Chapitre 7

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Charlie s'était glissé dans sa réalité au moment le plus intime et le plus privé. L'instant où il allait s'abandonner à ses désirs les plus bruts et les plus sombres. Cette situation l'avait laissé pantelant, désarmé, exposé. Charlie avait foutu en l'air sa petite escapade de plaisir interdit, et ça, ça l'avait foutrement excité.

Elle l'avait regardé. Il avait capté ses propres désirs. Cet instant interminable où ils s'étaient regardés, observés, jaugés, bouffés des yeux, il aurait donné n'importe quoi pour que cet instant ne prenne jamais fin.

Charlie avait paniqué et s'était éclipsée, et bien sûr, il l'avait suivie. Elle s'était retrouvée piégée dans un cercle de tension, comme une proie acculée. Gabe avait agrippé son poignet pour la stopper et l'avait forcée à lui faire face.

Son visage angélique était maintenant teinté d'une combinaison de honte et de gêne. Cette réaction avait éveillé en lui un sourire satisfait, en repensant à l'expression érotique qu'elle arborait quelques secondes auparavant lorsqu'elle l'avait surpris avec un homme.

Charlie cherchait fébrilement à cacher le journal dans son sac à main. Gabe avait certainement remarqué son agitation, et elle maudissait son visage qui s'était mis à chauffer d'une manière qu'elle ne pouvait cacher.

«Je...je cherchais la salle de bain pour me changer», bégaya-t-elle, sa voix tremblant légèrement.

Sa vulnérabilité, c'était putain de sexy.

Gabe l'observa, l'envie de la posséder, de la faire sienne, se devinait sans mal dans ses yeux. «Vraiment ?» répliqua-t-il avec un sourire en coin, ses fossettes espiègles se dessinant alors que son regard affamé glissait de ses yeux à son haut en résille humide.

Elle hocha la tête, et la tension entre eux aurait pu enflammer chaque atome d'air autour d'eux.

«Écoute Charlie, je préférerais que tu ne dises rien à propos de ce que tu as vu. Je n'ai pas honte de ce que je suis, mais avec mon boulot, je n'ai pas envi que ça s'ébruite.»

Son travail exigeait discrétion, et il ne voulait pas que des rumeurs compromettent sa réputation dans cette foutue ville. Les esprits étaient peut-être de plus en plus ouverts, mais il ne voulait pas risquer que son métier dans un cabinet d'avocat en pâtisse.

Le silence qu'elle lui promettait, c'était une promesse. Une confiance fragile qu'elle lui offrait.

«Est-ce que...est-ce que tu es gay ?» lâcha-t-elle, une question inattendue qui fit naître sur les lèvres de Gabe, un sourire joueur.

Un rire étouffé s'échappa de ses lèvres. «Non, je suis bi en fait.» répondit-il en savourant son expression à la fois choquée et captivée.

«Bi ?» répéta-t-elle incrédule.

«Bisexuel. J'aime les deux. Les femmes et les hommes» expliqua-t-il. «Tout le monde a ses chances avec moi» ajouta-t-il en souriant.

Charlie demeura silencieuse, le temps d'assimiler cette information. Elle avait été conditionnée pour voir l'hétérosexualité comme la «norme», la seule voie qui semblait acceptée et comprise par la société. Elle avait oublié qu'il existait une multitude manière d'aimer. Elle s'en voulait de ne pas avoir envisagé que d'autres réalités existaient. Elle se sentait bête d'avoir tiré des conclusions précipitées sur ce qu'elle avait vu.

«Tu ne t'es pas trompé sur la tension entre nous, si c'est ce à quoi tu pensais...» lâcha-t-il.

Il lui caressa la joue, comme pour lui rappeler de quel moment précis il parlait. Une partie de lui était prêt à plonger dans cette nouvelle connexion. Mais, il semblait que Charlie n'était pas aussi enclin que lui. Il fallait reconnaître qu'elle venait de le voir sur le point de baiser un mec dans sa chambre. Il se pouvait qu'elle soit perturbée par la capacité de Gabe à changer de «proie» aussi aisément. Pourtant...si elle savait.

Il tenta alors de changer de sujet. «Alors, comment tu t'es retrouvée ici, à ma petite fête ? On dirait une gamine perdue.»

L'atmosphère s'apaisa et il décida de s'approcher d'elle, brisant une nouvelle fois la distance entre eux.

Elle leva les yeux au ciel, une mimique qu'il remarqua être la même que lorsqu'elle était enfant. Chaque fois qu'elle était contrariée, ce tic agaçant surgissait.

«Je ne suis plus une gamine» répliqua-t-elle, une moue qui mettait en avant sa sensualité.

«Ah vraiment ?» la dévisagea-t-il.

Gabe observa avec une fascination croissante alors que Charlie, étonnamment audacieuse, attrapa les bords de son haut en résille, le soulevant lentement pour dévoiler ce qui se cachait dessous. Chaque mouvement était calculé. Chaque centimètre de peau exposée à la lueur tamisée était comme une offrande provocante.

«Vraiment.» affirma Charlie d'une voix plus rauque que d'ordinaire.

Comment avait-il pu un instant la comparer à une gamine ? Les images de la jeune Charlie, l'enfant espiègle, déterminée mais maladroite qu'il avait connue autrefois, semblaient se déchirer en lambeaux dans son esprit. C'était une femme désormais. Une femme terriblement provocante et langoureuse dont chaque courbe était un appel à l'interdit.

Ses poings se serrèrent instinctivement, cherchant un soutien sur lui-même pour ne pas céder complètement à l'attirance qui le submergeait.

Son regard s'attarda sur les courbes délicieuses de ses seins. La dentelle noire agissant comme une invitation à la caresse. Il pouvait sentir sa propre respiration s'accélérer. Le désir pulser dans ses veines. Il était envahi par l'envie brute de la toucher, de la goûter, de la posséder.

Charlie l'entendit grogner et ne put s'empêcher d'avoir un sourire satisfait aux lèvres alors que lui, son regard s'assombrit.

«Sorcière...» murmura-t-il.

La manière dont elle jouait avec ses limites le rendait dingue sous son imagination qui l'enflammait. La manière dont il pourrait la plaquer contre ce mur derrière elle. La manière dont elle enroulerait ses jambes autour de lui. La manière dont leurs hanches se rencontreraient naturellement. La manière dont il la prendrait fiévreusement. La manière dont elle crierait son nom. Il avait faim d'elle.

Gabe aperçut la lueur de satisfaction qui brûlait dans les yeux de Charlie, ce qui le décida à s'approcher d'elle. D'un pas lent, leurs corps furent bientôt à quelques centimètres l'un de l'autre. Les hésitations dans les yeux de Charlie s'évanouirent, ne laissant que l'envie brûlante qui les avait poussés à se chercher.

Les doigts de Gabe effleurèrent doucement la joue de Charlie, traçant un chemin ardent le long de sa peau. Il sentit son pouls s'accélérer. Leurs lèvres étaient si près, si proches de se rencontrer dans un baiser qui semblait inévitable. Les secondes s'étiraient comme des éternités, comme si le premier qui oserait avancer ses lèvres aurait perdu.

«Gabe...»

Soudain, le bruit de la porte qui s'ouvre fracassa leur bulle et la réalité les frappa comme une douche froide, alors que Thomas les dévisageait tous les deux.

«C'est quoi ce putain bordel ???»

Untitled [Mature] {EN COURS}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant