CHAPITRE HUIT : PARTIE UN : NEW-YORK

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ANGELICA


15 juillet 2024, Rio de Janeiro.


Au fond de moi, je le savais.

Dès le moment où mes yeux se sont posés sur ce masque, je le savais. Sans même m'avoir effleuré du bout du doigt, il avait encore réussi à m'atteindre. Sans même avoir échangé ne serait-ce qu'un seul mot, il a réussi à me menacer. Il en a le pouvoir. Il a ce pouvoir sur moi. Dès le moment où il a été la raison de mes souffrances, de ma faim, de mon mal-être, il l'a eu, et il ne l'a jamais perdu.

- Angelica ?

Il savait très bien ce qu'il faisait en m'envoyant ce masque, il voulait me montrer qu'il n'était jamais parti, il voulait redevenir le centre de mes préoccupations, de mes cauchemars, de mes malheurs. Il voulait être ma souffrance, ma fin.

- Pourquoi ?

Je retiens du mieux que je peux ma voix tremblante, je retiens du mieux que je peux les morceaux de mon cœur qui manquent de s'échapper de mon bandage. Je voudrais demander plus, dire plus. Je n'en fis rien.

- C'est pour ta sécurité.

- Vous pensez réellement que m'envoyer là-bas me protégera de lui ?

- Angelica.

Mon regard se posa sur mon père.

- Tu ne le connais pas, moi si. J'ai passé, que dis-je, il m'a retenue captive pendant un mois, je connais chacune de ses manières de procéder. C'est un psychopathe, un manipulateur. Pour lui, tout cela n'est qu'un jeu. Vous pensez avoir un coup d'avance sur lui ? C'est faux, il en a sept sur vous. En m'envoyant dans cette ville, vous ne me protégez pas, vous m'envoyez à l'abattoir. 

- Nous essayons de faire au mieux.

Je regarde mon grand-père.

- Alors, faites mieux.

- Angelica.

- Non, tu n'as pas le droit papa. Vous ne pouvez pas comprendre, aucun d'entre vous. Vous n'étiez pas là, moi si. Vous pensez savoir de quoi il est capable ? Vous avez tort, ce n'en est que la moitié. Je vous le redemande, je vous en supplie, ne m'envoyez pas là-bas.

- Il est trop tard, Angelica.

Dans un dernier espoir, je me tourne vers ma mère. Ses yeux sont fermés, son visage crispé par la douleur, lorsqu'elle les rouvre, j'y vois la souffrance. Elle ne fera rien, elle ne me sauvera pas.

Je sens mon cœur s'accélérer, cette boule se former, les tremblements, je ressens tout. Ils vont m'abandonner, ils vont me laisser, ils vont me jeter dans la gueule du loup.

Sans le savoir, il venait d'enclencher le début de ma fin.

New-York serait ma fin.

Je ne sais pas pourquoi c'est la première chose qui m'est venue à l'esprit après qu'il soit parti, après que j'ai entendu cette porte claquée. Je ne sais pas pourquoi je me rappelle ce moment, cette conversation, pourquoi elle tourne en boucle dans ma tête, qu'elle occupe chacune de mes pensées.

Savaient-ils vraiment ?

Je me remémore chacune de leurs expressions, chaque regard, chaque parole, chaque mot. Je ne cesse d'essayer de leur trouver des excuses, ils ne peuvent pas m'avoir fait ça, pas après tout ce que j'ai fait pour eux, pas après toutes ces souffrances.

Ils ne peuvent pas.

Et pourtant, alors que je fixe cette porte, je sais qu'il ne ment pas, que toutes ces excuses qui tournent en boucle dans ma tête ne seront à jamais que des excuses, elles ne reflèteront jamais la vérité, celle que je souhaiterais savoir, entendre.

Ils savaient.

Ils savaient qu'il était là et ils n'ont rien fait.

Ils n'ont pas annulé mon vol, ils n'ont pas arrêté la voiture, ils n'ont pas téléphoné, ils n'ont rien fait.

Est-ce tout ce que je vaux pour eux ? Est-ce tout ce que je suis ? Rien ?

J'aimerais que ça ne fasse pas mal, que toutes ces petites aiguilles qui s'enfoncent dans mon cœur ne soit qu'imagination.

Je fixe cette porte avec dérision. Si je ne sentais pas encore ses doigts autour de ma gorge, je pourrais croire que tout ceci n'est qu'un mauvais rêve. Il n'en est rien. Je ne me réveillerai pas, malgré toutes mes supplications. Je resterai plongée dans ce cauchemar éveillé pour l'éternité.

Ou alors, je me réveille, je laisse cette amertume me submerger, cette colère qui était enfuie en moi remplacer cette faiblesse qui me tire vers le bas. J'ai le choix. Pour une fois, on ne le fera pas pour moi.

Je regarde les fenêtres comme je l'ai tant de fois fait plus jeune. Je l'ai. Pas eux.

Lucretia.

Elle comprendra, elle me pardonnera.

Vais-je vraiment le faire ? Vais-je vraiment franchir cette porte ?

Vais-je briser toutes leurs règles ?

« Tu n'es rien pour eux. »

J'ai choisi.


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Coucou,

Je suis désolée d'avoir mis tant de temps à poster ce chapitre, mais l'école prend du temps.

Il est assez court, j'ai vraiment hésité à le poster. N'hésitez pas à me donner des conseils, ou si vous changeriez des phrases ou quoi.

J'espère tout de même qu'il vous a plu. La partie deux ne devrait pas tarder, elle devrait être poster dans la semaine, mais je ne vous promets rien.

J'espère avoir égayé votre soirée.

Bisous.

- J

POUR TOUJOURS ET À JAMAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant