Untitled [Mature] {EN COURS}

Chapitre 6

Charlie avait tenté de résister à l'enthousiasme contagieux de son frère, mais ses efforts avaient été rapidement anéantis par sa poigne déterminée. L'appartement de Gabe se dressait devant elle dans une silhouette de pierre rouge, caractéristiques de la Nouvelle Orléans, un édifice empreint d'histoire, dans une ville où le temps semblait toujours avoir un pied dans le passé.

Plutôt ironique au vu de la situation.

Les vibrations de la musique résonnaient dans l'air dès qu'elle sortit de sa voiture. «Une petite fête» avait dit Thomas...Elle avait l'impression qu'il l'avait légèrement sous-estimé. L'environnement lui rappelait davantage une boîte de nuit avec une ambiance survoltée qui semblait avoir migré des escaliers jusqu'au seuil de l'appartement. Les échos de la fête se répandaient dans les marches, ponctués par les gobelets écrasés et les bouteilles de bière vides qui tapissaient le chemin.

Une fois à l'intérieur de l'appartement, Charlie ressentit un frisson d'incrédulité en contemplant la foule dense qui l'accueillit. Comment Gabe avait réussi à réunir autant de monde ici ? L'idée d'une soirée intime s'était évaporée dans la réalité grouillante de la pièce. Une réalité dans laquelle elle se sentait un peu dépassée.

Thomas se pencha pour lui parler dans l'oreille. «J'y vais ! Amuse toi bien !» cria-t-il pour tenter de couvrir la musique.

«Quoi ?? Non mais attend !» se précipita Charlie. Mais il était trop tard, son frère, toujours aussi extraverti, l'abandonna rapidement pour se mêler à la foule et entamer des conversations avec d'autres invités.

Charlie, qui avait toujours été plus introvertie que son frère, se dirigea vers le bar dans l'espoir d'utiliser l'alcool comme un remède au malaise qui la gagnait. Elle se servit un verre de rhum comme pour lui permettre d'oublier son manque de confiance en elle déguisée en timidité. La sensation familière du liquide ambré lui procurait un certain réconfort, même si elle était bien consciente que cela ne résoudrait pas ses inquiétudes. Elle observa les inconnus autour d'elle, à la recherche d'un visage familier, d'une connexion, mais chaque regard semblait se détourner avant de croiser le sien.

Une voix inconnue la tira de ses pensées. Une voix féminine qui sonnait sympathique. «Salut ! Tu es ici pour Gabe ?»

La question sonnait avec le ton d'une évidence, comme si tous les chemins menaient à lui ce soir-là.

Le sourire que Charlie arbora pour dissimuler son inconfort était un masque bien ajusté. «Oui, on peut dire ça. Une invitation de dernière minute.»

La question fatidique arriva. «Comment tu le connais ? Je ne t'avais jamais vue auparavant.»

La question percuta Charlie comme un coup de poing dans l'estomac. Les mots lui rappelèrent avec cruauté qu'elle était, en effet, une étrangère dans la vie de Gabe. Elle avait beau être préparée à l'idée que Gabe avait continué à vivre sa vie après leur séparation, cela la heurta douloureusement.

Charlie, derrière un sourire forcé qui masquait sa tristesse, répondit d'une voix hésitante. «Oh, nous nous sommes connus il y a longtemps. C'est surtout un ami à mon grand-frère en fait..» dit elle en désignant Thomas qui semblait se mêler avec aisance à la foule.

Lorsque l'étrangère sembla réaliser son identité, un sentiment de gêne la submergea. «Ah ! Mais t'es la fameuse Charlie, alors ?»

Charlie, quelque peu désarçonnée, fit de son mieux pour rester à la hauteur. «Euh, ouais.»