CHAPITRE SEIZE

230 10 0
                                    

ANGELICA 


21 janvier 2019, Washington.


« Chaque femme a besoin d'un homme qui ruine son rouge à lèvres

et non son mascara.»

- Marilyn Monroe


Le prince charmant.

On y croit toutes ou plutôt, on veut toutes y croire. On a besoin de se convaincre que les hommes qui nous font rêver pendant des centaines de pages ne sont pas que fictions, qu'ils peuvent se matérialiser autre part que dans nos esprits, qu'ils peuvent faire battre nos cœurs autrement qu'à travers des mots sur une page.

J'y croyais ou plutôt, j'avais la naïveté d'y croire.

J'avais besoin de croire qu'après l'orage viendrait le soleil, que malgré les immenses vagues manquant de me renverser quelqu'un viendrait me secourir, que mon prince charmant viendrait me sauver. Mais alors que les flammes des bougies se reflètent dans mes yeux larmoyants, je comprends.

La seule.

J'étais...la seule. Dans cette immense salle, j'étais la seule à ne pas avoir senti son cœur battre la chamade face à la vue d'un garçon s'approchant. J'étais la seule à ne pas avoir senti ses joues rougir à l'entente d'un compliment.

Il n'y en pas eu. De compliments, il n'y en pas eu. La vérité ? Il n'y avait personne pour m'en dire ne serait-ce qu'un seul. Il n'y a pas eu de prince charmant, il n'y a pas eu de pantoufle de verre perdue, de danse. Au plus profond de moi, j'espérais qu'il y aurait un « Ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d'enfant ». Cependant, le conte s'est terminé avec la phrase « Il était une fois... ».

Je ne saurais dire la raison pour laquelle j'y ai cru, pour laquelle je me suis embêtée à enfiler cette robe qui me comprime jusqu'à en perdre le souffle, pourquoi je me suis embêtée à mettre ne serait-ce qu'une goutte de fond de teint, ni pourquoi je me suis tant questionnée sur le goût de mon gloss. Il n'y aura jamais de prince charmant, il n'y a aura pas de pantoufle de verre, ni de danse et encore moins de premier baiser.

Tout ce que je peux faire, c'est rester assise, seule à cette table à les regarder vivre alors que je me sens mourir à l'intérieur.

N'est-ce pas ironique ? Les personnes pour qui je me suis battue, pour qui j'ai pris une respiration après l'autre sont celles qui me détruisent.

J'ai lui ai donné une chance. À la vie, je lui en avais laissé une dernière. Je lui avais donné le temps de me prouver que ça en valait la peine, qu'avoir pris chacun de ses coups en valaient la peine, que vivre, aimer en valaient la peine.

Parfois, il m'arrive de me demander ce qui se passerait si tout s'arrêtait. La douleur, s'arrêterait-elle ? Ou arriverait-elle à me suivre à travers cette lumière blanche ?

N'est-il pas triste d'en arriver là ? De se dire que la mort parait au final plus tentante que la vie ? J'en suis arrivée là. Ils m'ont poussé à en arriver là.

Pleureraient-ils ? Si je mourrais, regretteront-ils ? Me regretteront-ils ? Je pense que dès le moment où on se pose cette question, il y a déjà quelque chose qui s'est brisé en nous, il y a déjà quelqu'un qui a brisé quelque chose en nous.

Je n'ai jamais été forte ou du moins, si je l'ai été, j'ai dû l'oublier avec elle. Alors honnêtement, je ne sais pas où j'ai trouvé la force de me lever, où j'ai trouvé la force de faire un pas après l'autre, de faire abstraction de leurs regards alors que ceux-ci détruisaient le peu d'amour que j'éprouvais à mon regard.

POUR TOUJOURS ET À JAMAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant