CHAPITRE TROIS : ORIGINES

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CRISTIANO


28 avril 2012, New-York.

Je me souviendrai toujours du jour où mes doigts se sont refermés pour la toute première fois autour de ce briquet. Je me souviens de la froideur du métal qui s'opposait à la chaleur de la paume de ma main. Je me souviens de la fascination que j'éprouvais en dessinant avec mon doigt la rose gravée dans le métal. Et pour finir, je me souviens de la première fois où j'ai lu ces trois petits mots gravés : Vérità, Onore, fedelite...

Désormais, alors que je sens la cravate de mon costume m'étouffer, j'ai l'impression que cela remonte à des siècles. La fascination que j'éprouvais a été écrasée par cette immense boule qui me comprime l'estomac. La détente que je ressentais en entendant le son du clapet s'ouvrir et se refermer s'est fait engloutir par les bruits que font les aiguilles de l'horloge devant moi.

Pour la première fois en deux ans, ce petit objet n'arrive pas à calmer les tremblements qui prennent d'assaut mes mains. Il ne diminue pas le sentiment d'étouffement qui je sais au fond de moi n'est pas causé par cette ridicule cravate.

Je tente vainement de fermer les yeux dans le but de retenir mes larmes qui menacent de couler. J'essaie dans un dernier élan d'espoir de faire disparaitre le monde qui m'entoure, j'essaie lamentablement d'oublier la présence de ces deux hommes qui je le sais me surveille du coin de l'oeil. J'essaie d'oublier leurs ombres qui ont englouti la mienne. Et par-dessus tout, j'essaie d'oublier l'idée de m'enfuir par la porte de secours, car je sais que dès que j'aurai bougé de ce banc, ils me rattraperont avant que je ne fasse mon premier pas.

Je jette un coup d'œil aux portes en bois massifs où ils ont disparu depuis maintenant deux heures.

J'ai compris la raison de ma présence ici, de cette soudaine intrusion en partie grâce au peu d'information que mamma m'a donné. Le reste, je l'ai deviné. Il m'a fallu pas mal de temps pour comprendre.

J'ai compris que dans cette affaire, il y aurait un gagnant et un perdant. L'un repartirait chez lui plus riche que lorsqu'il est arrivé tandis que l'autre rentrerait plus pauvre ou sans rien. Sauf que cette fois-ci, le gain n'était pas de l'argent ou que sais-je, non, le gain, c'était moi.

Dans cette affaire, je perds dans les deux cas. Dans les deux cas, je regretterai cette journée toute ma vie.

Il n'a pas été difficile de comprendre qu'il se passait quelque chose de préoccupant. Je l'ai compris lorsque je l'ai vu ouvrir la lettre que le facteur venait à peine de mettre dans la boîte aux lettres. Je l'ai compris lorsque j'ai vu son visage bronzer par le soleil devenir livide, lorsque je l'ai vue relire une dizaine de fois cette lettre en espérant que ce soit une mauvaise blague, qu'une personne était en train de la filmer et qu'elle allait surgir de nulle part et se moquer d'elle pour y avoir cru. Mais personne n'est venu. Mis à part cette lettre écrasante de par ses répercussions.

Je sais que ce n'est pas cette lettre qui a tout déclenché, non, tout a commencé lors de notre premier voyage en Italie et qui je le supposais serait notre dernier vu l'empressement avec lequel mamma voulait qu'on rentre à la maison, ici à New York.

Tout cela à cause d'un homme qui a su la paralyser avec seulement un échange de regard. En un regard, le monde qui l'entourait s'était évaporé en un nuage de poussière. Ils étaient dans leurs univers.

L'homme en question sortait du lot avec ses habits coûteux parmi ces foules de touristes.

De son corps émanait une sorte d'autorité, de puissance, il avait dû faire plier plus d'un genou, faire baisser plus d'une tête en signe de respect. Il portait un élégant costume d'été. Il portait un pantalon blanc ainsi qu'une chemise blanche avec les trois premiers boutons ouverts. Une veste de costume malgré la chaleur étouffante, mais cela ne semblait pas lui poser problème. Chaque tissu coûteux épousait parfaitement sa musculature. Il approche de la trentaine. Le plus marquant dans sa tenue était sa montre en or, elle était spectaculaire, je l'enviais.

POUR TOUJOURS ET À JAMAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant