CHAPITRE ONZE : PARTIE UN

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CRISTIANO 

24 décembre 2017, Rome.


Un jour, mon père m'a dit cette phrase : « La trahison, c'est faire preuve de pitié envers ceux qui ne le méritent pas. ».

Je ne sais pas pourquoi cela me revient en mémoire en ce moment même, pourquoi ces quelques mots tournent en boucle dans ma tête alors que mes pensées ne sont que chaos.

Il est dur de se dire qu'il suffirait de presser, ne serait-ce que de quelques centimètres, la détente pour enlever la vie de quelqu'un. On pourrait croire qu'ainsi, c'est simple. Après tout, on presse et boom, tout est parti, il serait parti.

Cependant, si l'on regarde plus profondément, que pour une fois on ouvre réellement les yeux, que l'on arrête de faire semblant, on comprendrait que si ce mécanisme est simple, il n'en est rien quant à la décision, l'unique, celle qui a le pouvoir de changer une personne en une pression.

Suis-je réellement prêt ? Suis-je prêt à devenir le monstre qu'ils ont toujours voulu que je sois ?

Je sens ses petites mains froides se resserrer sur moi, je sens leurs tremblements. Sa peur se mélange à la mienne pour former un tourbillon explosif. Mais par-dessus tout, je sens ses larmes, celles qui ne devraient pas couler, celles pour qui je pourrais déplacer des montagnes.

« La trahison, c'est faire preuve de pitié envers ceux qui ne le méritent pas.»

- Valentina, tu me fais confiance ?

Je la vis hocher la tête du coin de l'œil. Elle ne cessait de resserrer sa prise, comme si elle avait peur que je parte.

- Bien, j'ai besoin que tu mettes tes mains sur tes oreilles, ne les enlève pas avant que je ne te le fasse savoir. Ensuite, je veux que tu fermes les yeux, le plus fort possible. Tu te souviens de quand on jouait à cache-cache ?

De nouveau, elle hocha la tête alors que ses sanglots redoublaient.

- C'est la même chose, il faut que tu ailles te cacher avant que le grand méchant loup ne vienne te chercher. Tu as compris ?

Un dernier hochement de tête, le dernier.

- Vas-y, va te cacher et surtout, ne te retourne en aucun cas.

- Et toi ?

- Moi ? Il faut bien que le chevalier protège la princesse. Ne t'en fais pas pour moi, je survivrai.

- Je ne veux pas te laisser, s'il te plaît, vient avec moi. Cristiano, je t'en prie.

Pour la première depuis notre course effrénée, je la regarde dans les yeux.

- Val, questo non è un addio, ma solo un gioco. Ci incontreremo di nuovo, lo prometto. Maintenant, va, la partie a commencé.

J'entendis ses petits pats résonner dans la petite ruelle.

« Ne baisse pas les yeux, regarde-le droit dans les yeux. Fie-toi à ton instinct, il sera ton seul allié dans le moment où tu te sentiras le plus seul. »

Je lève les yeux, je ne quitte pas l'ombre que je vois sortir de la pénombre, je ne fais pas attention à sa silhouette, seulement à ce qu'il représente, un ennemi.

Je le lève, cet objet froid qui contraste avec la chaleur de ma main, je sens son poids alourdir mon bras.

Tre ;

Due ;

Uno ;

Boom.


POUR TOUJOURS ET À JAMAISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant