Chapitre 14

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Charlie émergea du sommeil brusquement, alertée par une étrange présence qui semblait planer au-dessus d'elle. Les rayons matinaux, tels des doigts de lumière, perçaient à travers les rideaux entrebâillés, diffusant une douce lumière qui révélait peu à peu les contours familiers de sa chambre. Toutefois, la silhouette qui se tenait penchée au-dessus des deux femmes endormies demeurait une énigme.

Elle se crispa, resserrant la couverture autour d'elle comme si cette dernière s'était transformée en une forteresse impénétrable durant la nuit, prête à repousser tout intrus qui oserait pénétrer dans son sanctuaire.

La méfiance laissa place à la panique alors que son esprit imaginatif jouait avec l'idée d'un psychopathe en quête d'une proie facile. Ses pensées divaguèrent même jusqu'à envisager qu'Alex se révélait être un sinistre stalker qui avait attendu d'obtenir sa confiance pour découvrir son adresse et la tuer dans son sommeil. La raison de cette supposition était aussi nébuleuse que les ombres de la pièce.

Mais alors que Charlie clignait des yeux pour s'habituer à la lumière diurne, la silhouette se matérialisa et prit forme. Thomas était là, debout, à côté du lit. Un mélange de soulagement et de colère envahit la jeune femme, mêlé à une pointe d'exaspération.

«Putain, Thomas ! J'ai failli avoir une crise cardiaque ! Qu'est-ce que tu fous encore ici ?? Tu ne pourrais pas frapper à la porte comme tout le monde ?» lança-t-elle, son cœur battant la chamade.

De son côté, seul un tsunami pouvait réveiller Eli qui semblait émerger paisiblement. Elle grogna en se réveillant, prenant à peine conscience de la présence de Thomas.

«Salut le mégalo...», marmonna-t-elle la voix encore ensommeillée. «Tu pourrais faire preuve de plus de douceur au réveil des dames...», réussit-elle à articuler.

Thomas riposta avec son sarcasme qui était devenu habituel lorsqu'il parlait avec Eli. «Super, dès que t'en trouveras une, tu me le diras.»

Les deux se chamaillèrent comme à leur habitude depuis qu'ils se connaissaient, créant une cacophonie matinale qui n'était guère appréciée par Charlie. Avant son café, Eli pouvait se montrer ronchonne et désagréable. Et Thomas...Thomas était toujours un petit con.

À bout de patience, Charlie finit par envoyer son oreiller sur son frère pour le faire bouger. Thomas, prompt à réagir, et il faut le préciser, éveillé depuis plus longtemps que les deux femmes, attrapa l'oreiller sans effort.

«Doucement, Crapaud.», répliqua-t-il, «T'es bien agressive de bon matin.»

Charlie se laissa envahir par la frustration. «C'est peut-être parce que je n'ai pas eu de nouvelles de toi depuis plusieurs semaines, crétin !!»

Un geste de la main de Thomas balaya l'accusation de sa sœur. «Ouais, ouais.» dit-il, «Mais c'est mon anniversaire dans quelques jours, et Maman veut qu'on rentre à la maison pour l'occasion.»

Elle avait toujours détesté ce côté de sa personnalité. Ils se disputaient, et Thomas revenait quelques heures, jours ou semaines plus tard, la bouche en cœur, comme si rien ne s'était passé. C'était parfois une bonne chose quand Charlie n'avait pas envie de reparler de leurs querelles. Mais la situation était un peu différente.

Charlie, visiblement contrariée, ce qui était une habitude avec son frère ces derniers temps, ne put s'empêcher de lancer un reproche. «Et tu ne pouvais pas me dire ça au téléphone ?»

Le visage de Thomas devint plus sérieux. «J'ai essayé, mais tu n'as pas répondu hier.»

Un soudain remords saisit Charlie alors qu'elle se souvenait du message de Thomas qu'elle avait reçu la veille au soir et qu'elle avait délibérément ignoré. Elle s'en voulut d'être si rancunière. Cette visite impromptue aurait pu être évitée.

«Super...», marmonna-t-elle, sa colère se dissipant peu à peu.

Eli, toute excitée, et soudain totalement éveillée, ne put s'empêcher d'ajouter son grain de sel. «Je peux venir aussi ?»

Charlie et Thomas répondirent en même temps, mais leurs réponses étaient diamétralement opposées. Alors que Charlie avait affirmé d'un «oui» franc, Thomas, lui, refusa catégoriquement.

Eli, indifférente à la réponse de Thomas, réagit avec enthousiasme. «Cool, j'ai trop hâte de faire mes bagages !»

«Sale chieuse.» souffla Thomas.

«Sale mégalo !» répliqua Eli, toujours espiègle.

Après des soupirs respectifs, Thomas proposa à sa sœur de se rendre dans son appartement le lendemain soir, afin qu'ils puissent partir ensemble chez leurs parents le matin suivant. Charlie n'avait pas de voiture. Elle vivait au cœur de la ville et elle avait les transports en commun si cela était nécessaire. Thomas, en revanche, avait besoin d'une voiture étant donné que l'Université de Louisiane se trouvait à plus de deux heures en voiture de la Nouvelle-Orléans. Charlie n'avait jamais compris pourquoi son frère s'obstinait à vivre ici alors que sa vie serait bien plus simple s'il prenait un logement à Lafayette.

«Sérieusement, pourquoi faut-il qu'on retourne là-bas pour ton anniversaire ? T'es un grand garçon...» fit remarquer Charlie, exprimant sa perplexité.

Thomas, adoptant un ton plus sérieux, expliqua. «Oui, mais mon anniversaire tombe le jour du Columbus Day cette année ! De toute façon, on devra aussi y retourner pour Thanksgiving et Noël. C'est ça, la famille, Charlie.»

Eli se moqua gentiment de Thomas. «Le grand garçon à sa maman qui va avoir 25 ans.»

Thomas grogna en guise de réponse. «Je compte sur toi, Charlie.», ajouta-t-il avant de quitter l'appartement, laissant derrière lui une légère brise de résignation.

Eli se tourna vers Charlie, toute excitée à l'idée de rejoindre la famille Dubois, ce qui n'avait pas l'air d'être le cas de son amie, et s'exclama. «J'ai tellement entendu parler de cette maison ! J'ai hâte d'y être !!»

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Un peu court ce chapitre, mais y a du lourd qui arrive bientôt...😚😉🤭

Untitled [Mature] {EN COURS}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant