Une nuit dangereuse

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2022

LUI

Il était à moitié affalé sur son canapé lorsqu'on toqua violemment à sa porte.

Il ne dormait pas, il n'avait jamais vraiment dormi dans son boulot. Il devait être en permanence sur le qui vive, et cela le suivait même durant ses jours de congés.

Il se redressa sans bruit, récupéra un tee-shirt pour couvrir son torse nu, et se déplaça vers l'entrée discrètement. Il avait son arme sur lui, mais il ne s'en servait qu'en dernier recourt. Prudent, il observa à travers le judas qui pouvait être la personne qui tambourinait déjà depuis quelques minutes.

Surpris, alors qu'il pensait avoir affaire à un membre de la pègre, il ne vit personne. Il se fit plus petit, par expérience, et ouvrit alors la porte, croyant à une blague. Encore plus intrigué, il baissa les yeux sur un petit bout de femme en colère. Il la vit se raidir devant sa vue, puis reprendre contenance si vite qu'il crut à un mirage.

- Je toque depuis un moment ! Tenez, ramenez-moi chez moi s'il vous plaît.

Et sur ces mots, elle lui tendit une liasse de billets qui n'avait pas l'air de lui appartenir. Il se redressa et fronça les sourcils, en réfléchissant.

Il s'attendait à ce que cette petite souris prenne peur devant son allure de sauvage, mais elle ne flancha pas. Qui était-elle et que venait-elle faire dans ce quartier un samedi soir ? Ce n'était pas vraiment réputé pour être sûr et il était un homme dangereux. Alors en pleine nuit...

- Que fais-tu là ?

- On m'a dit que tu pouvais me ramener chez moi...

- Qui ça ?

- Luis... je ne connais pas son nom de famille.

Il grogna, le seul Luis du quartier était peu recommandable. Et les autres n'utilisaient jamais ce prénom au hasard. Ce n'était pas un homme à qui on se frottait sans y perdre quelque chose. Il avait cette personne en horreur et le voilà qui lui amenait du fric et une femme qui correspondait à ses goûts. Cherchait-il à lui offrir un pot de vin ?

- On bouge ?

La petite souris était en petite tenue et la nuit était fraîche, elle se frottait les bras pour se réchauffer... ou pour se rassurer. Était-elle dans le coup, ou était-ce vraiment une coïncidence ?

- Rentre.

Le ton était sans appel. Il vit qu'elle ne voulait pas s'enfoncer dans son antre, mais elle n'avait pas le choix si son "taxi" ne voulait pas bouger.

Il la laissa franchir l'appartement miteux puis lui désigna le canapé où elle s'assit sur le bout du siège, prête à s'enfuir au moindre mouvement suspect. Elle ne semblait pas naïve et encore moins idiote. Elle mordait sa lèvre, sans doute nerveuse.

Il alluma une cigarette et s'assit en face d'elle. Il considéra la petite chose devant lui. Sous la lumière intérieure, il la voyait mieux. Minuscule, avec de belles courbes, elle avait une bouche rebelle qu'il aimait décidément beaucoup et un décolleté bienvenu. Blonde avec des mèches bleus, aux yeux verts, la peau pâle, elle détonnait dans la ville méditerranéenne. Elle avait un air exotique, presque irréelle comme une coupe en cristal précieuse qui foulerait un parquet bien trop sale pour elle. Sa tenue dévoilait assez de chair pour être attirante sans pour autant être vulgaire. Il ne doutait pas que Luis avait jeté son dévolu sur elle.

Il s'arracha à sa contemplation lorsqu'il remarqua qu'elle le fixait intensément.

- Où as-tu rencontré Luis ? Demanda-t-il.


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