ou la beauté de la Lune. C'était de simples choses qu'elle n'avait pas pu voir ou ressentir dans les profondeurs des océans. Elle adorait l'eau, c'était une certitude, mais avoir été éloigné aussi longtemps de la surface lui avait prouvé qu'elle n'était pas qu'une sirène. Elle était aussi humaine.

« - Tu es déjà réveillée, Lili ? Demandait une voix matinale derrière elle.

- Je t'ai réveillé ? Désolée Hugo.

- Ce n'est rien, sourit-il avant d'attraper une veste. Tu vas attraper froid.

- Ai-je déjà été malade ? Riait Angélica, avant de fermer la baie vitrée.

- Non, c'est vrai, sourit Hugo avant de prendre sa sœur dans ses bras. J'ai l'impression de rêver.

- Moi aussi, resserait-elle son étreinte. Hugo... Je veux voir Lorena.

- Oui, acquiesçait-il. Laisse-moi appeler ma femme avant. J'étais censé prendre la route aujourd'hui.

- Si tu dois rentrer, fais-le. Tu as ta famille maintenant.

- Elle sera heureuse d'apprendre que tu es rentrée. Je vais préparer le petit-déj'', frottait-il les cheveux d'Angélica avant de partir vers la cuisine.

- Tu cuisines maintenant ? Demandait Angélica surprise.

- Non. Mais je sais faire les bases, lui fit-il un clin d'œil. Va te doucher si tu veux.

- Mes vêtements ne me vont plus...

- C'est vrai que tu as grandi... Il faudra qu'on fasse une virée shopping.

- Je voudrais aussi passer chez le coiffeur, tirait-elle l'une de ses longues mèches de cheveux. Il n'y a pas de coiffeur dans la mer, sourit-elle. Et ils ont grand besoin d'un soin.

- On fera tout ça. Pique des vêtements à Julio. Il ne dira rien. »

Angélica lui fit un sourire avant de grimper à l'étage. Elle entra dans la chambre de son frère aîné et observa les photos accrochées. Ses amis de la fac sans doute, ainsi que des photos de l'armée. Elle vit aussi une photo de Hugo au côté de son épouse et Lorena et Maxence étaient présents dessus. Angélica attrapa le cadre et observa le visage de son amie d'enfance. Elle aussi avait pris un coup de vieux, mais son teint paraissait un peu moins pâle et elle semblait avoir pris un peu de poids. Elle était tellement heureuse d'avoir réussi. Elle l'avait sauvé. Elle n'avait pas sacrifié ce qui lui était précieux pour rien.

Angélica observa les autres photos présentes, mais il n'y avait aucune trace de celui qu'elle aurait désiré voir. Résignée à l'idée de trouver une photo récente d'Isaías, elle prit des habits à son frère et alla se doucher. Une fois prête, elle descendit au rez-de-chaussée et ne trouva pas Julio sur les lits de fortune. Elle alla naturellement vers la cuisine où ses deux frères l'accueillirent avec un large sourire. Elle s'installa et tomba presque de sa chaise en dévorant les plats chauds cuisinés par ses frères. Ça faisait tellement d'années qu'elle avait rêvé de manger du porc et des oeufs. Elle n'en pouvait plus des poissons et des algues.

« - C'est trop bon ! S'exclamait-elle avant de se resservir.

- Doucement. Tu vas faire une indigestion, sourit Julio.

Qui es-tu réellement ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant