ANGELICA
Je pensais que je finirais par faire demi-tour, que la peur finirait par prendre le dessus. Je le croyais sincèrement. Cependant, elle ne l'a pas fait. Dès que je sentais ses longues griffes sanglantes me broyer l'estomac, il suffisait que je pense à l'après, ce qu'il y aurait derrière la fenêtre.
Je mentirais si je disais que je n'ai pas eu ne serait-ce qu'un seul regard en arrière, que mon cœur ne s'est pas serré une seule fois à l'idée de la laisser ici.
Je sais qu'elle finira par comprendre, qu'avec le temps la douleur de mon départ finira par s'estomper. En revanche, je ne sais pas si elle réussira à trouver la force de me pardonner. Si les situations étaient inversées, je ne sais pas si j'y arriverai.
Je pourrais lui demander de venir avec moi. Je pourrais lui demander qu'elle quitte tout pour moi, sa vie, sa famille, l'Empire. Au fond de moi, je sais qu'elle le ferait, qu'elle me choisirait. Malheureusement, je n'ai pas le cœur à lui demander de choisir entre eux et moi. Personne ne devrait avoir à faire un choix pareil. Elle m'en voudra, elle me détestera peut-être, mais elle comprendra, j'en suis sûr.
Si elle me comprend, ils n'en feront rien. Ils penseront tout d'abord que je les ai trahis, peut-être l'ai-je fait, peut-être pas. Tout ce que je sais, c'est qu'ils l'ont fait en premier. En partant, en quittant l'Empire, je leur renvoie l'arme qu'ils m'ont plantée dans le dos il y a quelques semaines.
Je sais qu'ils me chercheront, qu'ils n'abandonneront jamais. Cette fugue ne durera peut-être que quelques mois, quelques semaines, quelques jours, l'avenir me le dira.
Je ne sais pas si je finirai par regretter cette décision. Si dans quelques mois, le goût amer du regret aura pris la place du goût sucré de l'excitation. Malgré tout ça, je préfère m'étouffer avec des remords que des regrets. Si je dois regretter, très bien, je regretterai, mais je pourrai au moins me dire que j'ai essayé, que je l'ai fait.
∞
Intouchable.
C'est le premier sentiment que j'ai ressenti en passant devant chacune de mes ombres. Chacune de leurs questions restait sans réponses. Je voyais la détresse dans leurs regards. Que pouvaient-ils faire ? Rien.
S'ils me touchaient ne serait-ce que du bout du doigt, on leur broierait la main. Cependant, s'ils me laissent quitter cet appartement sans rien faire, sans me retenir, le couteau sous leurs gorges qui était autrefois invisible deviendrait bien réel.
Alors que choisir ? Une main ou la vie ?
Ils ont choisi la main. Alors que je remplissais mon sac à main de billet, ils n'ont rien fait mis à part parler. Alors que je prenais mon passeport, ils n'ont fait que me supplier.
Ai-je ressenti de la pitié ?
Non.
Je ne suis pas naïve. Si on leur ordonnait de me mettre une balle dans la tête, ils n'hésiteraient pas une seule seconde. À mon tour de n'avoir aucune hésitation.
Ils voulaient que je sois une Flores, la fille d'un mafieux ? Ils l'ont.
∞
J'aimerais ne pas les sentir, leurs regards.
Je les sens m'observer de leurs regards d'acier, jugeur. Je les entends chuchoter, critiquer.
J'aimerais que toutes ces questions ne fusent pas dans ma tête. J'aimerais pouvoir me dire que ce n'est pas moi le problème que c'est eux, mais je n'y arrive pas.
Je ne peux m'empêcher de me demander si c'est ma tenue qui fait rire ce groupe de filles, si ce sont mes rondeurs qui leur donnent l'audace de me juger. Je me demande si le dernier bouton ouvert est de trop et est donc la raison de ce regard insistant de la part de cette femme âgée.
Je ne peux pas les empêcher de me critiquer, de me juger. Je ne peux que retourner leurs propres regards. Cette partie blessée en moi ne cesse de murmurer que contrairement à elle, je n'aurai jamais à regarder avec envie une robe derrière une vitrine sans jamais pouvoir l'acheter, je ne devrai jamais compter les sous sur mon compte, ou prier pour que ma carte passe. Mais elle se tait rapidement lorsqu'elle se rappelle d'où vient cette richesse.
Je suis interrompue dans mes pensées par la réceptionniste.
- Bonjour, quelle destination souhaitez-vous prendre ?
- Bonjour, un billet pour le Portugal.
- Aller et retour ?
- Aller, seulement l'aller, s'il vous plait. Je ne compte pas revenir.
Ses yeux me scrutèrent d'un aire interrogateur. Je comprends. Qui voudrait quitter New-York, la ville qui ne dort jamais ? Personne.
- Seulement un seul billet ?
Je pourrais encore lui demander de venir, il me suffirait de l'appeler. Mais que lui offrirais-je mis à part une vie remplie de regard en arrière et de fugue. Ce n'est pas une vie.
- Oui, juste un, un seul billet.
- Puis-je avoir votre passeport ?
Alors que l'observe vérifier mon passeport, j'ai un pincement au cœur en voyant pour la toute dernière fois mon prénom.
Angelica Victoria Emilia Flores.
Malgré toutes ces souffrances, toutes ces tortures, j'ai été fière de porter ce nom. J'ai aimé être une Flores, j'ai sincèrement aimé ma famille. Cependant, pour que je puisse un jour ne serait-ce que m'aimer sans être dégoutée de ma personne en me voyant dans une glace, il faut que je parte, que je m'éloigne d'eux et de l'aura sombre de la mafia.
- Je suis désolée, mais ça ne va pas être possible.
Avez-vous déjà connu ce moment où vous sentez ce mal-être profond vous prendre, où en une seconde, vous arrivez à voir toutes les conséquences d'une seule action. Je l'ai vu, au moment même où elle a prononcé cette phrase, je les ai vu.
- Je ne comprends pas.
Je retiens de toutes mes forces le léger tremblement dans ma voix. J'essaie de ne pas laisser apercevoir ma peur, de ne pas voir ces conséquences.
Je ne sais pas pourquoi, mais la seule image que j'arrive à voir en ce moment même est un château de cartes dont on vient de retirer la carte maitresse, celle qui maintient son équilibre.
Elle vient de retirer ma carte, d'un seul coup.
- On vous a retiré la permission de quitter la ville de New-York, ou plutôt, il vous est interdit de quitter le sol américain.
Alors qu'elle venait juste de terminer sa phrase, son visage est la première chose qui m'est apparue. C'est lui. Je sais, je suis sûr que c'est lui.
L'héritier de la mafia ennemi. Mon ennemi. Mon fléau.
- Dite-moi son nom. Je ne veux qu'un nom.
- Cristiano Castellano.
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Helloooo tout le monde,
Tout d'abord, je tiens à m'excuser d'avoir mis si longtemps à poster ce chapitre. Si cela peut vous rassurez, le suivant est déjà en court d'écriture. J'essaierai d'être plus régulière dans mes publications.
Ensuite, je tenais à remercier les quelques personnes qui suivent cette histoire. Peut-être qu'un jour nous serons des milliers. Le temps nous le dira.
En attendant, n'hésitez pas à me donner des conseils ou bien même à m'écrire pour parler d'histoire que vous lisez, je reste une lectrice...
Je ne vous ai jamais vraiment demander ce que vous pensiez de mes deux personnages principaux. Alors, les aimez-vous ? Avez-vous des espérances ou des prédictions pour cette histoire ?
Enfin bref, merci beaucoup.
- Ju.
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POUR TOUJOURS ET À JAMAIS
Romance« Ils paieront tous. » Dans un monde sombre où règne la mafia dans l'ombre, où le sang coule avec abondance et où la paix n'est qu'un miroir prêt à être brisé, ils étaient là. Dans cet univers où les apparences ne sont que trompeuses, où la destinée...